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Dr Emanuel Loeb, président de Jeunes Médecins : « Prendre le pouls de la communauté des jeunes médecins »

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Après son investissement à l’Isni et son internat en psychiatrie, il a pris la présidence de Jeunes Médecins, communauté souhaitant représenter l’ensemble des jeunes professionnels, toutes spécialités et tous modes d’exercice confondus. Revendiquant un fonctionnement plus transversal et participatif que les structures syndicales déjà installées dans le paysage, sa plateforme dématérialisée est déjà opérationnelle et l’adhésion gratuite.

-Pourquoi avoir choisi médecine et comment s’est passé le début de vos études ?
-  Au départ j’étais très intéressé par la recherche en biologie et sciences du vivant. Mais l’université pouvait représenter un risque de me perdre un peu dans mes études, j’avais besoin de davantage d’encadrement. J’ai choisi les études de médecine, non sans une certaine influence familiale puisque ma mère est pédiatre. Je n’ai pas trouvé les études de médecine particulièrement difficiles, contrairement à ce qu’on dit un peu partout… Mais j’étais à Necker avant la fusion des facs parisiennes et nous avions la chance d’être de petites promotions. J’ai adoré l’ambiance des amphis de médecine, de l’internat, des salles de garde. Lors de ma première première année, je n’ai pas fait grand-chose... Pour la deuxième, j’ai eu la chance de connaître l’existence du centre Laënnec, qui faisait un peu du tutorat avant l’heure. Sans ça, je pense que je n’aurais pas eu ma P1.

-Pourquoi la psychiatrie ? Et quel exercice envisagez-vous ?
-  Je n’avais pas envisagé cette spécialité au départ. Je n’étais pas très bien classé aux ECN, j’avais le choix entre médecine du travail, médecine générale, santé publique et psychiatrie. Comme je voulais faire de la recherche en neurosciences, j’ai opté pour la psychiatrie. Aujourd’hui, je prépare d’ailleurs ma thèse de sciences sur la recherche de biomarqueurs dans la dépression. Pour la suite, je ne sais pas trop encore… Je n’ai pas forcément la logique hospitalo-universitaire, je vais peut-être explorer d’autres univers. Le médecin de demain devra être polyvalent dans sa pratique, pratique qui devra aller au-delà du soin en raison de la révolution technologique en cours, qui concerne de très près la médecine et la recherche. Je pense que la médecine d’aujourd’hui regarde encore trop en arrière.

-A quand remonte votre engagement syndical ?
-  En tant qu’externe, je n’avais pas trop fait d’associatif. Quand je suis arrivé à la fac de Caen pour effectuer mon internat, j’avais la culture des salles de garde parisiennes et je suis rapidement devenu économe. A l’époque, l’association des internes traversait des difficultés financières et, comme nous avions des rentrées d’argent à l’économat, je me suis retrouvé un peu par hasard à gérer cette association. Progressivement, cette association est devenue le Syndicat des internes hospitaliers normands (SIHN) et a intégré l’Isni(H). Au local, je me suis beaucoup mobilisé contre la destruction de l’internat de Caen, et au niveau national, contre la Cnipi (Commission nationale de l’internat et du post-internat). En 2011, je suis devenu vice-président de l’Isni, puis président en 2012, au moment où l’Inter-syndicat était très mobilisé sur la question du temps de travail des internes et des réseaux de soins. Concernant le temps de travail, le décret du 10 août 2011 visait à mettre en conformité le statut des internes avec la législation européenne, avec un temps de temps de travail maximum de 48 heures par semaine, gardes comprises. Face à la non-application de ce texte dans de nombreux hôpitaux, les internes se sont mobilisés partout en France, ce qui a abouti à une grève générale à l’automne 2012. Nous avons obtenu, entre autres, que la question d’un temps de travail maximal soit réglementée et que le respect du repos de sécurité pour les internes progresse, ainsi que la revalorisation de leur rémunération. Enfin, il faut mettre sur le compte de la mobilisation des internes la préservation de l’indépendance médicale vis-à-vis des réseaux de soins. Les internes ont fait changer la loi !

