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L’interview du mois Jérémy Do Cao, président de l’Association des juniors en pédiatrie

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Vous voulez tout savoir sur la formation en pédiatrie ? Nouvelle maquette d’internat et FST, spécificités de la pédiatrie, rythme de travail, qualités requises, démographie de la spécialité et perspectives de carrière… Le président de l’Association des juniors en pédiatrie (AJP) vous donne tous les bons conseils, après avoir raconté son parcours.

-Pourquoi avez-vous choisi médecine et comment se sont passées vos études ?
-  J’ai toujours été intéressé par le soin et c’était une manière d’être utile dans la société. Et je dois avouer que je n’avais pas le courage de m’inscrire en prépa scientifique... Ma première année de médecine s’est plutôt bien passée, malgré toute la pression. C’était encore l’époque où l’on pouvait faire un peu n’importe quoi en amphi, les cours étaient pour moi une soupape. En dehors des cours, il fallait beaucoup étudier. Je faisais partie d’un groupe de révisions, mais je n’étais pas le plus à jour… j’ai quand même eu la « chance » d’être reçu du premier coup. Heureusement, ce calvaire n’a duré qu’un an pour moi. Je n’ai fait que travailler pendant un an mais comme tous mes amis de lycée étaient aussi en prépa, tout le monde était studieux, ce qui a sans doute permis de mieux la vivre.

-Et le choix de la pédiatrie ?
-  J’ai fait un stage de pédiatrie en tant qu’externe qui m’a beaucoup plu. Cela étant, quand je voyais les internes sortir de garde avec des cernes jusqu’aux genoux, je ne voulais pas devenir comme eux ! Je voyais bien qu’être pédiatre était un métier très prenant car on est souvent de garde, notamment aux urgences. Mais j’aimais beaucoup aller à l’hôpital pour voir des enfants. Les services pour adultes sont beaucoup plus déprimants, il y a beaucoup moins de vie. Les enfants, dès qu’ils n’ont pas mal et qu’ils n’ont rien pour les contrarier, s’en fichent d’être à l’hôpital et ils jouent. J’ai découvert lors de ce stage que l’hôpital pouvait aussi être un lieu de vie. Quand j’ai passé les ECN, je voulais une spécialité transversale et surtout ne pas m’enfermer dans une spécialité d’organes. J’ai hésité avec l’anesthésie-réanimation, mais mon classement ne m’a pas permis de l’avoir. La pédiatrie s’est imposée à moi et c’est tant mieux.

-Où en êtes-vous aujourd’hui ?
-  Je suis assistant spécialiste à Robert-Debré, dans une surspécialité : maladies métaboliques. Ce sont des maladies rares pour lesquelles il y a très peu de spécialistes. Les horaires sont très prenants : de 8h45 à 19h-21h tous les jours, avec pour moi des demi-gardes de 18h à minuit aux urgences, deux fois par mois. C’est un CDD de deux ans, renouvelable. L’assistant spécialiste n’a pas de rôle universitaire, à la différence du chef de clinique.

-Quelle évolution souhaiteriez-vous ensuite ?
-  Rien n’est figé. L’idéal pour moi serait de rester à l’hôpital dans ma spécialité, s’il y a un poste pour moi. Mais l’avantage de la pédiatrie, c’est que l’on peut s’installer en libéral quand on veut.

-Quelles sont selon vous les spécificités de la pédiatrie par rapport à d’autres spécialités ?
-  La pédiatrie, ça va de la prise en charge du nouveau-né prématuré à celle de l’adolescent qui peut présenter des problèmes de santé qui relèvent plus de la médecine adulte. La difficulté est d’avoir des bases solides dans tous les domaines car on voit toutes sortes de pathologies, notamment lors des gardes aux urgences. Heureusement, la pédiatrie est une spécialité où les seniors sont très présents.

-Quelles sont les qualités requises selon vous pour devenir le spécialiste de l’enfant et de l’adolescent ?
-  Il faut de la patience avec les enfants, pour être dans de bonnes conditions d’examen. Mais l’essentiel du métier de pédiatre, c’est quand même de rassurer les parents ! S’ils sont angoissés et posent beaucoup de questions, il faut savoir rester calme et se montrer rassurant. Pendant l’internat, il faut aussi savoir faire face à l’urgence et savoir dire lorsqu’on se sent dépassé. La saisonnalité joue beaucoup sur les gardes. En hiver, avec les bronchiolites et les gastro-entérites, les gardes sont clairement plus difficiles qu’en été.

