En début de semaine, plus de 5000 étudiants ont passé un concours national qui décidera de leur carrière future. Qui sera spécialiste ? Dans quelle ville ? Dans quelle discipline ? Avec quelle possibilité pour que son couple ne soit pas séparé ? Autant de questions qui engagent une vie.
On aurait pu croire pour ce concours revivre le désagréable scénario de l’internat 2004 (concours très particulier s’il en est) où les postes disponibles n’avaient été publiés au Journal Officiel que le matin du début des épreuves. Et bien non ! Les épreuves sont maintenant terminées et personne ne sait pour l’heure pourquoi il a concouru à cette épreuve complètement naze.
Car c’est bien le second point qui depuis des années fait parler : ce concours (et son prédécesseur) est débile. Parfois avec des sujets ultra-spécialisés
[
1] ou, au contraire, complètement flous et imprécis. Il suffit d’avoir assisté à
quelques conférences post ENC pour voir l’opinion des correcteurs sur les épreuves : soit ils ne sont pas d’accord entre eux, soit ils en viennent même à se demander ce qu’ils devaient attendre comme réponses des étudiants à certaines questions.
Vraiment quel intérêt pour la médecine ? Quel intérêt pour 50% des étudiants, futurs praticiens spécialistes, qui n’entendront plus jamais parler de 95% de ce qu’ils ont ingurgité par bourrage de crâne. Quel intérêt pour les 50% d’autres qui seront généralistes, qui ne sont pas formés DU TOUT sur leur future pratique, et qui n’ont absolument pas besoin d’être aussi pointu sur tous les domaines ?
Bref, on a fabriqué là un joli mutant : un nouveau concours dont la seule avancée et de faire des facs des boîtes à ENC afin que leurs doyens respectifs puissent se gratifier de quelques statistiques avantageuses le jour des résultats. Tout le monde trinque dans ce système qui ne résout strictement rien aux problèmes qu’il était censé régler (revalorisation de la médecine générale, problème de démographie …) et dont la mise en application a même été d’une très grande risibilité …
Enfin, attendons sagement le petit décret qui nous donnera le nombre de postes pour ce concours …
Quelle situation méprisante pour la médecine et ses étudiants.
- [1] Faut-il vous rappeler le cas de Marfan chez la femme enceinte de 2003, exemple de cas dont les profs du diplôme universitaire de pathologies et grossesse avouent n’avoir jamais vu un exemplaire en plusieurs dizaines d’années de carrière …