Imaginez-vous : deux bonshommes façon « men in black » vous abordent dans les couloirs de votre service hospitalier. Ils veulent parler aux internes, il veulent vous parler. Vous n’avez pas le temps. Ils ne vous lâchent pas sans une heure de rendez-vous plus tard dans la journée. Il est neuf heures, vous leur dites treize heures en espérant ne plus les recroiser.
Treize heures, malheureusement, les deux gugusses ont attendu. Ils tiennent toujours à vous parler, mais « au calme », en tête à tête, pas dans les couloirs. Naïvement, vous trouvez une petite salle, vous rentrez. Le second gugusse referme bien la porte derrière lui. Vous voilà seul avec deux types qui vous ne lâcheront plus. Ultra formés aux techniques de ventes, ils ont une réponse à la moindre de vos objections et se répondent entre eux. Le piège psychologique est en marche, la porte est toujours fermée, vous n’espérez qu’une chose, que ce **** de bip sonne ou que quelqu’un passe dans le coin. Mais rien …

Toutes les questions y passent : Votre salaire ? Avez-vous des crédits en cours ? Vous vous offusquez : « Cela ne vous regarde pas !! » Mais là encore il y a une réponse adéquate « C’était pour vous proposer une offre avantageuse si vous étiez vraiment endetté ».

Vous ne craquez pas, et vous dites stop, entretien terminé après un bon quart d’heure de harcèlement psychologique. Les gugusses vous demandent de réfléchir et veulent votre numéro de téléphone pour vous joindre dans 20 jours exactement, le délais de réflexion qu’ils vous imposent en prévenant qu’ils repasseront. Vous ne donnez pas votre numéro et coupez court l’entretien « J’ai autre chose à faire ». Vous sortez épuisé.

Quelques mois plus tard. Vous avez changé de stage et vous n’avez pas recroisé les men in black, tant mieux. Vous êtes au bloc, votre collègue y rentre et vous dit « Les types de l’EMC sont là, ils veulent te voir ». Pas question, vous avez déjà donné et revivre cette expérience ne vous tente absolument pas. Vous rusez et ne croisez pas les gugusses de la journée. Le soir, vous sortez enfin du bloc : 2 messages sur votre portable. « Bonjour, je suis le représentant de l’EMC … » . Vous appelez votre collègue pour l’engueuler : « t’a filé mon n° t’es vraiment un … » « Non j’ai rien filé, je te le jure ». Votre troisième collègue est au ski, quasiment au même moment que vous il a eu aussi un message sur son portable …
La seule possibilité c’est que ces 2 charognards se sont servis eux-mêmes sur la liste dans n° dans le service ou, qu’avec un peu de flatrie, ils ont été renseignés par un membre du personnel …

Voilà ce qui est arrivé à une de mes proches. J’étais au ski à ce moment-là avec le troisième collègue et j’ai donc pu recouper le coup des messages sur l’ensemble des portables des internes du service en question.

Plusieurs interrogations :

Qui autorise ce genre de gugusses à courir les couloirs des centres hospitaliers ?

Cette EMC, que je ne connais que de nom, est-elle tellement mauvaise qu’elle doit être vendu au forcing psychologique par des techniques de ventes dignes de celles de certains marchands de tapis du Maghreb ou de Turquie ?

Je trouve personnellement ce genre de choses dans le milieu médical complètement ahurissant et je vous invite à ne pas vous laisser piéger et à ne pas recevoir seul (ou pas du tout) les représentant de l’EMC d’Elsevier. Et si vous avez besoin de l’EMC, elle se trouve à tous les coups dans votre bibliothèque universitaire.

Ne nourrissez pas les charognards.