De prime abord, la réforme risque de faire mal. Le zéro reste à charge cible les frais dentaires les plus importants, mais aussi les plus coûteux pour les Français. La cible de la réforme concerne au premier chef les couronnes dentaires, qui constituent à la fois la principale raison d’abandon des soins de la part des patients, et la principale source de revenus des dentistes avec les implants. Pour rappel, ce type ne soin n’est que très peu remboursé, seulement 70 % du tarif conventionné est pris en charge, et il reste souvent pour le patient plus de 90 % du prix réel à payer. Ainsi un patient se verra rembourser 75 euros sur un coût total de 600 euros.
Comment seront fixés les remboursements ? Il s’agira d’une convention signée entre la profession et la Caisse d’Assurance Maladie. Il a été décidé que le remboursement à 100 % se fera partir de 2020 pour les bridges et couronnes. Certains dentiers seront eux aussi pris en charge à 100 %, mais seulement à partir de 2021.
Les dentistes inquiets
Près de la moitié des dentistes se disent préoccupés par la réforme. Julia, dentiste à Lyon explique son inquiétude « nous serons forcément perdants, surtout les dentistes qui ont des frais d’exercice élevés », « je pense surtout aux confrères qui ont des cabinets dans des zones très chères » précise-t-elle. Les étudiants sont aussi très inquiets quant à leur avenir « c’est peut-être la fin de l’âge d’or des dentistes » s’amuse Théo, étudiant en 4e année, mais « je continuerai à faire mon métier avec plaisir, et même si nous perdons un peu ça ne sera pas un drame » préfère ajouter Kelly, sa collègue de promo.
L’inquiétude de la profession se confirme dans une étude réalisée par Opinion Way pour le groupe Vyv. En effet, près de 75 % des chirurgiens-dentistes interrogés expriment des interrogations sur la nouvelle convention nationale. Plus de la moitié assurent que celle-ci manque de clarté et craignent que les dispositions de la nouvelle convention leur génèrent des charges administratives supplémentaires, enfin 81 % estiment que leur profession sera impactée financièrement par la nouvelle convention.
Des points positifs
Cependant tout n’est pas noir et les syndicats de dentistes ont réussi à mettre sur la table la revalorisation des soins conservateurs qui n’avaient pas été revus à la hausse depuis de nombreuses années. L’objectif du gouvernement est peut-être aussi d’augmenter la dynamique de prévention qui fait défaut en matière de santé bucco-dentaire.
Enfin, la convention instaure une clause d’indexation des plafonds sur les actes prothétiques à compter de 2022. Aucune autre profession médicale ou paramédicale n’avait réussi à obtenir cette concession. Cette indexation sera possible lorsque l’évolution des charges du cabinet dentaire sera supérieure à 1 % à celle de l’année de référence.
Le zéro reste à charge est une pierre angulaire du plan de santé du gouvernement. Très attendue par les Français, la réforme permettrait à des millions de Français d’avoir accès à des soins jusque-là trop chers. Bien entendu, les dentistes font la moue, mais l’accès aux soins est une priorité et les concessions seront nécessaires de toute part.