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Antoine Dugast, président de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK) : « Nous militons pour faire baisser les frais de scolarité dans certains instituts »

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En année de césure pour se consacrer à la présidence de la FNEK, Antoine Dugast nous raconte son orientation et le déroulement de ses études jusqu’à la fin de sa troisième année. Il répond à nos questions sur la démographie de la profession, les futurs modes d’exercice, l’universitarisation et ses retombées concrètes pour les étudiants, la délicate question des frais des frais de scolarité et les attentes de sa fédération dans le cadre du plan de réformes « Ma santé 2022 ». Vous saurez tout sur les actualités de la filière kinésithérapie (ou presque !)

-Pourquoi avoir choisi la kinésithérapie ? Aviez-vous d’autres projets en début de Paces ?
-  Au tout début de l’année, je pensais plutôt à la médecine, comme beaucoup d’autres étudiants. Mais en me rapprochant du tutorat et en apprenant plus de choses sur les autres filières, j’ai compris que la kinésithérapie me conviendrait mieux, pour plusieurs raisons, notamment le parcours universitaire (le fait d’avoir un deuxième concours en médecine me décourageait un peu…) et le travail en lui-même. Je trouve que la relation soignant-patient est beaucoup plus poussée en kiné qu’en médecine parce qu’on revoit les patients sur plusieurs séances et aussi parce qu’on soigne directement avec nos mains. On a vraiment l’impression d’agir, sans passer par l’intermédiaire des médicaments. Ma Paces s’est plutôt bien passée. Sur les 2400 étudiants inscrits à Paris-Descartes, je suis arrivé vers la 500e place, ce qui m’a permis d’avoir kiné du premier coup. Je me suis inscrit à l’Institut de Formation en masso-kinésithérapie (IFMK) de la Pitié-Salpêtrière.

-Comment se sont déroulées vos études jusqu’à aujourd’hui ? Quels stages avez-vous suivis ?
-  Les deux premières années en institut peuvent être un peu déroutantes car on ne voit pas du tout de pathologie. On apprend toute l’anatomie, la physiologie, cela reste théorique mais néanmoins très intéressant, avec de nombreux TP. Il y a 6 semaines de stage en première année et 12 en deuxième année. J’ai effectué mon premier stage à l’Hôpital Necker en pédiatrie, en service d’orthopédie et en unité de soins continus. C’était un peu impressionnant car j’y ai vu des enfants souffrant de pathologies lourdes… mais cela fait aussi partie du quotidien du métier de kiné. Ce stage m’a énormément plu. Ensuite, j’étais en cabinet libéral, dans une petite ville de campagne, puis en centre de rééducation pour soins de suite et de réadaptation. A noter : en première année, l’organisation des stages peut varier selon chaque Institut. En deuxième année, j’ai effectué mon premier stage de 6 semaines dans un centre de rééducation en Bourgogne, équipé avec du matériel de pointe et prenant en charge des patients amputés et souffrant de pathologies neurologiques. Cette durée m’a permis de m’impliquer vraiment auprès des patients, sous la supervision de la tutrice. Ensuite, j’étais en cabinet libéral à Paris, avec un exercice vraiment très différent de celui en centre. Je souhaite faire encore beaucoup de stages avant mon diplôme d’Etat, afin de découvrir tous les modes d’exercice ! Je suis actuellement en année de césure entre ma 3e et 4e année.

-  Combien y a-t-il d’étudiants en kinésithérapie actuellement en France ? Comment évolue ce chiffre ces dix dernières années ?

-  Il y a près de 11 000 étudiants kinés aujourd’hui et les quotas sont fixés à environ 2750 étudiants par promotion. Il y a 10 ans, les étudiants étaient un peu moins de 6000 en tout et les promos avaient un effectif autour de 1900 étudiants. Les effectifs augmentent régulièrement. Cette augmentation s’explique en partie par le passage des études de 3 à 4 ans. Par ailleurs, les études de kinésithérapie sont une formation sanitaire et sociale, dont les quotas sont définis régionalement.

-Une étude la Drees parue en juillet dernier* prévoit une hausse de 57% du nombre de masseurs-kinésithérapeutes d’ici 2040 et pointe le risque de sureffectif. Comment avez-vous réagi à cette publication ?
-  Nous regrettons qu’il n’y ait pas en parallèle une étude définissant les besoins de la population française en kinésithérapeutes. La France est un pays qui soigne très bien mais qui est très déficitaire sur le volet prévention. Chez certains de nos voisins européens -en Belgique ou dans les pays Nordiques par exemple- la densité en kinésithérapeutes est beaucoup plus importante. Au Bénélux, la densité atteint jusqu’à 240 kinés/100 000 habitants alors qu’elle était de 126 en France en 2016 et devrait atteindre 151 kinés pour 100 000 habitants en 2040. La population vieillit rapidement en France et aura certainement de plus en plus besoin des soins dispensés par les kinésithérapeutes à l’avenir !

