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7 étudiantes sages-femmes sur 10 ont des symptômes dépressifs

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Ce chiffre alarmant est le principal enseignement de l’enquête bien-être réalisée par l’Association nationale des étudiantes sages-femmes (ANESF) auprès de plus de 2 400 étudiantes, dévoilée le 5 décembre dernier. Sous pression lors des stages notamment, les étudiantes décrivent des maltraitances verbales et psychologiques. L’ANESF demande une amélioration des conditions d’accueil.

« Nous avons été très surpris par l’ampleur des chiffres ! 7 étudiants sages-femmes sur 10 souffrant de symptômes dépressifs et 60 % de maltraitances… c’est énorme. Grâce aux remontées du terrain, nous savions que le mal-être était assez répandu, mais pas ce point », commente Julie Kerbart, présidente de l’ANESF. L’enquête précédente, en 2010-2011 avait déjà mis en lumière des cas de maltraitance. Mais cette enquête est sans précédent en termes de représentativité, avec 2 430 réponses soit 60 % de l’effectif total étudiant. « Nous sommes très inquiets car la situation est généralisée à l’ensemble des écoles de sages-femmes. Toutes les promotions sont touchées, tout particulièrement les 4es années (pourcentage de maltraitances le plus élevé) et les 5es années (stress le plus élevé) », précise Julie Kerbart. Les questions posées portaient sur le niveau de vie matériel de l’étudiant, sa santé et son vécu dans sa formation.

Stress et dépression
Enseignement principal : 7 étudiants sur 10 présentent des symptômes dépressifs modérés à sévères ! Sachant que dans la population générale étudiante, ce chiffre n’est « que » de 25% en moyenne… A l’origine de ces symptômes, un niveau élevé de stress. 8 étudiants sur 10 se sentent plus stressés depuis qu’ils sont entrés en formation et ce stress augmente au fur et à mesure des années. Au premier rang des facteurs de stress : les stages (31%), suivis de près par les examens (29%) et la quantité de travail (22%). Il en résulte un sentiment d’être constamment « sous pression » et « évalué ». Comme l’illustre ce témoignage d’une étudiante qui décrit « une pression parfois insoutenable » et ajoute : « je n’aurais pas fait ce choix si j’avais eu toutes les informations avant. »
Cela se traduit notamment par un sommeil de mauvaise qualité pour 57% des répondants. Plus d’un étudiant sur 10 a pris des somnifères, plus d’un sur 10 des substances psychoactives et 2 sur 10 ont consulté une psychologue. 41% d’entre eux considèrent que leur santé s’est globalement dégradée au fur et à mesure de leur formation. Le feu rouge du burn-out n’est pas loin : 27% d’entre eux ont déjà eu envie d’arrêter leurs études et 20% de les suspendre.

60% rapportent des maltraitances !
Près des deux tiers des étudiants décrivent un sentiment de maltraitance morale et verbale de la part de l’équipe pédagogique lors des stages. « Nous avons reçu de nombreux témoignages d’étudiantes racontant comment des sages-femmes seniors leur ont dit "Moi, j’en ai bavé, il n’y a pas de raison que tu n’en baves pas"… Comme s’il fallait s’endurcir, ne rien lâcher, ne pas montrer ses faiblesses », rapporte Julie Kerbart. Rabaissement, mépris, ignorance, insultes, rien ne semble être épargné aux étudiants ! Les stages, très liés aux premières gardes et à l’apprentissage des premiers gestes techniques, sont la première cause de stress.
Surprise : les médecins sont très peu souvent responsables de ces relations dégradées. Les auteurs de ces maltraitances et traitements inégalitaires (portant sur le statut d’étudiant, mais aussi sur l’apparence physique) sont dans 50 % des cas des sages-femmes cliniciennes et dans 40% des membres de l’équipe pédagogique ; des médecins dans seulement 3 % des cas.

Au final, 34 % des étudiants se sentent peu ou pas du tout accompagnées par l’équipe enseignante. « Heureusement, il y a aussi beaucoup de sages-femmes bienveillantes et ces comportements ne surviennent pas à toutes les gardes… mais lorsqu’ils se produisent, ils sont dévastateurs. Par ailleurs, si ces comportements ne sont pas excusables, ils sont explicables par la surcharge de travail dans les services et le manque de temps et de patience pour se consacrer à l’encadrement des étudiants », nuance Julie Kerbart.

Difficultés financières
Un tiers des étudiants considèrent que leur situation financière est « mauvaise » à « très mauvaise ». Une grande dépendance financière pèse notamment sur leurs épaules, pour 90 % d’entre eux. Pour un tiers, ils reçoivent une bourse et pour 4 0%, une aide de leur famille. En 2018, le coût de la rentrée des étudiants sages-femmes était estimé en moyenne à 2122 euros, soit 167 euros de plus que la population générale étudiante selon les critères de la Fage. En cause notamment : l’accès aux lieux de stages excentrés du domicile et les frais de transport et de logement qui s’y rattachent, l’investissement dans du matériel de stage (location ou achat de blouse, etc.), ainsi que des frais universitaires « spécifiques et injustifiés ». Par ailleurs, une étudiante sage-femme sur trois dit avoir déjà renoncé aux soins pour des raisons financières.

Quelles pistes d’amélioration ?
Ces résultats confortent l’ANESF dans ses revendications. L’association demande la création d’un statut de maître de stage, qui permettrait d’améliorer l’encadrement des étudiantes. « Nous avons déjà créé un groupe de travail en ce sens avec les différentes organisations représentatives de la profession (syndicats, Ordre, collège national, sages-femmes libérales, etc) », indique Julie Kerbart. L’association revendique par ailleurs la mise en place d’une plateforme d’évaluation des terrains de stage et une meilleure accessibilité aux consultations psychologiques pour les étudiants.

Pour en savoir plus.

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  • Sophie Cousin
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