logo remede logo remede
La 1ère Communauté Médicale
médecine - pharmacie - odontologie - maïeutique
M'identifier
Mot de passe oublié ?
Je me connecte

Vous n'êtes pas inscrit à l'annuaire des membres ? Inscrivez-vous

Medecin biologiste : vers de nouvelles missions ?

partage mail facebook twitter linkedin
11 000 médecins et pharmaciens exercent aujourd’hui la biologie médicale, dans 4000 laboratoires. Actualités de la spécialité, principales missions, maquette du DES, statut et rémunération : Remede fait le point sur la carrière de médecin biologiste.

L’avis de l’expert
Dr Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux

« Développer nos missions de prévention »

« La ministre de la Santé veut développer la prévention. Or, le médecin biologiste est très bien formé pour cela ! Nous avons accès tout de suite à des résultats essentiels pour la santé des patients et nous pourrions faire plus d’examens sans ordonnance, comme pour les maladies sexuellement transmissibles par exemple. Avec 4 000 laboratoires partout en France, cette répartition homogène nous permet d’assurer de nouvelles missions auprès des patients. Dans une enquête menée en 2017* par le syndicat auprès de ses adhérents, 61 % pensent que les missions des biologistes médicaux devraient être élargies à l’avenir. 85 % d’entre eux souhaiteraient être impliqués dans des campagnes de dépistage et de prévention (Sida, hépatite, antibiotiques…), avoir des consultations médicales rémunérées (67 %), alimenter le DMP (65 %), ou encore participer aux études épidémiologiques (60 %). Ces missions pourront être exercées à condition de laisser plus de temps médical aux biologistes médicaux et/ou d’augmenter le nombre de postes disponibles à l’ECN. Nous demandons à bénéficier de la Rosp, au même titre que de nombreuses autres spécialités médicales. Avec les évolutions très rapides dans le domaine des biotechnologies médicales et du big data en santé, il va y avoir de belles carrières à faire en biologie médicale dans les prochaines années ! »

-Etat des lieux et actualités
Parmi les 11 000 biologistes médicaux, on compte un tiers de médecins et deux tiers de pharmaciens. La spécialité fait actuellement face à des difficultés de recrutement, notamment dans le privé, où de nombreux départs en retraite sont observés. Selon le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM), la réforme* de 2010 a manqué son objectif de médicalisation de la profession et s’est traduite par une financiarisation croissante du secteur. Et l’image de la profession s’est dégradée auprès des internes...

Depuis cette réforme, la biologie médicale ne fait plus partie des spécialités les plus prisées en médecine. Environ 60 % des internes choisissent la spécialité après le 6 000ème rang de classement, alors qu’en 2008, tous les postes de biologie étaient choisis avant le 3 000e rang. En 2015, pour la première fois, une vingtaine de postes sont restés vacants. En 2016, le numerus clausus a baissé (de 145 à 115) et en 2017, les 110 postes offerts en biologie médicale ont été pourvus. Une bonne nouvelle pour la spécialité.
L’accréditation des laboratoires de biologie médicale publics et privés est obligatoire depuis la réforme de 2010, sous la houlette du Cofrac(Comité français d’accréditation). Elle prévoit que les laboratoires soient accrédités sur la moitié de leur activité au moins et sur chacune des familles d’examens pratiqués. La première étape a été franchie fin décembre 2017 : plus de 860 structures ont été accréditées. En 2020, les LBM devront avoir obtenu leur accréditation pour la totalité de leurs activités. « Nous étions favorables à l’accréditation, mais la démarche est allée un peu trop loin. L’objectif de 100 % des examens accrédités en 2020 est très difficile à atteindre et a accéléré la vente de leurs laboratoires par un certain nombre de biologistes indépendants, de peur de ne pas avoir les moyens humains et financiers de mettre en œuvre ces procédures », souligne le Dr Lionel Barrand, président du SJBM. Il évoque par exemple la difficile mise en place des automates sur les plateaux techniques et une conséquence possible : l’augmentation des délais de communication des résultats pour certains examens urgents, comme par exemple la CRP.