-Comment est choisie la spécialité aux ECN ces dernières années ?
-  Tous les postes sont pris. Il y avait 333 postes ouverts en pédiatrie l’an dernier. Il devrait y en avoir quelques-uns en plus cette année. Les rangs de choix étaient l’an dernier de 96 à 6 141. Ce n’est pas la spécialité la plus choisie, mais pas la moins choisie non plus…

-Comment va la démographie de la spécialité ? Comment remédier au manque de pédiatres dans les centres villes ?
-  Il va y avoir un manque de pédiatres ces prochaines années, en raison des nombreux départs en retraite de pédiatres dans les 10-15 prochaines années : sur les 7 300 pédiatres actuellement en activité, 2460 ont actuellement plus de 50 ans (33% !). Ce sont des départs qui ne seront pas suffisamment compensés par l’arrivée de jeunes pédiatres. Comme en médecine générale, les jeunes ne s’installent pas tout de suite après l’internat et préfèrent faire des remplacements dans un premier temps. Il y aura beaucoup de postes hospitaliers à pourvoir, dans les CHU et les centres périphériques, dans les services de maternité/néonatologie. Déjà aujourd’hui, de nombreux centres périphériques fonctionnent avec des médecins intérimaires pour combler les trous dans les listes de garde.

-Faudrait-il former davantage de pédiatres ?
-  Oui, avec les enseignants de pédiatrie, nous y avons toujours été favorables. Mais il faut aussi que la formation reste adéquate. On ne peut pas former 40 000 pédiatres non plus… Il faudrait aussi améliorer la formation en post-internat et avoir une meilleure visibilité sur les postes de chef de clinique et d’assistant, et ce dans toutes les spécialités. Aucun organisme ne s’occupe de répertorier tous ces postes. Tout le monde pâtit de cette mauvaise visibilité. Lorsque certains postulent à plusieurs postes en même temps, ce jeu de domino peut mettre plusieurs services dans la panade. L’Isni avait émis des propositions pour améliorer cette visibilité. Il y a une autre inconnue dans la réforme du troisième cycle : ce sont les postes de docteurs juniors. Pour l’instant, on ne sait pas du tout comment ça va se passer, notamment pour la rémunération. Plus d’autonomie et de responsabilité entre l’internat et le post-internat, c’est une bonne chose a priori, mais il faut être sûr que le docteur junior ne sera pas un « faisant fonction d’assistant » sans la rémunération qui va avec.

-Quelles sont les formations de spécialité transversales (FST) accessibles en pédiatrie ? et en pratique, sur le terrain, y aura-t-il de la place pour tous les internes ?
-  La liste des FST accessible est très longue (*cf liste) comme il s’agit d’une spécialité transversale. La question est : est-ce que l’on forme des pédiatres généralistes ou des pédiatres surspécialisés ? Cela va dépendre de la façon dont s’organise la filière ces prochaines années, à savoir notamment : est-ce que le premier recours reste possible pour les pédiatres de ville ?
Il faut que les étudiants se mettent en tête qu’il n’y a pas forcément besoin d’une FST pour exercer le métier de pédiatre, c’est une spécialisation optionnelle. De toutes façons, tous les internes en pédiatrie n’auront pas de place en FST car le but n’est pas de former uniquement des surspécialistes. Il est toujours intéressant en ville d’avoir par exemple une formation de pneumo-pédiatrie, mais on ne pourra pas former tout le monde. Avant, avec le système des DU, c’étaient les enseignants qui contrôlaient les inscriptions. Maintenant, avec les FST, c’est le ministère qui va fixer le nombre de places dans chaque option, par rapport aux remontées régionales des commissions de pédiatrie et des ARS. J’ai l’impression qu’il va y avoir une certaine perte de contrôle de la profession sur ces surspécialisations.

-Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui veulent se lancer en pédiatrie ?
-  Je pense que la réforme de 2017, avec une année d’internat en plus (passage de 4 à 5 ans, avec 2 semestres de phase socle, 6 semestres de phase d’approfondissement, et un an de phase de consolidation) a été bénéfique. Moi-même, j’aurais bien aimé avoir deux semestres de formation en plus, il y a tellement de choses à apprendre… La pédiatrie est une spécialité passionnante mais il ne faut pas s’attendre à un internat facile. L’exercice est difficile et les contraintes risquent d’augmenter dans les prochaines années, avec davantage de gardes aux urgences et dans les maternités.

*Pour en savoir plus :
-  la maquette de l’internat et les FST accessibles ;
-  la démographie de la spécialité ;

Bio express :
-  2007-2008 : PCEM1 ;
-  novembre 2017 : élu président de l’AJP ;
-  8 octobre 2018 : soutenance de sa thèse « « Déficit en carnitine-acylcarnitine translocase : étude multicentrique nationale rétrospective et revue de la littérature. »
-  novembre 2018 : début de son internat en pédiatrie.

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  • Sophie Cousin
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