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Roman : de dealer à interne en médecine

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Roman est aujourd’hui interne en médecine. Il a eu un parcours semé d’embûches. Auteur de l’ouvrage « un parcours stupéfiant », il a bien voulu répondre aux questions de remede.org, sur ses difficultés, ses études de médecine et son avenir.

Est-ce tu peux nous expliquer ton parcours ?

J’ai grandi en Seine et Marne. J’ai d’abord eu une scolarité normale. En seconde j’ai eu quand même quelques difficultés scolaires, c’était difficile et je commençais déjà à « foutre un peu le bordel ». Je suis passé en première ES, mais c’est là que j’ai dérapé. J’ai commencé à sécher les cours, à vendre du shit et à en consommer chaque jour. Ce fut un tournant, j’avais à peine 17 ans et j’étais alors totalement déscolarisé. Je commençais à vendre de plus en plus de drogue, surtout après une bêtise que je voulais rembourser. C’est à la fin de cette même année que je me suis fait logiquement arrêter par la police. J’ai pris 3 mois de prison avec sursis.

Après cet épisode, j’ai décidé de faire un BEP cuisine, mais ça ne m’a pas plu. J’ai alors décidé de reprendre un cursus scolaire normal, je suis retourné en 1ère, et là encore ce fut à nouveau la dégringolade. Ce fut même encore plus violent, je suis tombé dans la cocaïne, l’alcool, j’ai aussi tenté la kétamine le LSD et j’en passe. Mais malgré ça j’ai réussi à avoir mon bac. L’année d’après, je n’ai rien choisi et j’ai même été recalé par l’armée. J’ai pris des cours de pilotage, mais à la 15e heure de cours, j’étais complètement déchiré, on a failli se crasher… j’ai donc arrêté.

D’où t’es venu l’idée de faire médecine ?
Elle est venue assez tard. Quand j’avais 20 ans, un pote m’a parlé et je me suis dit pourquoi pas tener. Je n’ai aucun médecin dans ma famille, donc ce n’était pas une évidence. Au bout d’un moment j’ai fait le bilan de ma vie. Est-ce que je voulais devenir dealer et finir en prison ou faire quelque chose qui a un sens ? J’ai décidé de me lancer dans des études de médecine.

Comment as-tu vécu ta Paces ?
En fait, je suis arrivé dans l’arène de la Paces sans savoir ce qui m’attendait vraiment. Lors du stage de pré-rentrée, j’ai fini 22 [1] sur 33. Là, je me suis clairement dit que j’étais mal barré. J’ai pris tous les cours en note, j’étais à fond, j’en avais mal au poignet. L’après-midi, quand je rentrais chez moi, je ne comprenais absolument rien à mes cours. Mais au bout d’un mois, j’ai commencé à avoir de bons classements aux colles. J’ai fini pour la première fois 15e sur 100, c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience de mes capacités. J’ai réussi du premier coup.

Il y a donc eu un déclic pour toi ?
C’est justement ce premier bon classement qui m’a alors fait penser que je pouvais y arriver. Au premier semestre j’ai fini 450e sur 3000. Je n’ai pas abandonné, au deuxième semestre je suis devenu une machine, je n’avais plus de sentiment, j’avais l’impression d’être devenu un disque dur.

Et ton stage infirmier alors ?
Je ne connaissais rien au monde hospitalier, c’était un sacré choc. Je ne parlais pas trop avec les gens, je n’y trouvais pas ma place. On m’a même conseillé de me réorienter. J’ai eu un rendez-vous avec le chef de service dès mon premier stage, j’avais la moitié des infirmiers qui était de mon côté et l’autre contre moi… ça commençait fort. Mais finalement je n’ai rien lâché. Et j’ai bien fait.

Comment s’est passé le reste de tes études de médecine ?
Les 3 premières années, c’était un peu les vacances. Je sortais, je jouais aux jeux vidéo, j’étais un peu en vacances prolongées. Avec tout ça, j’ai redoublé 3 fois pendant mon externat. Principalement à cause d’histoires de stage. En 4e année, c’est moi qui ai pris la décision de redoubler, je ne me sentais pas prêt.

Quelle spé as-tu choisie ?
Vers la fin de mon cursus, j’ai compris que c’était la médecine générale qui me correspondait. Je souhaiterais me spécialiser en addictologie.

Comment s’est passée ta rentrée en tant qu’interne ?
J’étais totalement flippé. Je commence par un stage aux urgences. J’avoue ne pas avoir bossé pendant les ECN, je n’étais clairement pas dans les meilleurs élèves, ce qui ne m’a pas donné beaucoup confiance. Les deux premiers jours, j’ai pensé que je n’y arriverai jamais. Mais aujourd’hui je suis super content. Les chefs sont super, ils nous aident, les gardes de nuit se passent bien et je peux enfin gérer des patients seul. Je suis content de ne pas avoir abandonné, ça vaut le coup. Je me souviens que pendant mon externat, je me demandais tous les matins, pourquoi je m’infligeais ça.

Que t’as apporté l’écriture ?
Depuis que j’ai révélé mon histoire dans la presse, j’ai fait plein de rencontres et je me sens enfin utile. Malgré toutes ces années gâchées, j’y trouve enfin une utilité. Je donne aujourd’hui des conférences, je transmets des messages sur la drogue, etc. Je n’aurais jamais pu imaginer ça. Les jeunes ont plein de questions quand je raconte ma vie. J’ai réussi à transformer tout ça en quelque chose de positif.

C’est à cause des mauvaises rencontres ?
La mauvaise rencontre c’était moi. J’étais souvent le moteur quand il s’agissait de faire des « conneries ».

Et tes parents dans tout ça ?
Je ne leur ai pas fait vivre des choses faciles. Mais aujourd’hui ils sont contents, ça se passe bien. Ils me souhaitent juste de réussir.

Quels conseils pour les Paces et les externes ?
Pour les Paces, si le premier semestre s’est bien passé, qu’ils persévèrent parce que rien n’est joué. Pour ceux qui commencent mal, ce n’est pas grave, il ne faut rien lâcher et toujours croire en soit. Il faut aussi s’entourer de gens motivés. Il est important de régulièrement s’évaluer, faire des séances d’exercices. Il faut aussi bien prendre les cours en note. Il faut bien manger, bien dormir, il faut avoir une hygiène de sportif, mentalement il faut être irréprochable. Je m’accordais une soirée par semaine, en général le vendredi soir.

Pour les étudiants plus âgés, je n’ai pas entendu un seul externe qui n’ait pas envisagé d’arrêter. L’externat est difficile. Aujourd’hui interne, je ne regrette absolument pas, je me sens bien dans mon métier, alors que je n’étais pas le meilleur. Je suis content d’être enfin autonome. Je ne pensais pas que je serais aussi épanoui.

Son livre : Un parcours stupéfiant — Éditions Michel Lafont.
Regardez une vidéo sur son parcours.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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