Depuis plusieurs mois, il ne se passe pas une quinzaine sans que je reçoive un mail pour me dire qu’on aime beaucoup ce que je fais : le site d’anatomie, l’annuaire de contacts de remede, les documents issus des interviews sur remede …
Plutôt flatteur pensez vous ? Sûrement, mais ne vous y trompez, la flatterie n’est jamais anodine. Le compliment initial s’accompagne toujours d’une demande complémentaire : pourriez-vous me donner le code source de votre librairie médicale ? M’autorisez-vous à dupliquer vos textes d’anatomie sur mon nouveau site web ? Puis-je utiliser vos images pour illustrer mes propos dans les pages suivantes ?

Ma réponse est non, toujours non. Pourtant je ne suis pas un rustre. Il y a deux bonnes raisons à mon refus :

La première c’est que l’esprit de l’informatique et d’Internet veut qu’on ne duplique pas l’information mais qu’on renvoie l’utilisateur vers l’information là où elle se trouve. On a inventé les liens et ce n’est pas pour les chiens. Il n’y a donc aucune raison fondamentale de faire de la duplication brute et donc de léser l’auteur initial d’un article ou d’une image.

La seconde, c’est qu’il n’est pas question de distribuer le code source que je produis. Je ne suis pas un professionnel, je code avec les pieds. Mes codes sont faits pour êtres fonctionnels, pas pour assurer un niveau de sécurité optimum (même si bien sûr je fais tout pour qu’on ne puisse pas être victime d’un script mal pensé). La divulgation des sources de ce qui fait remede.org assurerait aux emmerdeurs de tous poils de longues heures de jouissance … et pour remede, de bien plus longues heures encore de résolution de hacking. Voilà pourquoi il n’est pas question que la moindre ligne de code tombe entre les mains d’un tiers.

Revenons quand même en quelques mots sur la première raison de mon refus. Il est tout de même fort curieux que tous ceux ou presque qui demandent à réutiliser des documents n’ont souvent pas grand chose à montrer d’autres qu’un site bien vide. Et voilà donc un nouveau sport : mettre en place un moteur de contenu et son forum (tel spip, phpnuke … bref l’un parmi les dizaines qui peuvent exister) , créer un design plus ou moins original, installer bien en vu 3 ou 4 bandeaux de pub sur chaque page … et enfin tenter de chaparder à droite à gauche du texte pour remplir le site. Car c’est bien ce dernier point qui pose problème : le contenu, le vrai. Et pour ça, il n’y a pas de mystère : il faut d’abord tout faire soi-même avant d’espérer qu’un jour, parfois des années plus tard, une vraie communauté se mette en place et avance enfin pour le compte de l’ensemble de ses membres. Au final, même dans cette configuration-là, il faudra perpétuellement relancer le système et continuer d’avancer pour tracter derrière soi l’ensemble de sa petite famille.
En un mot faire un site web et le développer, c’est donc travailler. Mais le web prend la vision de notre monde réel où l’on a l’impression que, pour bon nombre de gens, la réussite facile est un dû. Et bien non, ce n’est pas ma vision de choses. Ceux qui réussissent n’ont (majoritairement) rien volé, sur le web, en P1 ou dans la vie. À ceux qui ne réussissent pas, ceux qui choisissent la facilité et l’assistance perpétuelles de se remettre en question.