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EDN : Un nombre de redoublements jamais vu

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Encore une nouvelle conséquence de la réforme des ECN, le nombre de redoublements explose. Par peur d’être les victimes d’une réforme brutale, mal préparée, des étudiants font le choix de ne pas passer les EDN cette année, de sacrifier une année, avant de faire la spécialité de leur choix.

L’année 2023 sera l’année qui verra la fin ECN (Épreuves classantes nationales) après dix-neuf ans d’existence. Mais 2023, c’est aussi l’avènement des EDN (Épreuves dématérialisées nationales). Probablement la réforme du deuxième cycle des études de médecine la plus controversée et la plus contestée. Même si le processus d’évaluation par QCM et tablette est désormais au point, c’est le processus de notation qui pose problème. Il existe aujourd’hui des connaissances de rang A, B et C. Mais tous les collèges de spécialités ne sont pas d’accord sur les connaissances fondamentales que doit avoir tout médecin (rang A), les connaissances nécessaires pour un interne de spécialité de premier semestre (rang B), et les connaissances d’un spécialiste qui ne tomberont pas à l’examen (rang C).

Pour cela, il a été nécessaire de revoir tous les collèges, support indispensable pour l’apprentissage des étudiants en médecine. Plusieurs difficultés se sont alors succédé. Tout d’abord, tous les collèges d’enseignant n’ont pas réussi à mettre à jour en même temps les ouvrages de référence, source de confusion pour les étudiants. Autre problème, tout aussi important, des connaissances de rang A dans une spécialité sont parfois mentionnées comme des connaissances de rang B dans une autre spécialité. Face à la quantité énorme de connaissance que doit assimiler un étudiant en médecine, un tel flou rend ces études encore plus intenables.

Une notation qui manque de clarté

Pour avoir le droit de passer les Ecos et donc de passer en 6e année, il sera nécessaire d’obtenir la note minimale de 14/20. Pour ceux qui n’auraient pas réussi à obtenir un 14/20 aux connaissances de rang A, qui couvrent 70 % du programme, une seconde session des EDN sera organisée. Mais subtilité, et pas des moindres, cette cession ne sera pas organisée par le CNG mais par les universités, dans les mêmes conditions et avec les mêmes épreuves.

L’objectif de cette décision est de faire passer quoi qu’il arrive ces étudiants, le gouvernement ne pouvant pas se permettre de faire redoubler des milliers d’étudiants comme cela s’annonce. Pour complexifier la chose, s’ils réussissent cette seconde session et donc le droit de passer 6e année et de participer aux Ecos, ce sont bien les notes obtenues lors de la première session qui seront comptabilisées dans le classement final pour le choix de spécialité. En d’autre terme, seules les notes enregistrées auprès du CNG seront prises en compte. Les redoublants devront attendre une année pour se réinscrire en 6e année.

La sensation d’être mal formé

Cette réforme implique que les connaissances nécessaires pour être un bon médecin soient assimilables en seulement 5 années de médecine au lieu de 6. La sixième année étant consacrée aux épreuves orales. Pour les étudiants, il est difficile de n’apprendre qu’une partie des connaissances et d’en éliminer une autre, en effet ces connaissances sont toutes interconnectées, et une sélection peut parfois sembler arbitraire pour les étudiants. Beaucoup s’en plaignent d’ailleurs, et ne comprennent pas la logique derrière la sélection des connaissances.

Pour les étudiants les plus sérieux, cette année en moins ne semble pas leur donner l’opportunité d’assimiler tout le programme. Nombre d’entre eux craignent de ne pas être au niveau une fois interne. Quand on connaît l’exigence que nécessite le métier de médecin, la pression que subissent ces étudiants dès la première année, il est tout à fait compréhensible que ces étudiants souhaitent ne rien laisser au hasard. C’est pourquoi beaucoup font le choix de redoubler pour être certain d’avoir des connaissances solides afin d’exercer sereinement leur métier.

Une génération en déficit

Selon les promotions, les premiers chiffres annoncés font froid dans le dos. Cela concernerait entre 1/4 et 1/3 des promotions qui souhaiteraient redoubler. Ce qui aurait des conséquences désastreuses non seulement pour la démographie médicale, mais aussi pour l’organisation de la formation pour les universités.

Si l’on parle de plusieurs milliers d’étudiants, ce seront plusieurs milliers de médecins qui manqueront à l’appel dans 5 ou 6 ans. Même si cela est compensé l’année d’après, c’est toute l’organisation de l’hôpital français, qui repose en grande partie sur ces internes, qui sera alors chamboulée. Il est fort à parier que le ministère de la Santé et celui de l’Enseignement et de la Recherche n’avaient pas anticipé une telle conséquence de la réforme. À cela s’ajoute l’impossibilité pour les universités de gonfler les effectifs d’externes de plusieurs milliers d’étudiants sur une année. Il est absolument impossible pour les hôpitaux aujourd’hui de garantir une formation de qualité pour autant d’externes. Cette impossibilité pour les universités d’accueillir plus d’étudiants explique la quasi-absence d’efficacité de l’abrogation du numerus clausus aujourd’hui.

De très nombreux étudiants ont déjà exprimé leur souhait définitif de redoubler cette année, le nombre précis est encore inconnu, et il semble que les textes officiels ne permettent pas de les en empêcher. Même si les universités avaient pour consigne de faire passer tous les étudiants ayant obtenu la note inférieure à 14 sur 20, cela ne permettrait probablement pas de combler tous les effectifs d’internes nécessaires au bon fonctionnement des services. Cette réforme semble nous réserver encore quelques surprises.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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