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Bertrand Boutillier - Médecin généraliste remplaçant - RENNES
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Janv. 07

Petites histoires de cystites

Publié le 07/01/07 13:48 - Modifié le 15/01/07 20:09
Laissez-moi vous raconter trois petites histoires …
Voici la première :

Il y a quelques jours, une sage-femme amène une amie de passage dans la région aux urgences gynécologiques. Elle cherche son interne préférée pour lui demander de voir cette dame. Elle, enceinte de quelques mois, présente tous les signes d’une cystite accompagnée maintenant d’une petite douleur lombaire naissante. La sage femme raconte le parcours du jour de la patiente à l’interne : « J’ai envoyé mon amie ce matin chez le généraliste, là où je consulte moi d’habitude. C’est les vacances, elle a vu le remplaçant. Il lui a fait faire une bandelette urinaire qui était utra positive : globules blancs, nitritres, sang, protéines … Et ben tu sais pas quoi ? Il lui a balancé une antibiothérapie sans lui demander d’ECBU ! L’après-midi mon amie a commencé à avoir une douleur lombaire droite et elle a retéléphoné au cabinet pour savoir ce qu’elle devait faire. Le remplaçant lui a même pas demandé si elle était fébrile ! Il a dit que ce n’était pas grave. Comme elle était un peu inquiète, elle m’a parlé de tout ça et bien sûr je te l’amène ». Situation fort ennuyeuse il est vrai ! Comment traiter cette patiente, comment obtenir le germe responsable de l’infection alors que l’antibiothérapie a été débutée ? Faut-il hospitaliser cette dame qui n’habite pas la région et qui devait retourner chez elle le lendemain ou sur lendemain ? Les sages-femmes se concertent, les internes qui passent par là se penchent aussi sur la question, on appelle l’interne d’urologie pour avoir son avis. A quand même, ce con de remplaçant, il a bien foutu sa merde. Si on ne le dit pas, on le pense très fortement.

Voilà pour cette petite histoire. Vous admettrez que j’ai vraiment des collègues généralistes qui n’ont aucune expérience et qui pour tout dire, ne méritent pas leur diplôme !

Passons maintenant à une seconde histoire :

Un jeune généraliste est en remplacement dans un cabinet péri urbain. En cette période de fêtes, pas mal de gens de passage consultent. Pas toujours évident de gérer les cas, surtout quand ils demandent des explorations complémentaires biologiques et que les résultats doivent suivre aux quatre coins de la France. Une femme enceinte se présente, elle a tous les signes cliniques d’une cystite. La bandelette urinaire réalisée montre des leucos, du sang, des protéines, pas de nitrites. La patiente n’est pas fébrile, elle n’a pas de douleur lombaire et la percussion n’est pas douloureuse. Visiblement c’est une cystite simple, qui nécessite ECBU puis traitement. La fin de semaine est proche, la patiente repart bientôt chez elle, et aucun labo ne réalisera l’identification du germe et son antibiogramme avant le début de la semaine suivante. Comment faire pour que ce résultat suive à l’autre bout de la France et que l’antibiothérapie soit adaptée sans délais ? Le généraliste demande à la patiente qui suit la grossesse. C’est une gynécologue de ville. Son nom et coordonnés sont indiquées sur la demande d’ECBU avec la mention « A faxer au Dr X, gynécologue à Z ». De toute façon, le cabinet où le remplaçant bosse aura aussi le résultat et le médecin titulaire, qui sera rentré de vacances, pourra également intervenir. Tout est bien défini. La patiente quitte le bureau, le remplaçant tend une fiche à la secrétaire : « Tenez j’ai quand même fait un dossier pour la dame de passage, c’est une femme enceinte, il faut être prudent ». La journée se passe, au milieu d’après-midi le téléphone sonne dans le bureau de consultation : « Madame X, la dame enceinte rappelle » . « Ok, passez-la-moi ».

« Docteur, j’ai une douleur lombaire, ca m’arrive parfois mais là avec l’infection … »

« Avez-vous fait votre analyse d’urine ? Avez-vous de la température ? »

« Oui c’est fait pour l’analyse et pour ma température, je n’en ai toujours pas »

« Bien, si vous avez le moindre doute sur la douleur qui monte, il faut consulter aux urgences gynécologiques car ici je ne pourrais rien faire de plus pour vous : il faut faire une prise de sang, échographie et peut être d’autres examens … »

La conversation se termine avec les politesses habituelles. Effectivement, les premiers résultats (HL, examen direct) de l’ECBU arrivent le soir même au cabinet par fax.

Comme quoi tous les remplaçants ne sont pas de gros mauvais ! Celui-là, contrairement à celui de notre première histoire, a bien fait son boulot !

Poursuivons par un troisième récit :

Un soir de fin de semaine, un couple se retrouve après le travail. Ce soir-là un petit repas rapide s’improvise par téléphone chez quelques amis. Sur le trajet, dans la voiture, chacun raconte ses petites histoires du jour. Lui est généraliste remplaçant, à part des grippes et des gastro, il n’a pas grand chose à raconter en cette période d’épidémie. Elle, par contre, reçoit tous les jours des patients vus par les collègues de son cher et tendre. Elle est interne de gynéco obstétrique et des bourdes dans le domaine, ils en font parfois de bonnes les généralistes ….

Faut il vraiment vous expliquer pourquoi, à un moment du trajet, la voiture s’est garée brutalement sur le coté ?

Elle avait vécu notre première histoire, lui la seconde, mais la patiente était bien la même.

Comment expliquer une telle transformation des choses ? Comment expliquer que d’une version à l’autre une analyse urinaire ait pu passer du statut « fait et résultats faxés » à celui de « examen même pas demandé » ?

Là dessus, il n’y aura sûrement jamais de réponse claire et ce n’est de toute façon pas le plus important.

La morale de cette histoire est ailleurs et l’on peut en tirer à mon avis plusieurs règles
* Il ne faut jamais tirer de conclusions hâtives sur un confrère et ses pratiques quand on ne le connaît pas personnellement. Toute histoire, même avec un seul intermédiaire, peut se transformer du tout au rien.
* Il faut toujours noter le maximum de choses sur les ordonnances et les dossiers, surtout dans les cas sensibles. Par exemple ici : « à débuter après analyse d’urine » sur la prescription d’antibiotiques.
* Il ne faut jamais croire que donner des passe-droits médicaux à ses amis fera qu’ils seront mieux pris en charge. Ici on a écouté la sage-femme (l’une des meilleurs de son équipe) au lieu de la patiente elle-même. Aucun tiers, même « médicalement autorisé » ou compétent, ne devrait prendre la parole à la place d’un patient.

Voilà donc ces petites histoires. J’espère que chacun saura s’en souvenir avant même d’agir ou de porter jugement.
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