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Suicide : les professionnels de santé de plus en plus exposés.

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800 000 personnes décèdent par suicide chaque année dont environ 10 000 en France. Les professionnels de santé figurent parmi les populations les plus touchées. Tels sont les chiffres alarmants et en hausse que nous rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé à l’occasion de la Journée mondiale pour la prévention du suicide le 10 septembre.

Pour dénoncer ce sujet tabou dans le monde de la santé comme en témoignent les drames récents chez les infirmiers, l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide (UNPS) se mobilise pour « Relier, Communiquer, Prendre Soin » à la gare Montparnasse à Paris.

« Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés ». Ce documentaire de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau tourné en 2006 garde aujourd’hui toute son actualité.
Le pitch : chaque semaine, dans trois hôpitaux publics de la région parisienne, une psychologue et deux médecins reçoivent des hommes et des femmes malades de leur travail. Ouvrière à la chaîne, directeur d’agence, aide-soignante, gérante de magasin...Tour à tour, quatre personnes racontent leur souffrance au travail dans le cadre d’un entretien unique. Les trois professionnels spécialisés écoutent et établissent peu à peu la relation entre la souffrance individuelle du patient et les nouvelles formes d’organisation du travail.

Prévenir les suicides

Les suicides sont évitables affirme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui en fait une priorité de santé publique depuis 2013. Objectif : réduire de 10% le taux de suicide dans le monde d’ici 2020. Elle a édité des recommandations destinées à aider les médecins généralistes dans leur pratique.

Bilan :

• Plus de 800 000 personnes se suicident chaque année.
• Pour chaque suicide, on dénombre de nombreuses autres tentatives de suicide chaque année. Une tentative de suicide est le principal facteur de risque de suicide ultérieur dans la population générale.
• Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans.
• 75% des suicides surviennent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
• L’ingestion de pesticides, la pendaison et les armes à feu sont parmi les méthodes de suicide les plus répandues dans le monde.

Recommandations de l’OMS

• Réduire l’accès aux moyens de se suicider (pesticides, armes à feu, certains médicaments, par exemple) ;
• adopter des politiques de lutte contre l’alcoolisme pour réduire l’usage nocif de l’alcool ;
• traiter le suicide de façon responsable dans les médias ;
• assurer le dépistage précoce, le traitement et la prise en charge de personnes souffrant de troubles mentaux et de troubles liés à l’usage de substances psychoactives, de douleurs chroniques ou de détresse émotionnelle aiguë ;
• former les agents de santé non spécialisés à l’évaluation et à la prise en charge des comportements suicidaires ;
• assurer le suivi des personnes qui ont fait une tentative de suicide et leur apporter un soutien au niveau communautaire.

Depuis 2013, existe en France un Observatoire national du Suicide..

Présidé par la ministre de la Santé, émanation du ministère de la Santé, il n’est en rien d’étonnant que cet observatoire n’ait jamais publié une étude sur la fonction publique… A fortiori sur les suicides dans la fonction publique hospitalière. Les suicides récents des infirmiers cet été ont provoqué la colère des Français, déjà indignés par les mêmes faits à la Poste, chez Total, à l’hôpital Georges Pompidou pour ne citer que les cas les plus médiatisés…

Une cinquantaine de médecins exerçant dans le public ou le privé mettent fin à leur vie chaque année. Mais combien de soignants touchés par le syndrome d’épuisement professionnel mettent fin à leur jour ? Au niveau national et mondial, on manque de données précises sur le suicide et les tentatives de suicide indispensables pour la mise en œuvre de moyens de prévention. Alors pourquoi Marisol Touraine a-t’elle attendu ces nouveaux drames pour promettre un plan de soutien et de suivi aux professionnels de santé. Tout cela sous fond de campagne présidentielle ? Ne ferait-elle pas mieux de s’appuyer sur travaux et actions de l’Union nationale pour la prévention du suicide. dont objectif est de conduire une réflexion sur l’acte suicidaire et sur l’accompagnement des suicidaires avec tous les acteurs concernés, notamment les professionnels de la santé. Pour ce faire, elle coopère avec les responsables de toutes collectivités accueillants jeunes, adultes et personnes âgées, notamment les acteurs des champs éducatifs et sanitaires pour les aider à mieux repérer les causes qui conduisent à la tentation du suicide, et à trouver les moyens de les enrayer.

Souffrance au travail, harcèlement moral, violences, personne aujourd’hui n’ échappe aux risques psychosociaux un moment de sa carrière. Et ce quel que soit son poste, son grade ou son métier à l’hôpital. Cette souffrance est très particulière chez les professionnels de santé qui placent le soin, le don de soi au-delà de toute autre considération dans leur vie professionnelle. Chaque jour, ils sont confrontés à la mort et ont des responsabilités incomparables à la plupart du répertoire des métiers hors de la santé. Pas un jour sans qu’un « fait divers » de harcèlement ne soit vécu dans un service hospitalier. Des supérieurs hiérarchiques contraints à toujours faire plus en dépensent moins, des équipes en sous effectifs, un développement de l’absentéisme, des relations humaines dégradées… Du silence, des menaces, un déni généralisé et le passage à l’acte qui réveille les esprits. Trop tard.

Les étudiants ne sont pas épargnés :

Concours, pression, concurrence… De la Paces à l’Internat, peur de l’échec, stress, reconcurrence… Combien d’étudiants craquent chaque année ? Là encore, pas de données chiffrées exactes, des pressions pour taire ces actes afin de ne pas traumatiser les futurs étudiants…Pourtant, cette année les langues se sont déliées largement encouragées par les réseaux sociaux : une lettre a fait le buzz, elle exprime cette peur de l’échec qui dévaste même le meilleur des internes. « La seule chose qu’il ne savait pas faire : c’était perdre ».

L’an passé, les étudiants en médecine français de Cluj en Roumanie ont déploré 4 tentatives de suicides dont deux mortelles en l’espace de deux mois. Un psychiatre et des psychologues ont été envoyés sur place. Plus de 150 étudiants leur ont fait part de leurs angoisses. Exilés loin de leur famille, mal considérés par leurs homologues qui étudient en France, terrifiés à l’idée de pas être à égalité pour les iECN ; ils se sentent dévalorisés et craquent.

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  • Anne Marie DE RUBIANA
  • Rédactrice en chef de Remede.org
  • amderubiana@remede.org
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