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Un quart des étudiants et jeunes médecins en état de « souffrance »

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Environ un quart des étudiants et des jeunes médecins jugent leur état de santé moyen ou mauvais, selon une enquête publiée par le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom).

L’enquête, conduite par la commission "jeunes médecins" du Cnom qui intègre notamment des représentants syndicaux des jeunes médecins, étudiants, internes, chefs de clinique et remplaçants, a été effectuée par voie d’emailing du 7 mars au 18 avril 2016, auprès de 7.858 jeunes médecins. Le document d’une centaine de pages dresse un portrait des jeunes générations de praticiens (profil socio-démographique, niveau de formation) et traite de leur état de santé, de leurs traitements et addictions, de leurs conditions de travail, mais aussi des problématiques d’accès aux soins auxquelles ils sont confrontés.

Dans son éditorial, le président de la commission jeunes médecins du Cnom, le Dr Jean-Marcel Mourgues, rappelle le caractère resté longtemps "tabou" de la question de la santé des soignants et de leur supposée "invulnérabilité" et justifie l’étude par la nécessité d’aller au-delà du simple constat selon lequel les jeunes sont "souvent pointés du doigt pour leur souhait d’avoir un exercice différent de leurs aînés, en revendiquant vouloir faire de la médecine tout en préservant une qualité de vie".

L’enquête montre que sur les 7.858 participants à l’enquête, 69% sont des femmes et 31% sont des hommes, ce qui est conforme "au sex ratio des études médicales, largement féminisées". Le répondant est âgé en moyenne de 29 ans (568 âgés de moins de 24 ans, 2.194 âgés entre 24 et 27 ans, 3.672 âgés de 28 à 31 ans, 917 âgés de 32 à 35 ans et 313 âgés de plus de 35 ans). Environ 48% des participants vivent en couple, 33% sont seuls, et 19% vivent "en famille", tandis que 19% déclarent avoir au moins un enfant. Près d’un répondant sur deux était en troisième cycle des études médicales (TCEM), un quart en deuxième cycle. Le quart restant se partage entre post-internat (9%) ou jeune professionnel (16%). Interrogé sur leur santé, 62,2% l’estiment "bonne" et 13% "excellente", mais 21,1% la jugent "moyenne" et 3,1% "mauvaise".

La proportion est plus importante chez les étudiants de second cycle, dont 30,8% déclarent un état de santé moyen mauvais. Un cinquième des répondants ont déclaré avoir été contraints d’interrompre leur activité en raison de leur état de santé au cours des deux dernières années, dont 56% des étudiants de TCEM ayant déclaré un arrêt maladie, 33% des étudiants de DCEM et 11% des étudiants en fin de cursus. Un arrêt sur cinq est lié à un trouble psychique.

Le Cnom relève que 14% des personnes interrogées (578 répondants) ont déclaré avoir déjà eu des idées suicidaires, dont 69% de femmes, un "pourcentage strictement identique à la représentation par genre des répondants". Ces idées suicidaires concernent 16% des DCEM, 14% des TCEM, et 12% des personnes en fin de cursus. Environ 95% des répondants ont été confrontés à des "situations stressantes" au cours des trois mois précédant l’enquête. Leur rythme de travail avait "souvent" des répercussions sur leur vie familiale (70,2%) ou sociale (74,2%), leur manque d’activité physique (74,7%), sur leur performances professionnelles (36,8%), leurs finances (25,3%), et leur intégrité physique (15,5%).

Pour ceux qui ont rapporté une mauvaise santé et des idées suicidaires, la consommation de produits addictogènes (tabac, alcool, drogues) intervient parfois (30,2%) voire souvent (29,2%). Les étudiants ou jeunes médecins en mauvaise santé ou victimes d’idées suicidaires sont également ceux qui déclarent un usage plus important d’anxiolytiques : "36,8% ont déclaré prendre souvent ou parfois des anxiolytiques contre 10,1% pour l’ensemble des répondants", note le Cnom. "Quant aux fréquences de consommations d’antidépresseurs, elles sont cinq fois plus importantes chez les répondants qui évaluent leur santé mauvaise [ou] moyenne [avec] idée suicidaire comparativement à l’ensemble des participants à l’enquête", est-il ajouté. "Alors que ces répondants estiment leur santé mauvaise ou moyenne et avoir eu des idées suicidaires, majoritairement (59%) ils n’ont pas consulté un médecin généraliste au cours des 12 derniers mois", et invoquent en premier lieu le manque de temps (63%).

Une majorité travaille entre 48 h et 60 h par semaine

"La médecine du travail et la médecine universitaire restent trop absentes de la surveillance et de la prévention des étudiants et jeunes médecins. Ainsi, seuls 36% des étudiants ou jeunes médecins ont rencontré la médecine du travail ou la médecine universitaire au cours des deux dernières années", note le Cnom dans un communiqué accompagnant l’enquête https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cp_resultats_enquete_jeunes_medecins.pdf. S’agissant des conditions de travail, 40% des participants ont déclaré travailler entre 48 heures et 60 heures par semaine, contre 27% déclarant travailler entre 35 heures et 48 heures par semaine, mais l’étude ne donne pas le détail en fonction de l’âge du répondant ou de son avancée dans le cursus médical. Environ 16% déclarent travailler entre 60 heures et 70 heures par semaine et 8% au-delà de 70 heures. A l’inverse, 8,2% seraient en-dessous des 35 heures hebdomadaires.

Le Cnom rappelle dans son enquête que la réglementation européenne, que la France a tardé à faire respecter, limite à 48 heures hebdomadaires le temps de travail des internes. "Pour les cas les plus sévères, lorsqu’un étudiant ou un jeune médecin est dans l’incapacité avérée d’exercer la profession et/ou la spécialité à laquelle il se destinait, 95% des étudiants et jeunes médecins appellent de leurs voeux la création d’un processus de requalification ou de reprofessionnalisation", note le Cnom. Ils sont également une très large majorité (92%) à estimer que "l’entraide vis-à-vis des jeunes médecins" devrait constituer l’une des missions de l’ordre.

La dernière partie de l’enquête est consacrée aux témoignages libres des répondants, dont certains ont été reproduits in extenso, et au travers desquels ressort un certain mal-être des médecins en formation, à l’égard de leurs conditions d’étude et de travail.

Enquête sur la santé des étudiants et jeunes médecins

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