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Lila Bui : Cet équilibre médecine-karaté me définit

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Lila n’est pas une étudiante en médecine comme les autres. Originaire d’Annecy, Lila a réussi à pallier non sans mal ses études de médecine et le sport de haut niveau. Championne du monde de karaté, qui se pratique en famille, elle est aujourd’hui en 4e année de médecine à Dijon. Elle nous explique son parcours et ce que lui apporte le sport dans ses études.

Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Lila Bui, j’ai 24 ans, je suis originaire d’Annecy en Haute-Savoie, et je suis en 4e année de médecine à la faculté de Dijon. J’ai obtenu mon baccalauréat à l’âge de 17 ans, j’ai effectué un BTS diététique durant deux ans après mon bac et ai également obtenu mon diplôme d’État (DEJEPS) de karaté durant cette même période. Je me suis ensuite lancée dans les études de médecine à l’âge de 20 ans. Je pratique le karaté depuis l’âge de 5 ans, et je le pratique à haut niveau depuis mes 14 ans.

Pourquoi t’être lancée dans les études de médecine ?
J’ai toujours aimé le contact humain. Depuis toute petite, je savais que je ferais un métier au contact proche des autres. C’était pour moi une évidence d’exercer un métier où l’humain serait au centre de la réflexion.
Cependant, c’est assez tard que j’ai décidé de faire médecine. Je voulais exercer un métier dans le soin, mais j’avais beaucoup d’hésitation entre kinésithérapeute et médecine, notamment car la kiné se rapprochait beaucoup du suivi des sportifs. J’ai donc décidé de passer les deux concours. Admise pour les deux, lors des résultats, c’était une évidence : c’était la médecine, soigner et aider mon prochain.

Tu es championne du monde de karaté ? Comment as-tu vécu ce titre ?
Effectivement, c’est en 2015, à Jakarta en Indonésie, que j’ai été sacrée championne du monde par équipe. Ce titre me remémore beaucoup d’émotions, toutes aussi différentes les unes que les autres.
Tout d’abord, la fierté, le bonheur, devenir championne du monde, c’était une consécration, le but ultime de tout sportif. Nous avions travaillé tellement dur pour goûter à l’or, je ne pourrais pas exprimer la joie ressentie lorsque l’on nous a passé la médaille d’or autour du cou et que l’on a fait résonner la Marseillaise dans ce gymnase à Jakarta. Cela récompense de nombreuses heures, années de travail, et voir la fierté dans les yeux de toute ma famille était très émouvant.

Le physique a tenu toute la compétition ?
Je vais illustrer cela par un petit cas clinique. Mme B, âgée de 17 ans. Pas d’antécédents pathologiques. Elle est actuellement en compétition de karaté. La semaine dernière, elle a été en contact avec des enfants âgés de 7 ans en moyenne. Rash cutané, avec éruption vésiculeuse diffuse, prurigineuse. Fièvre à 38,5°. Maux de tête. Eh oui, saperlipopette, c’est bel et bien la varicelle… En pleins championnats du monde… Quelle était la probabilité pour que cela m’arrive ? Il était hors de question pour moi de baisser les bras, malade ou non, j’irai au bout de moi-même et de mes capacités. L’envie de gagner était encore plus présente, nous sommes malgré tout devenues championnes du monde ! Avec toutes ces années de recul, j’en ris, et c’est même un bon souvenir. La victoire est d’autant plus savoureuse que les obstacles étaient hauts.

Le karaté, c’est une histoire de famille ?
Mon papa, Jean-Luc, ma maman, Martine, et mes deux sœurs, Marie l’aînée, 28 ans et Maï-Linh la cadette, 15 ans, tout le monde porte le kimono à la maison.
En effet, notre père est professeur de karaté, et nous a transmis sa passion dès le plus jeune âge. C’est notre « Daddy Coach », comme ma petite sœur l’appelle. Marie et moi avons commencé le karaté à l’âge de 5 et 7 ans, et notre petite sœur est tombée dans le chaudron encore plus tôt, 2 ans et demi. C’est une véritable histoire de famille, nous avons tous grandi autour de ce sport, et nous avons vécu des moments incroyables tous ensemble. Mes sœurs et moi sommes très proches, dans la vie de tous les jours, comme sur les tatamis, et je pense que cette union fait notre force. Marie, ma grande sœur, a toujours été mon exemple, dans les études, comme au karaté. Pour la petite anecdote, Marie aussi fait des études de médecine, elle est actuellement interne en dernière année de médecine générale. Elle a toujours fait preuve d’une grande persévérance dans notre sport, et en 2011, en Malaisie, elle a été sacrée championne du Monde par équipe. Deux ans plus tard, en 2013, je foulais à mon tour les tatamis d’un championnat du monde pour en ramener le titre de vice-championne du monde, et en 2015, l’histoire se répétait, je devenais à mon tour championne du Monde, comme ma sœur 4 ans auparavant.
Ma petite sœur, Maï-Linh, a suivi nos pas, mais plus brillante encore. Elle devient pour la première fois championne de France à l’âge de 9 ans, et a décroché ce titre 5 fois par la suite. L’année dernière, elle est sélectionnée pour la première fois aux championnats d’Europe individuelle et nous ramène la médaille de bronze. Elle est actuellement la numéro 1 mondiale dans sa catégorie. À l’heure où je vous écris ces mots, elle s’apprête à prendre son envol pour Prague, pour disputer ses deuxièmes championnats d’Europe, en individuel, mais aussi en équipe ! Vous pouvez la suivre sur Instagram @mailinh.bui_
Il faut comprendre que je ne vais pas parler de moi sans d’abord vous parler de ma famille, mes parents, mes grands-parents, mon parrain et mes sœurs, mes moteurs au quotidien, sans qui rien de tout ce que j’ai vécu n’aurait été possible.