-Concernant leur répartition, quelles sont les régions sous-dotées en kinés ? Et quels sont les modes d’exercice majoritaires ?
-  Il y a des zones déficitaires (Cf. cartographie de l’Ordre), notamment dans les campagnes et dans la diagonale du vide (Champagne-Ardenne-Creuse-Sud-Ouest ; mais aussi Normandie ou autres régions sous-dotées). L’autre spécificité de notre profession est que le salariat n’attire plus les kinés et que l’on observe dans tous les hôpitaux -même les grands CHU- un déficit en kinésithérapeutes. Environ 80% des diplômés s’installent en libéral, contre environ 15% en exercice salarié et 5% en exercice mixte.

-  Les mesures incitatives pour faire venir les kinés dans ces zones rurales et à l’hôpital sont-elles suffisantes ?

-  Dans les zones sous-dotées sont notamment proposées des exonérations d’impôt de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Mais ces mesures sont insuffisantes pour le moment car les jeunes diplômés n’ont aucune difficulté à trouver des remplacements ou à s’installer dans les grandes villes. Si les métropoles étaient saturées en professionnels, il y aurait sûrement un attrait plus fort pour les zones sous-dotées.

-Combien d’étudiants sont entrés en kiné via la Paces, via une L1 en Staps ou via une L1 en biologie ?
-  Depuis la réforme de 2015, tous les étudiants en kiné sont obligés de faire une première année universitaire avant d’entrer en Institut. Environ 70% des étudiants font une Paces avant, 20-25% une L1 en Staps et 5% une L1 en biologie. Les trois modes d’entrée sont assez difficiles et mettent une pression assez forte sur les étudiants.

- Que reste-t-il à faire au chapitre de l’universitarisation de la formation ? Qu’est ce qui changé concrètement pour les étudiants en kiné ?
-  La réforme de 2015 nous a fortement rapproché de l’Université, en instaurant un conventionnement des IFMK avec les Universités. Cette intégration universitaire se poursuit et se trouve à un stade plus ou moins avancé selon les Instituts. Au final, les étudiants en kinésithérapie vont se retrouver avec les mêmes droits que ceux inscrits à l’Université : accès aux bourses, au restaurant universitaire, accès au droit de vote pour les élections universitaire étudiantes, etc… C’est une grande avancée.

-Cette universitarisation devrait-elle améliorer la question de l’inégalité des frais de scolarité entre les différents IFMK ?
-  A la FNEK, nous militons depuis longtemps pour faire baisser les frais de scolarité dans certains instituts et que les étudiants paient au final seulement des frais universitaires (autour de 170 euros l’année). Actuellement, les frais de scolarité varient de 170 à 9 200 euros l’année selon les établissements ! C’est un énorme différentiel qui est inacceptable pour les étudiants et leurs familles. Notre souci aujourd’hui est que les Instituts dépendent des régions, et que ce sont elles qui décident de financer -ou non- les formations en kinésithérapie et à quelle hauteur. Certaines régions comme le Val-de-Loire ou le Grand-Est les financent à 100%, ce qui fait que les étudiants inscrits paient déjà uniquement les frais universitaires. Mais l’on observe d’autres régions, comme la Bretagne, où les étudiants paient 6000 euros de frais de scolarité par an, comme c’est le cas à Brest, qui est un Institut public !

-Quelles sont les attentes de la FNEK dans le cadre du plan "Ma santé 2022" annoncé par le président Macron ?
-  Pour nous, la suppression de la Paces est une très bonne chose car c’est une année qui ne forme pas, mais qui sélectionne uniquement. Nous attendons une clarification pour la filière kinésithérapie qui est pour l’instant considérée comme une passerelle à la fin de la Paces. Nous sommes actuellement en discussion avec le ministère sur ce point. Par ailleurs, nous attendions des annonces sur l’accès direct pour les kinésithérapeutes, soit la possibilité de consulter un kinésithérapeute en direct, sans passer par un médecin. Il y a actuellement des expérimentations d’accès direct, par exemple pour les entorses de cheville, mais nous souhaitons une généralisation. Nous intervenons beaucoup sur les bronchiolites du nourrisson et souhaiterions aussi un accès direct des kinés, à l’hôpital notamment, ce qui participerait au désengorgement des urgences.

-Quelles sont les voies d’avenir pour l’exercice de la kinésithérapie ? Et quelles sont les spécialisations recherchées ?
-  Je pense que l’avenir est au développement de l’exercice mixte. Aujourd’hui, l’hôpital n’arrive plus à recruter de kinés ; certains hôpitaux commencent à ouvrir leurs plateaux techniques aux libéraux, moyennant des rétrocessions en contrepartie, pour assurer la continuité des soins à l’hôpital. L’intérêt pour les libéraux est de pouvoir utiliser le matériel hospitalier de pointe à moindres frais et avec une grande flexibilité des horaires. Sans compter l’accès à des cas parfois plus complexes et plus intéressants qu’en ville.
Concernant les spécialisations, on observe que les kinésithérapeutes font souvent de la formation continue après leur diplôme d’Etat, qui est généraliste. Le fort développement du numérique et de la réalité virtuelle révolutionnent les prises en charge en kinésithérapie. Par exemple, pour la rééducation vestibulaire (troubles de l’équilibre), on peut utiliser des lunettes de réalité virtuelle qui permettent au patient de se rééduquer en partie lui-même, en modifiant son environnement.

Pour en savoir plus :
-  Site de la FNEK :

-  Site de l’ordredes masseurs kinésithérapeutes :

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  • Sophie Cousin
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