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Stage inf’ de Lou en cardiologie médicale à l’HGP

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Septembre 2003, Hôpital Européen Georges Pompidou
Service de Cardiologie Médicale, unité 3

- Enfin, c’est le premier jour... Dans le bus qui m’emmène, je repense à la dernière semaine : le choix des services dans un des amphis de la fac, les questions qu’on se pose tous (quel service vais-je choisir ?... et toi, tu voudrais quoi ?), la veille à l’hôpital : suite ininterrompue de petits topos faits par des IDE (lavage des mains, premiers secours, le secret médical, prévention des AES -Accident d’Exposition au Sang-, du mal de dos...). Une bonne cinquantaine de P2 entassés dans une salle : pas de table ni de chaises pour tout le monde... Grand topo sur les infections nosocomiales (tout le monde a en mémoire les débuts de l’hôpital..), sur le mal de dos (et oui, si les lits peuvent être remontés, c’est pour une bonne raison... mais ne pas oublier de les rebaisser, ou c’est la chute du patient assurée !). Un chirurgien, censé nous parler du secret médical, profite en fait de notre présence (P2 encore tout étonnés de se trouver enfin là !) pour parler de lui (le secret médical, ce sera pour plus tard, je crois...). Pour les premiers secours, on nous partage en 2 groupes, chacun avec un anesthésiste-réa : et nous voici 2 par 2 puis 1 par 1 à faire du bouche à bouche et des massages cardiaques externes sur ce pauvre mannequin, à tenter de prendre la tension des copains (ha, parce qu’on doit entendre quelque chose ??)...
Enfin, aujourd’hui, ça commence !
D’abord, repérer sur le plan où est la cardio... trouver le bon ascenseur... C’est un miracle que je sois tombée tout de suite sur l’unité 3 !

Vers 10h, le problème de la blouse résolu : attendre que la lingerie ouvre, activer le badge, aller au distributeur... et oui ! enfin, la blouse est là ! (vive la modernité, sic !)

Les IDE ont l’air surprises de nous voir (2 P2 le matin, autant l’après midi)... en attendant que la surveillante nous explique comment va s’organiser le stage, un externe nous montre comment fonctionnent les ordinateurs : labo, radio, demandes d’examens, de brancardage... tout est informatisé.

On nous confie chacune à une IDE pour cette semaine (on sera avec les AS la semaine prochaine). La tournée du matin débute tardivement aujourd’hui : un patient vient de décéder...

Je me sens inutile et bête, trop grande dans cette blouse qui me donne l’impression de tromper les patients (mais qu’est ce que je fais là ???). J’ai décider d’observer d’abord l’infirmière, je ferai plus tard (trop la trouille pour l’instant !) : prise de sang, dextros, vérification des pansements de coro, prélèvement d’urines ("Mais on vous avait dit de conserver vos urines, Mme X !").

Les médecins étant auprès du patient suivant, je me sens de trop (5 dans la chambre, ça me paraît très suffisant !), et vais parler à cette vieille patiente qui me fait des signes depuis sa chambre... Elle semble sympathique... apparemment, elle a du mal à finir sa compote... je l’aide (premier geste de la journée envers un patient...), elle commence à me parler, je ne comprends pas tout...
Le CCA débarque, hilare, dans la chambre : ma "collègue" vient de retomber dans les vapes... pas mangé ce matin, on ne l’y reprendra plus !

Le tour terminé, on fait les trans(missions) : grâce aux IDE et aux AS, on peut presque tout savoir sur la journée du patient, tout ce qu’il n’a pas osé dire aux "Docteurs"... c’est très instructif !

12h30 : les estomacs gargouillent... on descend pour aller manger au restaurant administratif de l’hosto (d’après l’externe, le meilleur de toux ceux qu’il a testé...). Pour acheter les ticket des stagiaires : 1 guichet, 35 étudiants... c’est long !

- 2ème jour... aller, il faut bien se lancer : prise de sang, guidée par l’infirmière, les patients sont compréhensifs, ne nous tiennent pas trop rigueur si on leur fait mal... Les IDE nous parlent de leur travail : le peu de temps qu’elles ont à accorder aux patients, la surveillante qui surveille, et ce patient qui ne veut rien faire seul alors qu’il le peut, et l’autonomie qu’il faut conserver ou tenter de retrouver... la moyenne d’age étant de 75 ans, on nous parle beaucoup de l’autonomie !