Arrives-tu à concilier les deux ?
Lorsque je suis rentrée en Paces, il y a quatre ans, je n’ai pas réussi à arrêter le karaté. Chez moi, c’est quelque chose de viscéral. J’étais en lice pour participer aux championnats du monde en individuel, et cette sélection représentait beaucoup pour moi. Ainsi, je me suis lancée dans ce double cursus un peu fou, alliant Paces et karaté à haut niveau. Après avoir décroché ma sélection et ramené une 7e place à ces championnats du monde, j’ai été sélectionnée aux championnats d’Europe en individuel ainsi qu’aux championnats d’Europe seniors par équipe aux côtés de ma sœur, où nous ramenons une belle médaille de bronze. Je ne vous cache donc pas que cette année a été particulièrement mouvementée, très réussie sur le plan sportif, mais, sans surprise, moins réussie sur le plan universitaire… C’est pourquoi j’ai décidé de quitter l’équipe de France fin 2018, afin d’être 100 % focus sur ma seconde Paces. À l’issue de cette année de Paces, j’ai décidé de ne pas tenter l’équipe de France à nouveau, car pour moi c’est une expérience que l’on doit vivre pleinement, et pour laquelle nous devons être prêts à être investis à 200 %. Je savais que mes études de médecine allaient me prendre beaucoup de temps, et je n’avais pas envie de faire les choses à moitié. Mais voilà, comme mes parents nous l’ont toujours dit à mes sœurs et moi, « La vie est faite de choix », et mon choix a été d’arrêter les compétitions internationales et de me focaliser sur les compétitions nationales afin de pouvoir me donner entièrement à cet équilibre médecine-karaté qui me définit.

Est-ce que tes études de médecine sont un frein à ta carrière dans le karaté ?
Je ne dirais pas que mes études ont été un frein à ma carrière dans le karaté, car pour moi, réussir le concours de médecine n’a pas été synonyme de rupture avec mon sport. Bien au contraire. J’ai continué le karaté au niveau national, et nous avons même réalisé de belles performances avec mon équipe de club, en remportant une dizaine de compétitions nationales. Le karaté fait mon équilibre. J’aime le fait de pouvoir m’échapper au cours des entraînements, et d’avoir encore des objectifs sportifs malgré mes études très chronophages. Je pense que mon sport m’aide beaucoup à être bien dans ma tête et dans mon corps.

Comment ton activité sportive est-elle perçue à l’hôpital ?
J’ai la chance d’avoir croisé sur ma route des personnes très compréhensives et aidantes, qui étaient à la fois enchantées par mon parcours, et qui ont pu m’aider parfois. Je dirais que mon activité sportive est plutôt bien perçue. Généralement, lorsque les personnes qui m’entourent apprennent pour mon double cursus, ils sont assez étonnés, et ensuite ils me demandent de leur raconter un peu mon parcours. Quelque part, ça crée des liens.

Est-ce que la pratique de ce sport t’aide au quotidien ?
Depuis toujours, le karaté rythme ma vie. Tout d’abord, cet art martial porte avec lui de nombreuses valeurs telles que le courage, le respect, l’humilité, la bonté, la sincérité et bien d’autres, qui nous sont enseignés tout au long de notre apprentissage. C’est une véritable école de vie.
En ce qui concerne le haut niveau, je pense sincèrement qu’au-delà des nombreuses médailles et titres remportés, les heures acharnées de travail précédant les compétitions nous apportent tout autant. Pour ma part, le sport de haut niveau m’a appris le dépassement de soi, le courage et la persévérance, qui m’aident au quotidien, et particulièrement dans mes études de médecine.

As-tu une idée de la spécialité que tu souhaites faire ?
Parmi les différents stages que j’ai pu réaliser l’année dernière ainsi que cette année, je peux dire que c’est en médecine générale que je me suis sentie la plus épanouie. En effet, je trouve que cette spécialité est très riche, de par la proximité que l’on peut avoir avec ses patients, j’adore le côté « médecin de famille » où l’on peut suivre plusieurs générations d’une même famille, et notamment chaque patient tout au long de sa vie. Une véritable relation de confiance s’installe entre le médecin généraliste et ses patients. De plus, je trouve que c’est une spécialité riche de diversité, où l’on peut être confronté à de multiples cas différents. J’aime également l’idée de pouvoir orienter son exercice comme on le désire, notamment en passant tel ou tel DU, et pouvoir ainsi un peu plus orienter sa patientèle. J’essaye cependant de rester ouverte aux autres spécialités, de m’intéresser à chaque stage dans lequel je suis formée, et de ne me fermer aucune porte. Je ne suis qu’en 4e année de médecine, il est parfois difficile de se projeter dans six ans !

Penses-tu pouvoir concilier le karaté et ton activité professionnelle ?
Bien entendu ! Comme je le disais, je pense que le karaté fait mon équilibre, et je ne suis pas près de m’arrêter ! Il faut savoir que ma passion pour le karaté s’est exprimée à haut niveau, en compétition, mais également dans l’enseignement ! J’ai obtenu mon diplôme d’État de Karaté (DEJEPS), et pendant de nombreuses années, j’ai aidé mon père à donner des cours au sein de notre club, le Annecy Dojo Karaté, et j’adore ça !
Je me vois bien plus tard, avoir mon cabinet de médecine à Annecy, aux côtés de ma sœur, et continuer à donner des cours de karaté au club, en fin de journée ou les week-ends ! On ne sait pas de quoi la vie est faite, mais j’adore cette perspective !

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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