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Claire : « la médecine du travail a énormément évolué »

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Claire a obtenu un classement qui lui laissait le choix parmi de nombreuses spécialités, comme la cardiologie, l’hépato-gastro ou des spécialités chirurgicales. Mais c’est à la médecine du travail que Claire se destine. Étudiante brillante, elle explique à remede.org, avec passion ses études et son choix pour la médecine du travail.

Remede.org - Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Claire - J’ai obtenu mon bac S, avec mention très bien, en Île-de-France puis j’ai déménagé à Lille pour débuter mes études médicales, à l’Université Catholique. J’ai passé mon concours de PACES à deux reprises, je n’avais pas la méthode de travail adéquate durant la première année. En D1, j’ai eu la chance en D1 de suivre une unité d’enseignement en médecine militaire, ce qui a été très bénéfique pour mon approche de la médecine d’urgence par la suite.

Remede.org - Pourquoi as-tu choisi de faire médecine ?
La médecine a toujours été une évidence dès mon plus jeune âge. C’est un métier qui permet d’exprimer son empathie et son humanisme au quotidien. Cela donne du sens à ma vie en soignant les gens, en soulageant leur souffrance, et en les accompagnant dans les moments difficiles. Je souhaitais également comprendre le fonctionnement de cette machinerie incroyable qu’est le corps humain.

Remede.org - Comment se sont passées tes études en médecine ? Pire et meilleur souvenir ?
Ce sont des études réputées difficiles, et à juste titre. Il faut admettre qu’elles sont éprouvantes et intenses. L’esprit de compagnonnage et l’encadrement bienveillant de ma fac m’ont beaucoup aidé à dépasser les périodes de doute ou de découragement. Le sentiment d’échec que j’ai ressenti en PACES, s’est transformé en challenge lors de la deuxième tentative. J’ai fini 7e au concours cette année-là et ça m’a permis de garder à l’esprit, tout au long de mon cursus, que derrière un mal se cache souvent un bien. Mon externat a été marqué par le fait que j’aie décidé de redoubler ma D2. J’avais en effet la désagréable impression de ne pas assez maîtriser les bases théoriques. J’ai vécu la suite de mon externat plus sereinement et je n’ai jamais regretté cette décision. En effet, cela m’a permis d’élargir mes terrains de stages hospitaliers et donc de découvrir de nombreuses spécialités pour mûrir mon choix final. C’était aussi très gratifiant d’être enfin en mesure d’assembler les connaissances entre elles efficacement.
Le pire souvenir que je garde de mes études en médecine correspond à une garde effectuée au SMUR au cours de laquelle j’ai été confrontée à la mort. La régulation du SAMU nous a envoyés en mission primaire pour secourir un patient en arrêt cardio-respiratoire. Malheureusement, malgré les manœuvres de réa, il est décédé. J’ai ressenti beaucoup d’impuissance et de tristesse face à cette situation, d’autant plus en voyant le désespoir de sa famille qui se trouvait sur les lieux. Être médecin c’est aussi parfois savoir accepter les limites de sa pratique et rester humble.
Mon meilleur souvenir est lié à une garde aux urgences. Ce soir-là, une patiente en situation précaire, prise en charge pour une fièvre non étiquetée, pleurait tandis que l’équipe en effectif réduit était débordée par l’afflux massif de patients. J’ai passé de longues minutes auprès d’elle pour tenter de comprendre sa situation et elle a fini par me confier qu’elle pleurait en fait de douleur. Mais à partir du moment où notre échange a débuté, elle m’a affirmé par la suite que sa douleur s’était considérablement amendée. Elle m’a remercié pour mon écoute et ça m’a fait chaud au cœur. Je me suis rendu compte que soulager la douleur ne résidait pas seulement dans la prescription d’antalgiques, et qu’une oreille attentive était indispensable.

Remede.org - Comment as-tu vécu les ECNi ?
J’ai paradoxalement bien vécu les ECNi, car mon choix de spécialité était déjà fait depuis quelques mois dans ma tête. Cela dit, l’année de la D4 paraît longue et fastidieuse. Je ressentais une fatigue intellectuelle et la charge de travail me donnait un sentiment de culpabilité lors de mes moments de détente. Je voulais absolument donner le meilleur de moi-même pour être fière quoiqu’il advienne. Je me suis efforcée de garder une vie personnelle équilibrée en voyant mes proches régulièrement et en me consacrant à mes deux passions, l’écriture et la cuisine. Il m’apparaissait primordial de garder un cocon réconfortant dans lequel puiser la motivation et l’apaisement.

Remede.org - Quand as-tu fait le choix de la spécialité médecine du travail ? As-tu hésité avec d’autres spécialités ?
Je pense que c’est un choix qui s’est dessiné et affirmé progressivement. Avec les années d’externat, mes aspirations ont évolué. Au début, j’étais très attirée par l’imagerie médicale et la médecine nucléaire. Deux spécialités très axées sur l’anatomie et les progrès techniques. Puis je me suis interrogée sur les spécialités un peu oubliées. D’abord par curiosité. Puis pour comprendre le désamour de nombreux internes concernant ces spécialités. C’est réellement en début de D4 qu’a grandi mon intérêt pour la médecine du travail. J’ai trouvé les cours théoriques très intéressants et à la croisée de plusieurs domaines comme la psychologie, le social ou bien encore la prévention. Ma décision a été prise définitivement en décembre dernier. Les ECNi n’ont rien changé à cette décision qui était ferme et réfléchie depuis un moment.

