logo remede logo remede
La 1ère Communauté Médicale
médecine - pharmacie - odontologie - maïeutique
M'identifier
Mot de passe oublié ?
Je me connecte

Vous n'êtes pas inscrit à l'annuaire des membres ? Inscrivez-vous

Construire aujourd’hui le monde solidaire de demain

partage mail facebook twitter linkedin
En cette période d’épidémie de coronavirus, une épidémie de solidarité a aussi eu lieu. Anne Laure, cofondatrice de l’association du Collectif Solidaire, nous explique son action et l’ampleur que cela a pris en très peu de temps pour le plus grand bonheur des soignants.

Peux-tu nous raconter comment le projet est né ?

Anne-Laure : C’est en réalité l’union de deux initiatives. Mon associé et moi-même, notre projet de restaurant à l’arrêt en raison du contexte actuel, nous voulions malgré tout soutenir les soignants car beaucoup nous faisaient remonter un besoin de repas sains, notamment la nuit quand tout est fermé.

Sur les réseaux dès le début, on a vu pas mal d’initiatives de personnes et de restaurateurs qui faisaient des dons, cuisinaient des gâteaux et des plats pour le personnel hospitalier. Pour faire perdurer et soutenir cette initiative, nous avons lancé, avec le soutien de plusieurs start-up, une collecte de fonds pour financer la livraison de repas aux soignants. Ainsi nous voulions permettre à tous de participer à notre action grâce à un don, limiter ainsi les interactions et construire une chaîne logistique pour tenir aussi longtemps que possible pendant cette épidémie aux côtés des soignants.

On a lancé officiellement une cagnotte sur Europe 1, le 20 mars. Très rapidement nous avons reçu de nombreuses demandes de soignants par mail pour l’Ile-de-France. En parallèle, nous nous sommes joints à une autre initiative de chefs confinés qui avait le même souhait que nous, soutenir. Nous avons pu ensuite fédérer de nombreux chefs, plus de 150 et nous avons reçu beaucoup de demandes de personnes souhaitant être bénévoles et se sentir utiles, une centaine au final. Enfin, grâce à nos partenaires, nous avons pu optimiser la logistique pour l’approvisionnement et la livraison et offrir plus de repas.

Quel est le travail du collectif aujourd’hui ?

Anne-Laure  : Trouver une solution aux demandes que nous recevons. Nous étions trois à traiter les demandes entrantes qui venaient d’Ile-de-France et parfois de plus loin encore. Ça fonctionnait ainsi : Sur la base des demandes reçues, on s’approvisionne auprès de Rungis et faisons livrer le tout dans un lieu où l’on regroupe nos achats et dons des partenaires. Un des cofondateurs, chefs de métiers et de nombreux bénévoles, tôt le matin, réceptionnent et répartissent le tout afin de créer des véritables épiceries ambulantes. Ces dernières livrent les chefs, chez eux, dans leurs cuisines ou laboratoires pour éviter qu’ils n’aient à se déplacer. En fin de journée, on empaquète tous les repas de manière individuelle, et vers 17h une autre tournée se met en place, pour livrer les plats dans les services hospitaliers.

Votre initiative a-t-elle été suivie ailleurs ?

Anne-Laure  : On a été contactés par des soignants indépendants du côté de Saint-Étienne et Bordeaux. Le nombre de patients dans leurs tournées augmentait fortement. Ils nous ont fait remonter leur manque de temps pour faire des courses notamment. Via une startup partenaire, nous leur avons fait bénéficier de la livraison de paniers prêts-à-cuisiner bios et équilibrés. Du côté de Limoges, une personne nous a sollicités pour créer une antenne du collectif solidaire. Elle a ainsi pu dupliquer l’organisation à Limoges avec son réseau sur place. Comme c’est une ville plus petite, elle a aussi pu soutenir les métiers supports, tels que les chauffeurs de bus, caissiers, etc. Solidaire avec tous.
Enfin du côté de Marseille, on soutient une autre association, « Gourméditerranée », qui compte plus de 70 chefs, dont des étoilés. L’association s’est mobilisée dès le début du confinement pour les soignants, et soutient en plus les personnes démunies ou particulièrement fragilisées par le confinement. Le collectif solidaire les aide pour la logistique et pour l’approvisionnement.

Nous étions surpris de pouvoir fédérer et aider autant. Nous avons reçu beaucoup de messages de soutien, des dons, partages sur les réseaux… et nous avons aussi bénéficié d’aides toutes aussi touchantes. De nombreuses personnes ont proposé des soins, des cours de yoga, confectionner des objets, vendre des photos et nous reverser leurs gains. Nous étions agréablement surpris de cet élan et cette créativité.

Comment faites-vous pour respecter les mesures barrières pour les personnes qui participent au collectif ?

Anne-Laure  : Nous avons pour les soignants choisi de livrer des repas en portion individuel pour éviter les contacts et faciliter la distribution entre les services. Nos chefs avaient eux l’habitude des gestes de sécurité et normes d’hygiène en cuisine et nous avons privilégié ceux qui avaient accès à des cuisines professionnelles. Aussi, nous demandions aux bénévoles de prendre leurs précautions, de livrer sans contact et de ne pas entrer dans les services mais plutôt assurer une livraison à l’extérieur du bâtiment. Des précautions nécessaires pour ne pas les mettre en danger d’autant que comme tout le monde les masques et gants ont pu nous manquer.

