En quelques mots, une très probable réponse à la question.
Bulletin du Conseil de l'Ordre de juillet-aout 2011 (p4) :
"Un médecin sur quatre qui s'est inscrit au Tableau de l'ordre en 2010 a obtenu son diplôme hors de France. Un tiers est diplômé dans une faculté de médecine de Roumanie, un quart dans le Maghreb"
Voilà qui plante le décor.
Souvenez-vous maintenant que nous avons été nombreux à nous indigner de la filière française roumaine : ces étudiants loupés en France qui partent acheter leur diplôme en Roumanie et qui reviennent via l'ECN, ni vus ni connus, dans le cursus français.
Au delà des indignations ou préoccupations de façade (voir
ici ou
ici), il ne se passera rien.
Pourquoi ?
D'abord ces médecins ne coutent rien à former et en ces temps de disette c'est quand même du pain béni.
Ensuite ils tombent du ciel au moment où la pénurie médicale risque de poser quelques soucis.
Mais nos politiques et nos énarques sont des tocards (La plupart n'y connaissent probablement pas grand chose et sont incapables de raisonner un peu plus loin que la prochaine élection).
Il y a aura un jour ou l'autre un retour de bâton, comme il y en a un aujourd'hui pour l'abaissement du numerus clausus d'il y a quelques années.
Ces médecins mal formés, parfois totalement incompétents, vont faire des dégâts : dégâts personnels à l'encontre de leurs patients, dégâts collectifs à l'encontre du budget de la santé.
Il n'est pas très compliqué d'écouter les confrères ou les patients discuter pour se rendre compte que c'est déjà bien souvent le cas dans les petits centres hospitaliers désertés par les médecins à formation solide : diagnostiques fantaisistes, prescriptions et transferts inutiles ... la liste des anecdotes est telle que cela n'est plus vraiment si anecdotique.
Bref, il est très probable qu'en favorisant la médiocrité et en fermant les yeux sur elle plutôt qu'en investissant pour optimiser le travail des rares qualifiés restants, on fasse encore une fois pire que mieux ...
Il faudra faire avec, l'imagination du politique et du décideur étant limitée à la coercition là où il faudrait une fois de plus une réelle réinvention.
[MAJ du 12/08/11]
Le
texte sorti ce jour au J.O. sur le TCEM vient patcher très partiellement le problème et me donne donc tort en partie. En empêchant le retour en TCEM des étudiants ayant déjà échoués deux fois en PCEM1/PAES, on va réduire temporairement le problème. Il est cependant fort probable que le contournement s'adapte : pourquoi perdre son temps en PAES une ou deux fois quand on peut s'assurer directement un diplôme en Roumanie ou ailleurs ? Pourquoi en plus risquer de ne pouvoir revenir dans la filière française en tentant le PAES ? Pour l'instant, pas de parade à cette situation même si on peut déjà saluer la réponse partielle au problème donnée ce jour au JO.