Remede.org - Pourquoi avoir choisi cette spécialité ?
La médecine du travail a énormément évolué, en parallèle de la transformation du monde du travail. Elle revêt un caractère multidimensionnel, avec la grande variété des emplois actuels et l’importance de la promotion de la santé au travail. Le vieillissement de la population active et la précarisation du travail renforcent véritablement le risque de désinsertion professionnelle. La chronicisation des maladies rend essentielle la coordination entre le médecin du travail et les médecins impliqués dans le parcours de soin. Pour prendre en charge un patient dans une démarche holistique, on ne peut pas délaisser la sphère professionnelle, puisque le travail représente environ un tiers de la journée d’un actif. Le rôle du médecin du travail est d’assurer au mieux le maintien dans l’emploi, de prévenir la souffrance psychique et physique au travail. C’est pour cela que la médecine du travail met l’accent sur la prévention des risques professionnels comme les risques psychosociaux (burnout, syndrome dépressif, etc.) ou les troubles musculo-squelettiques par exemple, en recrudescence, qui deviennent un réel enjeu. Ce sont toutes ces raisons qui ont motivé mon choix pour cette spécialité encore trop délaissée.
Choisir la médecine du travail était aussi pour moi le gage d’un équilibre entre une carrière passionnante, au contact de salariés avec des pathologies variées, parfois rares, et une vie de famille épanouie.
Par ailleurs, il existe plusieurs débouchés. Une carrière hospitalière est possible, de même que dans la fonction publique. On peut également exercer avec le statut de salarié dans un service de santé au travail inter-entreprises, ou bien encore dans un service autonome au sein d’une unique entreprise. Le recrutement est très important dans ce domaine.

Remede.org - Quelles ont été les réactions de ton entourage devant ton classement et ton choix de spécialité ?
Mes proches ont été très heureux de mon classement, car c’était l’aboutissement de plusieurs années de travail. Certains proches ont d’abord été surpris par mon choix de spécialité, ne comprenant pas, à première vue, les motivations qui se cachaient derrière, et me suggérant de bien réfléchir par crainte que je regrette ensuite mon choix. Mais au fil des discussions, la plupart ont changé leur regard sur la médecine du travail et je me suis rendu compte qu’en fait, nombre d’entre eux ne connaissaient pas vraiment le rôle d’un médecin du travail. C’est ce qui suscite, à mon avis, très souvent l’incompréhension : la méconnaissance de cette profession et de son exercice pourtant extrêmement polyvalent.

Remede.org - Pourquoi la médecine du travail est encore trop peu choisie aux ECN ? Comment faire connaître la spécialité selon toi ?
C’est une spécialité qui reste assez obscure durant l’externat, car elle est peu abordée et il existe peu de terrains de stage proposés aux externes, notamment en province. Beaucoup pensent que le médecin du travail n’a pas de droit de prescription, ce qui est faux. Choisir la médecine du travail demande une démarche personnelle pour contacter des référents et se renseigner sur sa pratique. Pour ma part, j’ai effectué pendant l’été post-D4 un stage de découverte d’une semaine au sein d’un service de santé au travail inter-entreprises. Cette expérience a été très bénéfique et m’a permis de valider mon choix, j’ai pu vivre une immersion dans le quotidien d’un médecin du travail et découvrir ses missions.
Pour faire connaître davantage cette spécialité, il faudrait sans doute l’aborder plus tôt dans le cursus de l’externat et proposer plus de terrains de stage. On côtoie peu les médecins du travail lorsque l’on est externe et très souvent l’image que l’on a de cette spécialité est floue, voire erronée.
La médecine du travail est en pleine restructuration depuis les dernières réformes. Elle évolue vers des missions de veille sanitaire et d’épidémiologie. De plus, être médecin du travail c’est aussi intégrer une équipe pluridisciplinaire, composée d’IDE, d’ergonomes, d’assistants de santé au travail, de psychologues du travail, d’assistantes sociales, etc. Sa pratique requiert des compétences variées telles que l’addictologie, l’allergologie ou la toxicologie par exemple.

Remede.org - Peux-tu nous rappeler la maquette de médecine du travail ?
Le D.E.S. de médecine du travail s’obtient après 4 ans d’internat, avec 5 semestres propres à la médecine du travail et 3 semestres à réaliser dans des spécialités comme la psychiatrie ou la rhumatologie. Il existe aussi désormais la possibilité de compléter l’internat en médecine du travail par une FST au cours de 2 semestres supplémentaires en médecine du sport, allergologie, addictologie ou douleur par exemple.

Remede.org - Comment se sont passés tes premiers pas en tant qu’interne ?
J’ai débuté la phase socle de mon internat au sein d’un service de santé au travail dans la fonction publique hospitalière. J’ai eu droit à un accueil chaleureux dès les premiers jours et je travaille avec une équipe pédagogue et désireuse de m’intégrer. C’est une nouvelle vie qui commence, avec des cours hebdomadaires sur le monde du travail et sa législation.

Remede.org - Un conseil pour les futurs internes pour choisir leur spé ?
Chacun a des attentes différentes pour la suite de son exercice professionnel. Je pense que l’essentiel est de choisir une spécialité qui fasse vibrer et qui soit compatible avec le quotidien que l’on souhaite avoir. Je conseille bien entendu aux futurs internes de ne pas hésiter à contacter dès à présent les référents des spécialités qui les attirent afin d’élaborer leur projet post-ECN. Pour la médecine du travail, ils peuvent notamment se rapprocher de l’ANIMT (Association Nationale des Internes en Médecine du Travail). Ne pas oublier qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise spécialité. Le principal c’est de ne pas être impacté par ce que pensent les autres de ce choix personnel, de rester fidèle à soi-même et à ses envies, tout en se projetant dans l’avenir.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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