-Pourquoi la création de Jeunes Médecins ? Comment cette structure se démarque-t-elle des syndicats et associations de jeunes médecins déjà existantes ?
-  Lorsque j’ai fini mon internat en 2015, j’ai constaté qu’il existait une vraie problématique de représentation et d’engagement des jeunes médecins. Ces derniers n’investissaient plus les structures syndicales, se désintéressaient de questions pourtant centrales pour leur avenir…à l’image de la démobilisation croissante des jeunes pour les questions politiques. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de créer une structure plus transversale et horizontale, qui ne soit pas un syndicat au sens vertical du terme. Jeunes Médecins n’est pas parti de rien. Cette nouvelle organisation communautaire, laïque et indépendante des partis politiques est partie de l’ISNCCA (Inter syndicat national des chefs de clinique et assistants) et du SCCAHP (Syndicat des chefs de clinique et assistants des hôpitaux de Paris). Elle veut représenter tous les jeunes médecins, quels que soient leur mode d’exercice et leur spécialité, à partir du moment où ils ont validé leur DES. Créer une communauté de jeunes médecins, voilà notre objectif. L’adhésion est gratuite. Nous avons créé une plate-forme dématérialisée, à travers laquelle nous souhaitons impulser une démocratie participative. Cette plate-forme propose déjà aujourd’hui de l’information ciblée pour les jeunes médecins, puis nous proposerons de l’aide aux remplacements, de l’aide à l’installation, etc. Les interactions sur cette plateforme vont nous permettre de prendre le pouls de la communauté des jeunes médecins et de repérer les thématiques qui les intéressent en priorité. Nous commençons déjà à réaliser des sondages, afin de nous positionner comme force de proposition auprès des ministères de tutelle sur les sujets d’avenir pour nous. Pour l’instant, nous avons environ un millier d’adhérents. Notre objectif à terme est de représenter 90% de notre tranche d’âge et de décliner Jeunes Médecins dans treize grandes régions (Ile-de-France et Hauts-de-France ont déjà une antenne régionale).

-Quelles sont les priorités de Jeunes Médecins pour les années à venir ?
-  Parmi les problématiques cruciales dont la jeune génération doit se saisir figurent en priorité : la dégradation de l’institution hospitalière publique, la marchandisation de l’offre de soins privée, le désengagement de l’Etat dans les régions, l’intervention de nouveaux acteurs du numérique (Gafa) dans le champ de la médecine et l’ubérisation de la santé. Nous voulons que les jeunes médecins s’emparent de toutes ces questions ! Via la plateforme, nous allons les encourager à se mobiliser pour la défense de leur profession et créer une sorte de vivier de jeunes professionnels qui auront envie de s’investir aux élections hospitalières, URPS et autres instances représentatives de la profession.

-Quel est votre avis concernant l’orientation actuelle de la réforme des études de santé ?
-  Je pense que la suppression du numerus clausus relève d’une logique électoraliste consistant à dire : « la France manque de médecins, ouvrons les vannes ! ». Mais qui croit vraiment que le contingentement va être supprimé à l’entrée dans les études de santé ? D’autres moyens vont être mis en place pour poursuivre ce contingentement. Si la véritable question était de créer des transversalités, il fallait créer un parcours licence pour tout le monde et non pas persister dans un système dérogatoire pour les UFR Santé. Nous sommes favorables à un parcours licence indifférencié pour tous, sur le modèle américain, donnant accès aux études de médecine via une sélection au niveau master. Au contraire, la « licence santé » proposée risque selon nous d’aboutir à une discrimination entre les universités et ne correspondra pas aux enjeux d’avenir des médecins, qui doivent travailler davantage en complémentarité avec les autres composantes de l’université hors santé.
Les précédentes réformes avaient permis une certaine homogénéisation des conditions de formation entre les différentes facultés de médecine. Je crains que ces conditions ne sortent dégradées de la réforme. Par ailleurs, la réforme du deuxième cycle est d’une opacité totale ! Le « parcours personnalisé » pour orienter les étudiants est la porte ouverte au copinage et à la cooptation. Il est évident qu’un étudiant issu d’un milieu social favorisé sera mieux informé sur le parcours à suivre pour obtenir le poste qu’il souhaite, comme on le voit dans l’orientation vers les grandes écoles.

-En quelles mesures croyez-vous pour résoudre le problème des déserts médicaux ?
-  La question centrale est celle de la répartition entre le nombre de médecins de premier et de second recours. Au lieu des 50%-50% actuels entre médecine générale et autres spécialités, nous proposons qu’au niveau du master, 70% du futur contingent des étudiants en médecine soit orienté vers la médecine générale ambulatoire, seule spécialité ambulatoire de premier recours, mais avec une « coloration » possible de son exercice vers différents types d’exercices ambulatoires comme la pédiatrie, la gynécologie, la psychiatrie ou autre. Le passage du DES de médecine générale de 3 à 4 ans de formation nous semble idéal pour acquérir cette « coloration », au gré des stages supplémentaires, mais elle pourra également avoir lieu tout au long du parcours professionnel. Cette nouvelle répartition sera beaucoup plus adaptée à la médecine de demain, au sein de pôles de santé ambulatoires, avec des infirmiers-ères de pratique avancée. Mais les étudiants ont du mal à se projeter aujourd’hui dans cette nouvelle organisation des soins, pourtant incontournable.

Bio express
-  2017 : DESC « Pharmacologie clinique et évaluation des thérapeutiques »
-  2016 : membre fondateur de l’association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues (AJPJA)
-  2015 : Docteur en médecine, spécialité psychiatrie. Thèse « Intérêt de la stimulation magnétique transcrânienne dans le traitement de la symptomatologie négative des patients schizophrènes »
-  2012-2014 : président de l’Inter-syndicat national des internes
-  2011-2012 : vice-président de l’Isni

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