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« Le pharmacien n’est pas un vendeur »

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Le métier de pharmacien a énormément évolué ces dernières décennies. Il avait autrefois pignon sur rue, on lui apportait les champignons issus de la cueillette automnale, il était un peu le centre névralgique du quartier. Mais la loi du marché et l’omniprésence des laboratoires incitent les pharmaciens à vendre toujours plus pour gagner plus. Les jeunes générations de pharmaciens refusent cette fatalité.

Cadeaux, voyages, chèques cadeaux, les laboratoires rivalisent d’ingéniosité pour faire vendre leurs produits. Ils incitent les pharmaciens à faire du chiffre sur ces « médicaments » dits : OTC (Over the Counter), parfois sans grande conviction sur leur efficacité. Un jeu auquel se prêtent les propriétaires de pharmacie, en mettant la pression sur leurs équipes, avec des objectifs de rentabilité toujours plus importants.

Le pharmacien « millionnaire »

Dans les années quatre-vingt, le pharmacien faisait partie des notables. Cette image a changé et n’est plus réservée qu’à une poignée d’entre eux, particulièrement les propriétaires des très grosses pharmacies qui engrangent plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année. La situation est beaucoup plus difficile pour les petites pharmacies, importantes sur le plan de la santé publique et qui doivent se battre chaque jour contre la menace de fermeture.

Au même titre que les clercs de notaires, les pharmaciens adjoints selon sont loin de gagner les mêmes sommes que les titulaires. Et l’écrasante majorité d’entre-deux gagnent un salaire correct, mais loin de l’image du pharmacien millionnaire. Cependant, si ces mêmes pharmaciens souhaitent gagner plus, la solution proposée est simple : vendre plus.

Une grille salariale à revoir
Les pharmaciens adjoints sont rémunérés selon une grille tarifaire. Le salaire évolue donc en fonction de l’ancienneté du pharmacien. Le coefficient 400, entre 3 et 6 ans de carrière, correspond à un salaire mensuel brut de 2 984 euros. Il existe des pharmacies qui proposent des salaires beaucoup moins importants, en promettant des primes selon les résultats. Des annonces fleurissent dans les agences spécialisées, avec des salaires qui sont parfois bien inférieurs au barème reconnu par la profession.

La question se pose donc de la transformation du métier de pharmacien. À quel moment le pharmacien est devenu un simple vendeur ? La formation exigeante en faculté de pharmacie forme chaque année des milliers de spécialistes. Les jeunes générations de pharmaciens refusent cette évolution et n’ont plus peur de la dénoncer.

Meilleur vendeur
Pour Julien*(prénom changé), pharmacien d’officine depuis deux ans, c’est un stress qu’il supporte de moins en moins : « Cela m’est de plus en plus insupportable de vendre des produits dont je ne crois même pas en l’efficacité. Les laboratoires nous attirent avec des cadeaux et nos titulaires avec des primes. Je n’ai pas fait un doctorat en pharmacie, des études de chimie pour ça. » Même son de cloche pour Sarah, pharmacienne dans la banlieue lyonnaise : « Pendant toutes nos études, on apprend à analyser les interactions médicamenteuses, la fabrication des médicaments, la chimie organique, mais clairement pas à vendre des produits cosmétiques ou des compléments alimentaires. »

Malheureusement cette situation est de plus en plus commune, surtout dans les grandes pharmacies qui sont capables de tirer les marges vers le bas, et donc de vendre un maximum de produits pour tirer de gros bénéfices. Pour Julien, les grosses pharmacies sont des « machines à cash  », il dénonce un système de notation des pharmaciens à la fin du mois où les meilleurs vendeurs sont récompensés. Il nous explique que certains sont même chronométrés pour être sûrs qu’ils ne discutent pas trop longtemps avec les patients. « Ce n’est pas la vision que j’ai de mon métier », ajoute-t-il.

Une véritable dérive
C’est donc une véritable dérive qui s’observe ici avec une dégradation du conseil pharmaceutique. Heureusement, cela n’est pas vraiment le cas dans les plus petites pharmacies qui doivent cependant vendre leurs produits plus chers. Il faut préciser que sur les médicaments, les marges sont très faibles, et tous les conseils dispensés par le pharmacien, toutes les étapes de vérification, ne sont pas ou peu rémunérées aujourd’hui.

L’accompagnement des malades chroniques, des personnes âgées, et des patients inquiets pour leur santé devrait pouvoir trouver une oreille attentive en poussant les portes d’une officine. Sarah explique : « J’ai parfois l’impression d’être une simple caissière avec un doctorat en poche, éviter le temps d’attente, mettre les médicaments dans un sac et encaisser… le métier a changé et je souhaite revenir au cœur de notre belle profession. »

Cela crée par ailleurs un véritable stress chez les officinaux, cette course effrénée à la rentabilité épuise les équipes et pousse de nombreux pharmaciens au burn-out. Dans une période où le nombre de pharmaciens baisse et/ou les besoins deviennent de plus en plus importants, il est essentiel de redonner du sens au métier.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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