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Violences sexuelles : plus de 40% des externes d’Ile de France concernées

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Selon une thèse sur les violences sexuelles au cours des études de médecine, plus de 40% des externes sont régulièrement confrontées à des violences sexuelles (harcèlement et agressions). Clara Bonnavion, présidente de l’ANEMF, réagit à cette publication et évoque des pistes pour faire libérer la parole des victimes et modifier en profondeur les mentalités à l’hôpital.

Soutenu fin 2018 par le Dr Line Zou Al Guyna et coécrite avec le Dr Malyza Mohamed Ali, ce travail intitulé « Violences sexuelles au cours des études de médecine : enquête de prévalence chez les externes d’Ile-de-France » se base sur l’analyse des résultats d’un questionnaire diffusé via les scolarités de 7 facultés de médecine parisiennes et les réseaux sociaux. 2208 étudiantes y ont répondu, soit un taux de réponse de 30% environ.
Principal enseignement : 7,8% des externes ont vécu une situation de drague, 8,6% de harcèlement au staff, 11,6% d’agression au bloc et 21,7% de harcèlement au poste de soins. Soit plus de 40% des externes concernées, si on enlève la situation de « drague ». Chez les étudiantes de fin de deuxième cycle (qui ont donc fait plus de stages et passé plus de temps à l’hôpital), ce pourcentage grimpe à 60% !

La moitié des étudiantes régulièrement concernées
Dans près de la moitié des cas, ces situations se sont répétées lors de différents stages. Les stages de chirurgie, réanimation, urgences, psychiatrie ou médecine générale sont les plus concernés. La thèse fait également un tour d’horizon des études internationales sur le sujet. Il en ressort que, quel que soit le pays, les violences sexuelles sont toujours présentes à des niveaux plus importants en médecine que dans les autres filières. Les victimes sont le plus souvent des femmes, les agresseurs des supérieurs hiérarchiques ou des co-étudiant(e)s. Elles sont aussi plus fréquentes dans les spécialités chirurgicales, au cours desquelles les étudiantes travaillent la nuit. En 2017, une enquête de l’Isni avait montré que 48% des auteurs de violences étaient des supérieurs hiérarchiques.

Silence et banalisation
« La plupart des victimes de violences sexuelles ne signalent pas ce qui leur est arrivé », souligne le Dr Zou Al Guyna dans sa thèse. Seules 20% des étudiantes concernées ont complété le questionnaire sans erreur d’appréciation et ont reconnu au moins l’une des situations décrites ci-dessus comme étant répréhensible et/ou illégale. Cette proportion augmente sensiblement parmi les étudiantes ayant reçu une formation au harcèlement sexuel, qui ont une meilleure connaissance des limites autour de ces comportements. La sous-estimation de leur caractère illégal participe de leur « banalisation », considère l’auteure de la thèse dans sa discussion, avant de préconiser que soit reconduite une étude similaire dans quelques années, afin de mesurer l’impact des formations aux violences sexuelles, de plus en plus fréquemment proposées.

L’avis de l’expert : Clara Bonnavion (photo), présidente de l’ANEMF : « Développer une culture de l’expression à l’hôpital »

« On sait que ces problèmes existent et qu’ils sont relativement fréquents au cours de nos études de médecine. De là à imaginer de tels chiffres, j’ai été étonnée ! Il faudrait une étude plus poussée, sur la France entière, pour évaluer plus précisément le phénomène. Notre étude de 2017 sur la santé mentale des étudiants laissait entrevoir l’ampleur du problème. Je pense que c’est très lié à la culture de la hiérarchie et du non-dit à l’hôpital. L’étudiant en médecine, puis le médecin, doivent être tout-puissants, ne pas exprimer leurs émotions, ne pas se plaindre… Il faut développer une culture d’expression à l’hôpital, qui passera notamment par des réunions de debriefing plus régulières des situations difficiles rencontrées par les équipes.
Il faut aussi développer dans chaque faculté des bureaux d’interfaces professeurs/étudiants (BIPE). Le premier a ouvert à la Sorbonne, sous l’impulsion de Donata Marra, sa présidente. Ces structures peuvent proposer aux étudiantes concernées par le harcèlement et/ou les agressions sexuelles un espace de parole et une orientation vers des professionnels formés à la réception de ces témoignages et à la prise en charge des victimes. Ensuite, il faut que l’alerte soit donnée dans les facultés et hôpitaux concernés pour que les agresseurs soient blâmés et sanctionnés.
Par ailleurs, les tutorats ont beaucoup développé ces compétences d’écoute ces dernières années, mais ils ne peuvent pas s’occuper de la prise en charge. Enfin, nous attendons beaucoup du Centre national d’appui (CNA) qui se met en place progressivement et devrait se saisir de cette question. Il faut souligner aussi que les étudiantes ne sont pas les seules concernées, mais aussi les PU-PH, les infirmières… toutes les femmes travaillant à l’hôpital. Et dire qu’il arrive très souvent que les personnes maltraitantes soient des femmes médecins qui harcèlent, humilient et mettent beaucoup de pression sur les membres de leur équipe, femmes et hommes »

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  • Sophie Cousin
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