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Assistant médical : que sera ce nouveau métier ?

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En septembre dernier, Emmanuel Macron annonçait la création et le financement d’ici à 2022 de 4 000 postes d’assistants médicaux, destinés à « décharger les médecins d’actes qui peuvent être faits par d’autres ». Objectif : libérer du temps médical. Quelles seront les missions et la formation de ces assistants ? Et sur le terrain, ce métier existe-t-il déjà en France ou à l’étranger ? Le point.

« Depuis quatre ou cinq ans, nous avions cette idée de faciliter l’exercice au quotidien des médecins généralistes en mettant à leur disposition des fonctions support, dans la lignée du dispositif Azalée. Il y a urgence à agir : si on ne met pas en place rapidement ces fonctions dans certaines zones géographiques sous-dotées, des médecins généralistes vont bientôt mettre la clé sous la porte », indique le Dr Margot Bayart, vice-présidente du syndicat MG-France. Concernant les missions qui pourraient être confiées à l’assistant médical, une certaine unanimité se dégage :
-  volet administratif : collecte des résultats d’examens, traçabilité des tests de dépistage et de vaccination, etc. tous les éléments qui vont permettre la bonne tenue des dossiers patients ;
-  aide au médecin généraliste lors de ses consultations, en fonction des besoins : déshabiller le patient, le peser, prendre sa tension, sa température, réaliser un streptotest ou un électrocardiogramme si besoin ;
-  accompagnement du parcours du patient : prise de RDV chez le spécialiste et/ou pour des examens, coordination pour les hospitalisations, etc.
Ce type d’assistants existe déjà en dentaire, orthoptie, radiologie et ophtalmologie. Des missions qui vont bien au-delà des missions actuelles des secrétaires médicaux. « Aujourd’hui, dans les cabinets de médecine générale, les secrétaires sont débordées. Elles n’ont pas du tout le temps de se pencher sur les dossiers, elles sont rivées au téléphone, même avec le développement de la prise de rendez-vous sur Internet… », indique le Dr Bayart.

Quelle formation ?
« Nous sommes partis du modèle de l’assistant dentaire : un niveau bac+2 avec des modules de formation complémentaires, à la stérilisation par exemple », indique le Dr Bayart.
Pour la mise en place des premiers assistants dentaires sur le terrain, dès janvier 2019, il faudra bien partir d’une base de formation déjà existante -celle des secrétaires médicaux ou des aides-soignants- étant donné que les délais sont très courts. Ensuite, devrait être prévue la création d’un nouveau métier destiné aux jeunes, en formation initiale.
En revanche, le profil d’infirmier n’est pas envisagé pour ce nouveau métier. Les instances représentatives de la profession infirmière ont d’ailleurs fait savoir, ces derniers mois, que les compétences demandées aux assistants médicaux n’étaient pas comparables à celles des infirmiers.
« Est-ce que ça sera une formation initiale ou une formation complémentaire pour des professionnels déjà formés qui deviennent assistant médical en pratique avancée, par exemple des aides-soignants ? Il est trop tôt pour pouvoir le dire… Il ne s’agira pas d’infirmiers de formation initiale, dont les compétences vont au-delà de celles envisagées pour ces assistants médicaux. Il semble plutôt s’agir d’un profil de secrétaires médicaux et d’aides-soignants avec des compétences supplémentaires », indique de son côté Clara Bonnavion, présidente de l’ANEMF.

Quelles modalités, en pratique ?
Pour encourager les médecins à embaucher des assistants médicaux, il est prévu que l’Etat prenne en charge une partie de leur salaire, qui a été évalué à 50 000 euros par an, charges comprises. Chez MG-France, on souhaite qu’à terme soit créé un poste d’assistant médical pour deux médecins généralistes.
A l‘ANEMF, on espère que l’objectif caché n’est pas celui de la rentabilité. « Si cela fait gagner du temps médical au médecin, c’est une bonne chose. Mais cela ne doit pas réduire le temps passé par le médecin avec ses patients », pointe Clara Bonnavion.
Prochaine étape : la définition du référentiel métier des assistants médicaux, pour préciser le contenu de leur formation. Au ministère de la Santé, on indique que le sujet sera sur la table des négociations conventionnelles en janvier prochain, sans plus de précisions.

Sur le terrain
« C’est un métier qui existe déjà dans certains cabinets médicaux. J’ai déjà entendu des médecins dire "moi, ma secrétaire, je l’avais formée et elle fait déjà tout ça" », pointe Clara Bonnavion. Ainsi, le Dr Isabelle Ballenghien, installée à Miradou, dans le Gers, travaille depuis quatre ans avec une assistante médicale et déclare qu’elle ne pourrait plus faire sans elle. « De formation aide-soignante, elle réalise de nombreuses tâches au cabinet. Elle gère l’accueil téléphonique en triant les urgences absolues et les urgences relatives et organise la salle d’attente en fonction de ce critère ; elle prépare la consultation en déshabillant, pesant, mesurant, prenant la tension des patients ; elle fait si besoin un streptotest ou un ECBU ; elle désinfecte les plaies ; elle complète et range les dossiers ; elle prend des rendez-vous compliqués à obtenir pour les patients (électromyogramme, IRM, scanner…) ; elle parle avec les patients qui ont des symptômes dépressifs. »
Depuis qu’elle est là, c’est simple, le Dr Ballenghien passe beaucoup plus de temps médical avec ses patients et se sent beaucoup moins stressée. « C’est une présence très agréable, on prend soin l’une de l’autre. Je pense que le développement de ce métier d’assistant médical est une très bonne piste et que c’est un reclassement idéal pour les aides-soignants. Celle avec qui je travaille ne serait pas restée à l’hôpital et l’emploi qu’elle a trouvé ici, à raison de 29 heures par semaine, lui convient parfaitement. Il faut impérativement une expérience du soin pour exercer ce métier. Cela peut aussi intéresser des secrétaires médicaux, à condition qu’ils suivent des formations complémentaires », ajoute le Dr Ballenghien.

Et dans d’autres pays ?
Le métier d’assistant médical existe aux Etats-Unis depuis les années 1960 et dans d’autres pays, plus récemment. A la fin 2010, ce métier était implanté en Australie, Canada, Grande-Bretagne et Pays-Bas. Pour prendre l’exemple du Canada, les assistants médicaux existent depuis le milieu des années 1980, dans l’armée. Depuis 2004, quatre formations différentes au métier d’assistant médical y ont été accréditées. D’une durée de 24 mois, elles sont accessibles aux étudiants ayant un bac+3 ou un bac+4. La première année est consacrée aux bases anatomiques (physiologie, cardiologie, hématologie, oncologie, maladies infectieuses, etc.), à l’apprentissage de la clinique (examens, interprétation résultats de biologie, lecture de clichés radiologiques,etc…) et des techniques de communication avec le patient (entretien motivationnel, conseils de prévention) et à l’éthique médicale et professionnelle. La seconde année est centrée sur les stages (urgence, psychiatrie, médecine générale, etc) et leur évaluation, supervisée par un maître de stage, qui pourra être complétée par un test écrit. Un examen final donne accès au titre de Canadian Certified Physician Assistant, qui permet d’exercer auprès de médecins généralistes ou spécialistes, en clinique ou à l’hôpital.

Sources :
-  Roderick S Hooker, « Physician assistant education : five countries”, 2011, in “The Journal of Physician Assistant Education”
-  http://canadianpa.ca/admissions/

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  • Sophie Cousin
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