Remede.org — Peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Ahlam —Je peux dire que j’avais un parcours original. Je m’appelle Ahlam Louakti et j’ai 19 ans. J’ai obtenu un bac S en 2019. Mon premier objectif était d’étudier à l’étranger donc j’ai décidé de postuler dans des universités en Allemagne. J’ai donc entamé les premières démarches en ce sens, mais je n’étais pas d’accord avec l’une des conditions qui consistaient à étudier pendant toute une année préparatoire la langue allemande. J’ai essayé de trouver d’autres pays, notamment francophones comme le Canada ou la France. J’ai commencé à m’inquiéter pour mon avenir et j’avais principalement la crainte de perdre une année. J’ai rassemblé ma famille et j’ai proposé l’idée d’étudier la littérature anglaise et en même temps étudier la langue allemande, avec l’idée de postuler l’année d’après dans des universités allemandes.

Après que ma famille a approuvé ma décision, j’ai commencé à monter mon dossier. Mais j’ai reçu un message de la part d’une amie m’interrogeant sur mes études. Après lui avoir raconté mes déboires, elle m’a proposé de la rejoindre en Russie. Honnêtement au début j’étais hésitante et j’avais beaucoup de questions en tête, mais heureusement elle m’a convaincue et je vis enfin la vie que j’attendais et je réalise progressivement mes objectifs.

Pourquoi vouloir devenir médecin ?

Je suis une fille très sociable et j’ai toujours eu à cœur d’aider les autres. Le métier de médecin est celui qui me représentait le plus.

Comment s’est déroulée ton arrivée en Russie ? Le climat n’est-il pas trop difficile ?

Les débuts étaient difficiles, j’écoutais les gens parler, je ne comprenais rien, mais j’avais l’ambition qu’un jour je serai comme eux. J’étais aussi éblouie par la beauté du pays. Concernant le climat, ce n’est pas aussi difficile qu’on peut l’imaginer. Peu de gens le savent, mais au printemps la Russie est un paradis, les arbres sont remplis de feuilles vertes et les villes comme les campagnes sont extrêmement fleuries. En été, il fait chaud et se rendre à la plage est quelque chose d’habituel pour un Russe.

Comment s’organisent les cours ?

Il est possible d’intégrer les établissements d’enseignement supérieur médicaux de Russie directement après le bac concernant la première année. Pour les étrangers, il s’agit d’une année préparatoire en langue russe, mais il y a aussi des cours de chimie et de biologie. On acquiert vite les bases linguistiques. Les professeurs sont gentils et sont très présents. En deuxième année, commencent vraiment les cours de médecine, et il possible en Russie de choisir la langue d’enseignement. Les universités proposent des formations en russe, en anglais et en français. J’ai choisi la langue russe après avoir réussi les 3 examens de langue russe, la biologie et la chimie. J’ai ainsi pu commencer le programme de médecine et j’étudie cette année l’anatomie, l’histologie, la physiologie, l’embryologie et la biochimie.

Comment se passent les stages hospitaliers ?

Les stages hospitaliers commencent après la 5e année. Les étudiants effectuent un long stage de 12 mois. Suite à quoi, l’étudiant pourra obtenir une autorisation pour travailler, et donc le droit de prescrire, à l’hôpital en tant que médecin.

La langue est-elle une barrière ?

Honnêtement, je n’ai trouvé aucune difficulté dans l’apprentissage de la langue russe. J’ai rapidement côtoyé des Russes, et j’ai alors essayé de pratiquer au maximum. J’ai aussi commencé à écouter de la musique et regarder des films russes avec des sous-titres en français ou en arabe pour comprendre et pour enrichir mon vocabulaire et ça m’a bien aidée. Sans oublier ma grande ambition pour réussir mes objectifs. C’était une motivation supplémentaire.

Comment choisit-on ensuite sa spécialité ?

Il n’y a pas d’examen qui donne accès à telle ou telle spécialité. Le choix de la spécialité doit être murement réfléchi. L’étudiant en fin de cursus pourra alors postuler dans la filière qu’il souhaite.

Quelle spécialité souhaites-tu faire ?

J’hésite encore entre deux spécialités : la chirurgie cardiaque et aussi l’oncologie. Il me reste encore du temps pour choisir.

Penses-tu rester en Russie ou aller exercer dans un autre pays ?

Maintenant je n’ai aucune envie de changer de pays. Je me sens bien en Russie et je me suis adaptée aux gens et à la culture. Mais je reste ouverte et je garde la possibilité de m’expatrier à nouveau à l’avenir.

Tu tiens aussi une page Instagram qui compte plus de 100 000 abonnés. Y parles-tu de médecine ou d’autres choses ? Arrives-tu à concilier tes deux activités ?

Bien sûr, mais cela demande une bonne organisation. Je ne cache pas qu’au début il y a eu des perturbations entre les études et le travail, mais maintenant tout est en ordre. J’ai d’ailleurs commencé à publier des vidéos sur Instagram et YouTube pour les étudiants intéressés par les études en Russie. J’essaie de les aider à choisir une filière, une université et une ville convenable pour eux. Je les aide aussi pour l’inscription et la traduction des documents. J’espère très bientôt ouvrir un bureau d’études dans mon pays d’origine, le Maroc.