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Médecine militaire : « L’enjeu : avoir la confiance des soldats »

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L’école de santé des armées (ESA) de Lyon-Bron est la seule à former les futurs médecins, pharmaciens et vétérinaires des armées. Les candidats reçus suivent leurs cours à la faculté de médecine de Lyon, mais vivent et étudient sur un campus-internat dédié, avec l’équivalent d’une prépa intégrée en Paces. Mathilde, 24 ans, aspirant médecin en 6ème année, nous raconte ses études et pourquoi elle veut devenir médecin de régiment dans l’armée de terre.

-Comment avez-vous eu cette idée de devenir médecin des armées ?
-  Comme j’aimais bien les sciences, les calculs et les choses à apprendre par cœur, j’ai pensé assez tôt à faire médecine. Lorsque j’étais en 1ère, je suis tombée au CDI sur un livre qui présentait la carrière d’anesthésiste-réanimateur dans l’armée. Je me suis dit « Ah, on peut faire médecine dans l’armée, c’est chouette ! ». Ce livre montrait un métier dans lequel on pouvait voyager, venir en aide aux populations locales et avoir des missions très variées selon que l’on s’engageait dans la marine, dans l’armée de l’air ou de terre. L’idée de ne pas être établie pour toute ma carrière à un point fixe me plaisait. En 2011-2012, l’actualité internationale était moins marquée par les opérations extérieures et le terrorisme. On se rendait moins compte de la réalité sur le terrain, en Afghanistan par exemple. Mais de toutes façons, ça ne me faisait pas peur.

-Comment s’est passée votre préparation du concours d’entrée ?
-  D’abord, on est admissible à l’écrit puis on passe un oral. A mon époque, il y avait environ 400 admissibles pour 2500 candidats. Ce qui est compliqué, c’est de passer les écrits en avril de l’année de Terminale, avant d’avoir fini le programme. Il faut donc avoir la force mentale de s’avancer et une bonne capacité à apprendre les cours par cœur. J’ai commencé à travailler seule en janvier de l’année de Terminale et j’ai eu la chance de faire deux semaines de prépa à Toulouse. Cela m’a beaucoup aidée, surtout que ce qui est tombé au concours, on ne l’avait pas du tout abordé en Terminale ! Les résultats des écrits tombent avant le Bac et les oraux ont lieu juste après. Il y a trois oraux : physique, chimie et motivation. L’année où j’ai passé le concours, sur les 400 admissibles, 110 ont été reçus. L’entretien de motivation permet vraiment de faire la différence et de remonter beaucoup de places. Il y a aussi une liste d’attente ouverte jusqu’à début septembre.

-  Quelles sont les particularités de cette scolarité par rapport aux études de médecine « classiques » ?
-  La rentrée se fait le 6 aout, cela ampute un peu les vacances… On commence par un stage d’acculturation militaire de deux semaines. Puis on démarre la préparation Paces. La particularité de notre école est d’être un énorme campus-internat, avec des professeurs détachés de l’Education nationale présents tous les jours lors de notre 1ère année, pour nous aider. C’est comme une prépa privée intégrée ! Nous suivons les cours à la fac de médecine de Lyon. La différence avec les autres « Pacesiens » est notre lieu de vie et nos modules militaires, qui représentent en tout environ une année de formation en plus. Nous avons des stages obligatoires les deux premiers étés. Les étés suivants, c’est facultatif : on peut passer des brevets, par exemple de parachutisme ou de plongée. Nous passons les ECN comme les autres, à la différence que nous avons un deuxième classement à part.


-  Est-ce une scolarité difficile au niveau de la discipline ?

-  Oui, un peu, mais cela reste tout-à-fait vivable. En 1ère année, nous n’avons pas le droit de sortir de l’école, sauf le vendredi soir. On nous emmène à la Fac en bus et on a notre self sur le site de l’école. Nous sommes 2 par chambre et il n’y a pas grand-chose à faire à part travailler… Le cadre est rigoureux, mais quand on passe en 2ème année, la pression diminue un peu. Nous sommes environ 50% de filles-50% de garçons, voire un peu plus de filles ces derniers temps.


