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Roman : « j’ai eu des douleurs thoraciques typiques »

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Roman est interne en médecine générale, actuellement aux services des urgences adultes. Il avait fait l’objet d’une interview chez remede.org dans le cadre de la sortie de son ouvrage « un parcours stupéfiant ». Comme de nombreux autres soignants, Roman est au front, et a été contaminé par le covid-19.

Comment se sont manifestés tes premiers symptômes ?

Il y a deux semaines environ, j’ai passé toute la nuit à « chercher de l’air », à tirer comme on dit. Ça ne m’avait jamais fait ça de ma vie. Le lendemain j’ai présenté d’autres symptômes respiratoires. Le lendemain, j’ai fait une grosse angine, et j’ai eu subitement de gros ganglions au niveau du coup, des douleurs à la gorge importantes accompagnées de maux de tête. Le lundi, je suis allé au travail aux urgences, et la nuit à 5 h du matin, je me suis réveillé avec une douleur médiothoracique typique. Comme dans les livres, avec douleur en étau, brulure rétrosternale, pendant plus de 30 minutes. J’ai ensuite pu me rendormir. Mais j’ai présenté les mêmes symptômes à peu près à la même heure 3 nuits d’affilé. J’ai décidé d’en parler à mon chef aux urgences, il m’a donc fait faire une prise de sang et un ECG. Sans surprise j’avais des tropo augmentés et un ST+. On est donc parti d’abord sur le diagnostic le plus urgent, celui d’infarctus.

Comment s’est fait le diagnostic de covid-19 ?

Le diagnostic est arrivé plutôt rapidement. J’ai bien sûr eu droit à l’écouvillon nasal, mais le résultat est revenu négatif. Par la suite j’ai passé scanner thoracique, plus sensible que la PCR, qui a montré des plages de verre dépoli typiques de l’infection à Covid-19. C’est comme ça que le diagnostic a été fait. Assez rapidement, j’ai été transféré en unité Covid avec un passage en USIC. J’ai eu bien sûr droit à une coronarographie qui a montré que j’avais des artères saines, on a ainsi retenu le diagnostic de myocardite à Covid-19. Ça collait avec la disparition des signes ECG et bien sûr le contexte de virose.

Comment s’est passée ton hospitalisation ?

J’ai rapidement été transféré à Reims. J’étais en USIC, dans une chambre individuelle, avec soutes d’isolement. J’étais le seul patient « covid » du service, je me sentais un peu comme le « vilain petit canard » du service. Je sentais bien que tout le monde avait peur d’être contaminé. Une infirmière m’a même confié le dernier jour sa crainte, notamment vis-à-vis de ses enfants qu’elle retrouve tous les soirs en rentrant. Mais je n’ai rien à dire sur la prise en charge. Malgré leurs craintes, ils ont fait leur boulot et sont allés au combat ! Tout le monde a été très professionnel.

Comment as-tu vécu ça ?

Je pense que contrairement à un patient lambda je comprenais très bien ce qui se passait. C’est une situation très anxiogène, mais si je me mets à la place d’un patient qui n’est pas du milieu, et qu’on me parle d’infarctus et de virus, je ne sais pas comment j’aurai réagi. Finalement une fois le problème identifié, j’étais plutôt serein.

Tu as une idée de la façon dont tu as été contaminé ?

Très difficile à dire. J’ai vu mon frère à plusieurs reprises qui était un Strasbourg il y a un mois, mais je travaille aussi aux urgences où on manque clairement de matériel, on a l’impression de prendre des risques. C’est tout de même difficile d’identifier la contamination, on rencontre trop de monde.

Comment cela a été perçu par tes collègues ?

Le diagnostic a été fait sur mon lieu de travail. Le chef de service a été extrêmement bienveillant et impliqué dans ma prise en charge. Il m’a ensuite appelé pour prendre de mes nouvelles et s’assurer que j’étais bien soigné. De plus, tous les internes de mon terrain de stage à Sedan, sans exception, ont eu un mot pour moi. Ce soutien m’a fait énormément plaisir. Mes amis voulaient me rendre visite, mais c’est compliqué avec le confinement et les restrictions de visite à l’hôpital. C’est difficile à vivre pour les patients et pour les proches.

Comment te sens-tu aujourd’hui ?

Je suis en arrêt pendant 6 semaines à cause de la myopéricardite. Je dois faire une IRM de contrôle fin avril. J’ai encore des douleurs à la poitrine qui persistent. Naturellement je reste un peu inquiet, je vois que les symptômes trainent. Je me sens limité dans tout ce que je fais, c’est frustrant. Mais je ne vais pas me plaindre, il y a des personnes pour qui la situation est pire, globalement je vais bien.

Un mot pour les soignants ?

Je les remercie pour leur professionnalisme. Je les remercie d’avoir dépassé la peur de la contamination pour avoir pris soin de moi. J’avoue que moi-même, en raison de mon âge, je n’avais pas pris les choses au sérieux, je ne pensais pas présenter des symptômes aussi graves. J’ai aussi une pensée pour tous le personnel qui continue d’aller au combat, en étant mal protégé.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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