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Maltraitance en médecine, l’interne aussi est concerné

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L’externat prend fin. Vous avez eu la spécialité dont vous rêviez. Vous voilà enfin dans le feu de l’action. Mais l’aventure tourne vite au cauchemar, vous vous sentez perdu, sous pression, pas à la hauteur des attentes des patients. Mais pour couronner le tout, vos chefs s’acharnent, ne semblent pas comprendre votre désarroi et se montrent même violents verbalement, voire physiquement. Ce n’est pas la norme, mais cela reste le quotidien de certains internes.

Une humiliation constante

Il semblerait que certains chefs ont oublié qu’ils ont un jour été internes. Ce n’est pas un phénomène nouveau : les chefs pervers et sans pitié ont toujours existé et beaucoup d’internes en ont rencontré sur leur chemin. Mais ces pratiques d’un autre temps ne sont plus acceptables. Marjorie, qui ne souhaite pas dire son lieu de formation, a subi à de nombreuses reprises les remarques humiliantes ou sexistes de l’un de ses chefs : « Il lui arrive de dire que toutes mes prescriptions ne valent rien sans autres explications, que je suis inutile et un boulet pour le service, ou encore que je devrais changer de spécialité. Je suis rentrée très souvent en pleurs chez moi. » On peut se demander pourquoi s’infliger ça, mais Marjorie explique : « Je me dis que je ne suis dans ce stage que pour 6 mois, que je changerai bientôt et je n’ai pas envie de changer de spécialité. »

Même son de cloche pour Thibault, aujourd’hui chef de clinique en réanimation : « J’allais avec la boule au ventre en staff. Je savais que je me ferais humilier, que je me ferais assommer de questions auxquelles je ne pourrais pas répondre. Pour moi, ce fut un semestre blanc, je n’ai rien appris avec des humiliations devant les externes, devant les infirmiers et infirmières. Mais on accepte parce qu’on sait qu’on est de passage. » Son collègue a aussi le souvenir d’un semestre en anesthésie, ou une des chefs l’avait pris pour tête de Turc : « C’était extrêmement pervers. Au bloc rien n’allait. Mais je ne suis pas du genre à me laisser faire. Du coup elle inventait des retards, et allait jusqu’à rependre des rumeurs sur ma présumée incompétence auprès des autres médecins et des infirmiers. » Heureusement pour lui cela n’a pas joué sur sa formation : « Je pouvais me permettre d’aller en salle avec d’autres chefs, et je n’étais pas le premier à subir ça. Mais en raison de la pénurie de médecins dans ce petit hôpital, le chef de service m’a confié ne pas pouvoir la mettre à la porte. » C’est parfois encore plus compliqué quand c’est le chef de service lui-même qui est à l’origine de la maltraitance.

La violence physique
La violence auprès des internes prend parfois une autre dimension. La violence physique existe malheureusement. Les témoignages sont cependant compliqués à trouver, tant cette violence est taboue et les conséquences d’en parler pourraient être délétères pour une carrière. Samantha, aujourd’hui cancérologue, se souvient de la violence de son chef : « Il criait et pouvait se montrer violent, pas directement contre ses internes. Mais j’ai le souvenir qu’il lui arrivait de jeter à travers la chambre nos prescriptions, alors que le patient était présent. »

Cette violence est parfois directement tournée vers l’interne. Ce ne fut le cas de Yves*, qui ne souhaite pas donner son nom, ni sa spécialité exacte, en raison d’une procédure judiciaire en cours : « On sait bien qu’en chirurgie il faut toujours être au top. Mais le chef de service était un tyran, non seulement avec ses internes, mais aussi avec le reste du service. Je pouvais supporter les insultes, mais le jour où il m’a frappé en pleine intervention, ce fut le moment de trop. » Les répercutions d’une telle violence peuvent être importantes. Yves a aujourd’hui changé de spécialité et changé de ville, ce qui n’est pas permis à tous. Et tous ceux qui subissent cette violence n’osent pas toujours protester ou encore moins utiliser des recours juridiques par peur des conséquences.

Une formation qui en pâtit
Protester contre son ou sa chef, ne plus accepter cette violence verbale ou physique n’est pas chose aisée. Mais ne rien faire peut être lourd de conséquence. Psychologiquement d’abord, en raison des longues journées de travail, l’interne est déjà sous pression. Le besoin de bien faire, le fait d’être en apprentissage ou encore de ne pas être considéré pleinement comme un médecin contribue au mal-être de l’interne. Dans ce contexte de violence, la formation, qui devrait être une priorité est souvent mise aux oubliettes. L’interne fonctionne alors machinalement et ne pense qu’à la fin du semestre.

D’autres internes utilisent encore leur droit de remords, non pas par passion pour une autre spécialité, mais parce que des chefs tyranniques ont réussi à les dégouter d’une spécialité pour laquelle ils avaient tout donné. Il arrive que certains internes quittent la médecine pour rejoindre d’autres filières tant la pression était importante et la violence à leur encontre insupportable.

Il est indispensable que cela cesse, l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI), avec son nouveau président Gaëtan Casanova, a pris le problème à bras le corps. Il ne faut plus accepter de tels comportements, ne pas hésiter à les dénoncer et faire en sorte que l’internat soit la période de formation sereine qu’elle devrait être.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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