Comment cela a-t-il été perçu par les soignants ?

Anne-Laure  : Nous répondions à leurs mails, leurs messages Instagram. Quand on les rappelait pour leur confirmer que l’on pouvait les livrer, ils étaient aux anges, ravis pour leurs équipes. Nous venions les soulager, compléter le soutien proposé par leurs établissements.
Nous leur proposions de livrer des repas le soir. La nuit, à l’heure de leur pause, les cafétérias et selfs sont fermés, et les restaurants alentour aussi à cause du confinement. Ils nous disaient que l’accès à un repas équilibré était plus compliqué, c’est pourquoi nous ne livrons que le soir. Ils nous disaient au fil des semaines, qu’ils étaient épuisés et nous, nous ne leur apportions que des repas… Et puis, ils nous ont adressé des messages et photos de remerciements. C’était pratique pour eux. Toutefois beaucoup nous disaient que voir les bénévoles le soir livrer leurs repas, lire les petits messages des chefs, de savoir qu’il y avait des personnes à l’extérieur, qui se mobilisaient pour eux c’était touchant. C’était leur petite parenthèse au milieu d’un long service. Et ça, ça nous donnait des ailes.

On essayait de les surprendre, on contactait des marques et certaines nous ont contactés pour leur faire des petits cadeaux, des crèmes pour leurs mains abimées, sachets de thé, des chocolats. C’était symbolique finalement, se soutenir, s’entraider et ça leur faisait du bien et à tous les bénévoles aussi d’ailleurs.

Pouvez-vous nous donner quelques chiffres de vos actions ?

Anne-Laure : En Ile-de-France, une centaine de bénévoles nous ont apporté une aide précieuse, avec des profils différents, les gens se sont totalement réinventés. Plus de 150 chefs se sont portés volontaires. Nous livrions en moyenne 3 500 repas par soir sur Paris et proche banlieue. Au début 7 jours sur 7, mais ça demandait une organisation folle, donc pour ne pas trop solliciter les chefs et les bénévoles on est passé à 5 jours sur 7. Ce qui nous a permis de nous soulager d’un point de vue logistique. On a passé la barre des 60 000 repas livrés en 1 mois.
Tout ceci sans compter la belle action menée du côté de Limoges, ou en 15 jours avec 12 chefs mobilisés, ils ont livré plus de 500 repas ou du côté de Marseille où sont livrés chaque semaine plus de 500 repas par jour et plus de 1 000 paniers prêts-à-cuisiner livrés.

Voyez-vous un après pour le collectif solidaire ?

Anne-Laure  : Oui, la question de l’après s’est posée. Après le 11 mai, les chefs vont tenter de rouvrir leurs restaurants pour « sauver les meubles ». Nous aurons aussi, naturellement, moins de bénévoles. Nous même allons devoir reprendre en main nos projets professionnels ou activités. Les effectifs diminuent dans beaucoup d’hôpitaux et les administrations avec qui on a pu échanger, souhaitent que l’organisation revienne à la normale, ce que nous comprenons. Mais le collectif a vocation à vivre, nous avons créé l’association collectif solidaire pour cela. Nous avons encore quelques demandes, nous pourrons y répondre avec une activité réduite. Il faudra inventer la suite ensemble. On a des bénévoles et chefs qui sont encore motivés, qui souhaitent inscrire ces actions solidaires dans leurs habitudes.

Il y a tant à faire, de personnes à aider. Jusque-là, nous nous étions engagés auprès des soignants puisqu’ils étaient en première ligne, que c’était le message de notre collecte de fonds et qu’avec nos moyens nous devions nous concentrer sur une action et y apporter une réponse forte. Demain, sans oublier les soignants bien sûr, nous souhaitons venir en aide à tous et restons joignable par le mail : lesacteurssolidaire@gmail.com

Comment peut-on participer et vous aider ?

Anne-Laure — De plusieurs façons. Nous écrire pour être bénévole. Nous avons réussi à réunir une centaine de bénévoles jusque-là. Nous proposons des missions et chacun est libre de se porter volontaires ou de participer à notre collecte de fonds. Nous avons une collecte en ligne jusqu’au 18 mai sur le site Miimosa sur lequel de nombreux donateurs se sont mobilisés. Un photographe, une prof de yoga, une naturopathe nous ont proposé de nous reverser leurs gains. La Brasserie Toussaint participant au programme #AllTogether commercialise des bières et nous reverse une partie de leurs bénéfices. Nous sommes touchés que des initiatives naissent pour nous soutenir.

Avec l’association Collectif Solidaire, d’intérêt général, nous souhaitons rester mobilisé pour soutenir de nombreuses causes au-delà du 11 mai, il y a tant à faire. Pour nous soutenir, avec un don, proposer un partenariat, un espace, une cuisine, vous porter volontaire, n’hésitez pas à nous contacter directement : lesacteurssolidaires@gmail.com

Notre slogan c’est “Construire aujourd’hui le monde solidaire de demain”. Avec peu de moyens, tous unis autour d’une valeur, nous avons pu réaliser des choses qui semblaient impossibles. Donc demain si vous voulez agir, il y a plein d’actions qui peuvent être menées, avec nous ou d’autres associations, à votre échelle… il faut juste se lancer. Ça fait un bien fou !

partage mail facebook twitter linkedin
  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
Tags :
  • interview du mois
  • Top - ne pas manquer
  • hopital
livreslivrescontactspublicationstwitter