-  Les élèves de cette école sont rémunérés pendant leur scolarité ; cela a-t-il été l’une des raisons de votre orientation ?

-  Moi, pas du tout, je ne le savais même pas ! Mais je sais que pour certains, c’est attrayant, notamment lorsqu’ils ne peuvent pas financer un logement dans une ville universitaire. La contrepartie d’être rémunéré pendant les études, c’est que l’on doit environ 25 années d’exercice à l’armée ensuite. Autre information importante avant de s’engager : les carrières de médecin spécialiste sont beaucoup moins accessibles par l’ESA que par la voie classique.


-  Vous passez l’internat bientôt : que souhaitez-vous ?

-  J’aimerais faire de la médecine générale dans l’armée de terre. Il y a un grand déficit en médecins dans les régiments, certains tournent avec seulement 3 médecins sur 5. Avec l’augmentation des opérations extérieures, ce n’est plus vivable. En régiment, les matinées sont consacrées à des visites libres. Les soldats viennent consulter pour tous types de problèmes : traumatologie du sport, suivi de maladie, etc… L’après-midi, le médecin effectue les visites médicales périodiques, sorte de certificat d’aptitude à renouveler tous les deux ans. Toute la complexité de l’exercice en régiment est que les soldats peuvent consulter le médecin de leur choix dans le civil, ils ne sont pas obligés de consulter le médecin militaire. L’enjeu pour ce dernier est d’établir une relation de confiance avec les soldats. Avec « Sentinelles » et le rythme de travail actuel des soldats, le recrutement est plus compliqué, ainsi que la fidélisation des recrues. Un certain nombre d’entre eux souffrent de stress et de burn-out.


-  Y a-t-il une grande part de prise en charge psychologique en médecine militaire ?

-  J’ai fait un stage en septembre dernier dans lequel j’ai été surprise par le nombre de consultations où les soldats viennent juste pour parler, raconter leur expérience, ou pour évoquer des états de stress post-traumatique. Ceux qui partent tous les ans au Mali notamment restent marqués par ces missions. Toute la difficulté est de réussir à les faire parler, car au début ils vont se présenter comme si tout allait bien… Ce dialogue et cette proximité avec les patients me plaisent beaucoup et se perdent un peu à l’hôpital d’après ce que j’ai pu voir, à cause de l’obligation de rendement.


-  Souhaitez-vous exercer en France ou à l’étranger ?

-  La majorité des postes sont en France mais il y en a aussi dans les DOM-TOM (Mayotte, Martinique, Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie). J’ai beaucoup aimé mon stage dans le régiment des hélicoptères de combat. Les 3 régiments se trouvent à Pau, à Phalsbourg et à Etain, mais il y a peu de places en sortie d’internat. Dans l’armée de terre, il y a aussi les parachutistes, les transmissions, le train, la logistique… beaucoup de régiments différents. Je ne sais pas trop encore. Il me reste plusieurs stages d’internat avant de me décider.


-  Pensez-vous que cette carrière sera compliquée à concilier avec une vie de famille ?

-  Nous avons eu quelques conférenciers sur ce sujet, qui expliquaient que c’est assez délicat quand le conjoint ne travaille pas dans le même milieu. Cela peut être difficile de concevoir que nous sommes obligés de partir 4 mois par an en opérations extérieures et qu’il faut nous suivre lorsque nous mutons. Quand les deux conjoints sont médecins militaires, l’un et l’autre peuvent mettre leur carrière entre parenthèses à tour de rôle, pour essayer d’exercer dans des régiments assez proches. Il faut être prêt à faire beaucoup de concessions.


-  Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui veulent se lancer ?

-  Celui de bien réfléchir avant ! Actuellement, on voit beaucoup de jeunes qui s’engagent parce que c’est attrayant : de meilleurs taux de réussite en première année de médecine, un métier d’aventure, rémunéré pendant les études. Mais il faut bien réfléchir aux contraintes, notamment le fait de s’engager pour 25 ans et d’avoir un accès limité aux spécialités.


Pour en savoir plus :

Ecole de santé des armées

Les postes offerts aux concours de l’ESA

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  • Sophie Cousin
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