-Principales missions du biologiste
-  Phase préanalytique : le biologiste intervient à tous les niveaux pour éviter les erreurs : double vérification d’ordonnances, recueil de renseignements cliniques pertinents, mise en place des règles de bons prélèvements, choix de certains examens et techniques, etc.
-  Il réalise tous types de prélèvements : veineux, artériels, gynécologiques, bactériologiques, dermatologiques, médullaires, etc.
-  Il aide le prescripteur dans le diagnostic ;
-  Il modifie et adapte certaines prescriptions : choix des examens en microbiologie (infections sexuellement transmissibles par exemple), ajout/modification d’examens dans certains bilans ;
-  Il établit lui-même certains diagnostics directement au microscope : paludisme, hémopathie ;
-  Il participe à l’interprétation des résultats de biologie médicale par le médecin et l’oriente sur le choix de la thérapeutique (antibiotiques à utiliser selon les résistances bactériennes par exemple) ;
-  Il est présent lors des réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) : en infectiologie (par exemple VIH, Lyme, discussion d’antibiothérapie), en oncohématologie pour le diagnostic de leucémies ;
-  Il interprète certains résultats aux patients : environ 20 % de patients demandent conseil directement aux biologistes au sein des LBM de proximité, ce qui évite de nombreuses consultations inutiles ;
-  Il est une sentinelle concernant les urgences biologiques : il oriente le patient vers le prescripteur voire les services d’urgence ou le Samu lorsque le prescripteur est injoignable, par exemple en cas de suspicions de thromboses veineuses (D-dimères), d’infarctus (troponine), etc.
-  Il est chargé du management de son équipe et de la formation ainsi que du maintien des compétences du personnel ;
-  Il gère le SMQ (système de management de la qualité).

-La maquette du DES de biologie médicale
Phase socle : 4 semestres
Trois spécialités doivent obligatoirement être validées durant ces deux années : bactériologie-virologie, biochimie, hématologie. Lors de la deuxième année d’internat, l’interne effectue un stage dit « libre ».
A l’issue de la phase socle, l’interne choisit entre 5 options précoces :
-  biologie générale (correspond à l’ancien parcours « biologie polyvalente ») ;
-  médecine moléculaire-génétique-pharmacologie ;
-  hématologie et immunologie ;
-  agents infectieux (bactériologie, virologie, hygiène hospitalière, parasitologie) ;
-  biologie de la reproduction.

Phase d’approfondissement : 2 semestres
Un « contrat de formation » mentionnant le choix d’option précoce de l’interne et son sujet de thèse, est établi en accord avec la commission locale de coordination de biologie médicale et par le directeur de l’UFR de médecine ou de pharmacie. Les 2 stages de la phase d’approfondissement doivent avoir un lien avec l’option précoce choisie. A l’issue de cette phase, l’interne doit obligatoirement avoir soutenu sa thèse.

Phase de consolidation : 2 semestres
Stages de la phase de consolidation à réaliser : soit 2 stages d’un semestre en lien avec la biologie générale, soit 2 stages d’un semestre en lien avec leur option. Cette phase se termine par la présentation d’un mémoire de DES, et d’un examen oral. L’interne ayant soutenu sa thèse en fin de 3e année d’internat et son mémoire de DES en fin d’internat, obtient ainsi le DES de biologie médicale.

En complément, quelques exemples de formations spécialisées transversales facultatives, communes à plusieurs DES, d’une durée d’un an : bioinformatique médicale, génétique et médecine moléculaire bioclinique, hématologie bioclinique, hygiène, médecine et biologie de la reproduction, nutrition appliquée.
« Globalement, nous sommes satisfaits de cette nouvelle maquette. Nous avons conservé la phase socle avec les quatre disciplines de la spécialité. Par ailleurs, les FST permettent aux biologistes de développer davantage leur expertise clinique. Néanmoins, nous aurions souhaité une formation supplémentaire à la recherche », indique le Dr Barrand.

-Statuts et rémunération
A l’hôpital, le médecin biologiste suit la grille de rémunération hospitalière valable pour les assistants, puis PH et éventuellement universitaires. La grille de PH à consulter ici : https://www.emploi-collectivites.fr/grille-indiciaire-hospitaliere-praticien-hospitalier-medecin-chirurgien-psychiatre-specialiste-biologiste-ph/6/6195.htm
Dans le privé, à l’embauche le salaire est d’environ 4 500-5 000 euros net pour un salarié et 6 000-6 500 euros net pour un actionnaire ultra-minoritaire (ce qui revient grosso modo au même salaire après charges). « Dans le privé, on peut distinguer 3 statuts différents : le salariat (peu utilisé, en raison des charges), l’associé ultra-minoritaire et le véritable associé (qui a des parts, un droit de vote et des dividendes). La majorité des médecins biologistes exerce sous le statut d’associé ultra-minoritaire. Nous réclamons la création d’autres statuts qui soient plus favorables aux jeunes médecins et qui favorisent une progression de carrière », explique le Dr Lionel Barrand. Dans certaines structures, des procédures de requalification de contrats sont engagées. Par ailleurs, la revendication d’un élargissement des missions de santé publique des biologistes médicaux pourrait s’accompagner d’une réflexion sur les statuts et d’une possible remise à plat, espèrent les jeunes professionnels.

Sophie Cousin

Pour en savoir plus :

partage mail facebook twitter linkedin
  • Sophie Cousin
Tags :
  • ecn_medecine
  • ecn_pharmacie
  • revenus
  • Top - ne pas manquer
livreslivrescontactspublicationstwitter