Là rien de tout ça, l’histoire se passe en cabinet de médecine générale. Une patiente vient voir le remplaçant pour une « infection urinaire » . Elle entre, s’assoit rapidement, explique son cas en deux mots et enchaîne sans presque me laisser en placer une en disant « je me suis permise de vous ramener ceci ». Elle me tend alors un petit pot, sans couvercle, déballé d’un simple papier d’alu. L’ayant vu initialement sortir l’objet je me suis dit « chouette, un échantillon d’urine, on va faire la bandelette et zou la confirmation ». mais je me suis très vite rendu compte que ce petit récipient ne pouvait pas contenir de liquide. Je me suis penché en avant pour regarder et au fond du pot j’ai trouvé une espèce d’expectoration purulente dense. Mauvais diagnostique puisque à peine avais-je le nez au-dessus de la chose,la patiente a ajouté « je vous ai amené une des glaires que je perds au niveau vaginal ».

En une fraction de seconde, je me suis retrouvé au bord du malaise vagal dans un état nauséeux extrême. J’ai poursuivi la consultation de manière totalement automatique et je pense honnêtement que la patiente n’a rien remarqué. Heureusement il y avait une pause dans les rendez-vous après elle.

Je n’avais jamais connu ce genre de chose. Cela confirme pour moi qu’en médecine, on peut faire et voir beaucoup d’horreurs mais que la préparation psychologique est indispensable. L’effet de surprise ou l’absence de briefing devient redoutable et nous place dans des situations extrêmes où il est possible de perdre totalement ses moyens ou de ressortir avec un sentiments de traumatisme certain. Je pense tout particulièrement ici à la discussion que nous avons eu sur les forums où une jeune étudiante racontait la claque psychologique qu’elle avait prise après une autopsie fœtale à laquelle elle n’avait pas été spécialement préparée.

Bref, il semble qu’il faille dans notre métier (et nos études) toujours s’attendre à tout et imaginer le pire pour ne pas être surpris. C’est vrai, elle aurait pu aussi me sortir un ou deux ascaris encore frétillants … Pour un prochain remplacement en campagne sans doute ;-)