Il y a aussi ce vieux monsieur attachant, que l’on croyait à l’agonie il n’y a pas ¼ d’heure et qui maintenant, ½ assis, prend son repas et nous sourie, râle quand l’infirmière tente une prise de sang...

Les ECG... en cardiologie, bien sûr, tous les patients en subissent au moins un par jour. On nous apprend comment positionner les électrodes ("comment on fait pour calculer les espaces inter costaux ?"... et oui, pas d’anat en P1, alors on apprend sur le tas... et on retient mieux !) : le rouge sur le noir et le soleil sur la prairie (un peu de poésie dans ce monde de brutes), ne bougez pas monsieur/madame, ne parlez pas, ça ne fait pas mal et ce n’est pas long... et m*****, on recommence : fallait pas bouger, monsieur/madame !

L’assurance que l’on prend chaque jour, l’interne, les externes qui prennent le temps de nous parler, les prises de sang ratées (la veine a roulé, je m’y suis mal prise), la distribution des médicament... on prend nos marques dans ce service, on "s’intègre", comme on dit... c’est agréable de se sentir accepté, on avait si peur de ce premier contact avec les patients, l’équipe soignante... on voulait même s’enfuire, le premier jour ! (mais qu’est ce que je fais là ?)... et pourtant ! on ne se débrouille pas si mal, pour des P4 (petite blague de l’infirmière...) !

- 2ème semaine : avec les AS... changement des draps (ils appellent ça : réfection des lits...), toilette d’une patients, prise de température (peur d’enfoncer le thermomètre trop loin dans l’oreille...), poids... mais les IDE nous apprécient : à chaque prise de sang qui semble facile, ils nous appellent...

Tout le monde se tutoie (nous on n’ose pas encore...), l’ambiance paraît détendue... C’est agréable de se sentir à sa place, on en a tant rêvé de cet hôpital !

- Trois semaines... elles ont passé si vite !
Enrichissantes : premier contact avec des patients, des soignants, l’hôpital ! Vivement la suite !
Pendant ces 3 semaines, on a eu le temps de parler avec ceux qui sont dans d’autres services : en néphro, celle qui a pu assister à une greffe de rein, en chir. thoracique, ceux qui ont vu des pontages, ceux qui n’ont pas vu/fait grand chose, ceux qui n’ont pas arrêté ("je pourrais changer un lit les yeux fermés"), ceux qui se vantent, les discrets, ceux qui ont hâte de commencer les stages d’externat (pas si vite !), ceux qui sont contents d’avoir encore 2 ans pour apprendre... comment leur parler ? les toucher ? les déshabiller ?... Parce que leur corps, c’est aussi le mien, celui de ma grand mère, de mon frère, de mon pote... bref, ça fait bizarre... tout d’un coup, on devrait oublier la pudeur inculquée dès notre plus jeune age... "Préserver l’intimité du patient", tenir la main de cet homme effrayé par sa prise de sang, discuter analyses avec cette patients, biochimiste à la retraite et qui aimerait qu’on arrête de la piquer tous les jours (ha ces médecins qui demandent et ne se rendent pas compte...), parler études avec cette patiente et son père, tous deux médecins...
Déchiffrer le petit message en anglais reçu par ce vieux monsieur et mettre en vase les bouquets de fleurs qui l’accompagnaient...

Durant ce stage, j’ai été parfois surprise du ton adopté par l’interne, l’IDE quand elles/ils s’adressaient aux patient(e)s, je me demandais pourquoi ce ton ?
En 3 semaines, on finit plus ou moins par comprendre que soignant ou pas, on est humain : notre humeur, nos affinités avec tel patients, les caractères de ces patients, pas de temps, pas de personnel pour s’occuper à fond de chacun, de soi.

Parce que "y’en a marre", on n’est pas un service de soins palliatifs, de gériatrie... Ce monsieur, cette grand mère de 92 ans opérée il y a 3 mois, ils seraient mieux ailleurs, où on prendrait le temps (parce qu’on pourrait le prendre) de les écouter, de leur parler, parce qu’on sait qu’ils ne pourront pas rentrer chez eux, parce qu’ils ne sont pas bien ici, que leurs enfants ne comprennent pas, qu’on n’a pas le temps, pas les moyens...
Parce que...

Rien que ça, ça donne envie de continuer, parce qu’on est tout jeune, parce que, comme tout le monde, on voudrait pouvoir changer les choses, parce que quelque part, la P1 n’a pas réussi à nous enlever cet idéalisme, et que c’est tant mieux !

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