logo remede logo remede
La 1ère Communauté Médicale
médecine - pharmacie - odontologie - maïeutique
M'identifier
Mot de passe oublié ?
Je me connecte

Vous n'êtes pas inscrit à l'annuaire des membres ? Inscrivez-vous

Interne de chirurgie : plus maladroit qu’autrefois ?

partage mail facebook twitter linkedin
La sélection des médecins en France ne se fait pas sur les capacités techniques à exercer une spécialité, mais sur une évaluation des connaissances purement théoriques. Si cela ne pose pas de problème pour de nombreuses spécialités, la chirurgie fait exception. Même son de cloche aux États-Unis où les chirurgiens s’inquiètent d’une baisse de la dextérité de leurs élèves. Mais est-ce le cas en France ?

Et si le manque de dextérité des jeunes générations de chirurgiens s’expliquait dès l’enfance ? Le travail de l’agilité se pratique effectivement dès l’enfance, la baisse de la quantité de cours pratiques tels que le dessin, la peinture ou la musique serait en cause dans la baisse de la dextérité des enfants. Ce qui aurait des conséquences à l’âge adulte. Cette capacité à maîtriser la motricité fine serait encore amputée avec l’utilisation d’écran, de téléphone ou de tablette tactile dès le plus jeune âge. Une baisse de la maîtrise qui continuerait de se faire sentir à l’âge adulte.

Cette baisse d’activité du temps pratique se retrouve par ailleurs aussi en faculté de médecine. La nécessité d’augmenter le nombre d’étudiants en médecine ne permet plus aux universités de consacrer suffisamment de temps aux travaux pratiques. Les étudiants en médecine se retrouvent donc internes sans avoir suffisamment manipulé le scalpel ou la pince Kocher.

Le droit du travail en cause ?

L’internat de chirurgie est réputé être l’un des plus difficiles. Très souvent, les internes réalisent des périodes d’astreinte d’une semaine entière, sans repos, alternant entre service de chirurgie et bloc opératoire. Outre-Atlantique comme en France, des mesures ont été prises pour tenter d’encadrer le temps de travail des internes. Mais aux États-Unis, depuis 2003, il est interdit de travailler plus de 80 h par semaine. Une avancée importante pour la qualité de vie des étudiants, mais qui n’est pas sans conséquence. Un article du New York Times estime d’ailleurs que cette limitation du temps de travail fait perdre à chaque interne l’équivalent d’une année de pratique.

Le Covid est aussi passé par là avec un grand nombre d’annulations de chirurgie, faisant perdre un ou deux semestres de formation. Ainsi, plusieurs promotions d’internes de chirurgie ont été impactées par cette baisse d’activité. Il est fort à parier que ce manque de pratique se fera ressentir dans l’habileté des jeunes chirurgiens.

La sélection à revoir ?

Enfin s’ajoute à cela un problème de sélection. En France, les médecins choisissent leurs spécialités à l’issue des épreuves classantes basées sur la théorie. A aucun moment, les étudiants ne sont sectionnés sur leur dextérité. Même si toutes les chirurgies ne nécessitent pas le même niveau de complexité ou de précision, même s’il est malgré tout possible d’acquérir la gestuelle à force de répétition sans être particulièrement doué initialement, de nombreux internes exercent leur droit aux remords et quitte la chirurgie sans avoir anticipé les qualités requises pour être chirurgien. Quand on interroge les internes, beaucoup se rendent compte que la chirurgie n’est pas une spécialité faite pour eux en raison du rythme de travail, du stress ou encore simplement de l’aspect manuel de la spécialité choisie.

La chirurgie fait partie aujourd’hui des spécialités les moins choisies par les étudiants en médecine. Chaque année, le classement nécessaire pour avoir une spécialité chirurgicale est de plus en plus bas. À titre d’exemple, en 2022, le dernier classé de chirurgie cardiaque et thoracique était dans les 5000e, le dernier classé de chirurgie orthopédique était dans les 6000e. Il serait intéressant de faire découvrir plus tôt le métier de chirurgien dans le cursus, ainsi que de réfléchir à l’amélioration de la qualité de vie au travail tout en garantissant une formation de qualité. Ce qui demandera sans doute de l’innovation pédagogique et la volonté de conserver une médecine de qualité.

partage mail facebook twitter linkedin
  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
Tags :
  • Top - ne pas manquer
  • internat_medecine
  • professionnels_medecine
  • chirurgie
livreslivrescontactspublicationstwitter