La prise de tête continue sur Twitter.
Je n'ai pas envie de céder sur certaines choses.

Je suis assez horripilé par l'espèce de satisfecit qui règne autour du coup médiatique #PrivésDeDésert et de ce qui en découle.
Wahou c'est cool, wahoo, c'est 2.0. Les journalistes ne font toujours pas leur boulot et personne ne relève le moindre souci sur le sujet.
Savez vous qu'on apprend désormais à la fac de médecine la Lecture Critique d'Article ? Visiblement y'en a besoin !
Nous avons là un exemple magnifique de ce qui normalement ne passe pas : des propositions très engageantes pour la profession et les générations futures, le tout monté en épingle médiatique. Et personne ne soulève la moindre question sur les auteurs ? Est-ce que ces gens savent de quoi ils parlent ? Est-ce que ces gens savent même ce qu'est travailler en campagne ? Franchement on n'en sait rien. Tout le monde fait confiance à 21 pseudos twitter sur 24 personnes. C'est hallucinant. Et pour ceux dont on sait qui ils sont vraiment, on ne peut pas dire que leur exercice semble être source d'expérience sur le sujet ...

Mais ce n'est pas grave. C'est cool, les journalistes relayent, la ministre fait un sourire. C'est hallucinant.

Ces gens qui se présentent comme défenseurs d'une formation scientifique de qualité pour les jeunes confrères déboulent dans la vie publique à grand coup de buzz et de pseudos. Tout le monde justifie pour eux que ce n'est pas grave si on ne les connait que sous un pseudo et que personne ne sait vraiment s'ils savent de quoi ils parlent (on suppute qu'ils le savent parce qu'ils écrivent beaucoup en ligne). Je le redis c'est hallucinant et totalement opposé au regard qu'un scientifique devrait avoir sur ce genre de propositions : qui présente, sur quoi les auteurs basent-ils leurs propositions, sont-ils légitimes pour parler du sujet ...

Là rien ... le néant ... et ça marche ....

Alors tant pis s'il faut passer pour un con, mais je le dis : il est anormal qu'un groupe non identifié braque l'attention sur un sujet aussi important et soit relayé au niveau national comme s'il venait de découvrir le graal.
L'avenir de la médecine générale et de sa formation (c'est ce qui à la base me fait réagir sur le sujet, ne perdons pas ça de vue) vaut mieux que du 2.0 médiatique de niveau caniveaux.

Voilà, je termine juste en situant à nouveau le problème qui m'a fait réagir initialement. Je m'oppose catégoriquement au fait que comme le propose #PrivéDeDéserts il faille passer la moitié de son internat chez le MG pour être formé. L'argument est simple : un interne bien formé est un interne qui a accumulé de l'expérience sur des pathologies graves et/ou complexes qu'il ne verra que plutôt rarement lors de sa carrière. Un bon MG peut être mauvais sur des choses bénignes mais se doit d'avoir du nez pour repérer au milieu de la masse les cas ennuyeux. Pour ça, une seule solution, avoir accumulé un maximum d'expérience là où les cas sont nombreux : en milieu hospitalier ou comme un twittos le proposait, lors de stages chez certains spécialistes médicaux libéraux. La population fréquentant les cabinet de MG est bien trop diluée pour offrir une réelle formation à la détection (et au traitement si celui-ci peut être du recours du MG) des cas graves.
Pour le reste, le petit monde de la MG en fait tout un fromage : l'exercice du MG serait tellement particulier qu'il faudrait des mois et des mois pour en intégrer toutes les subtilités. Franchement, qui peut le plus peut le moins. On se demande quel type de population suivent certains pour y voir de si grandes spécificités ...
Tout cela ressemble fort dans la bouche des partisans à un fort besoin de reconnaissance. On s'étonne d'ailleurs qu'ils ne crient pas à l'abrogation du droit de remplacer en médecine générale après qqs semestres d'internat validés. Si la chose est si sensible, laisser des internes non formés seuls dans un cabinet est un vrai scandale sanitaire !
Enfin, pour en revenir à la place de l'interne dans les MUST proposées par #PrivésDeDéserts, c'est une nouvelle offre clef en main aux politiques pour faire du bouchage de désert sous couvert de formation par une population d'internes. Après l'Ordre, l'ANEMF, l'ISNAR-IMG, on n'avait pas besoin de ça ...