Remede.org — Peux-tu nous expliquer ton parcours ?
Romain. J’ai toujours eu un attrait pour les matières scientifiques, c’est donc sans me poser de questions que j’ai choisi de passer un bac S que j’ai obtenu avec la mention bien. Se posait alors la question du « post bac ». Malgré mon attrait pour les mathématiques et la physique, j’ai pensé que je m’épanouirai davantage en exerçant la médecine plutôt qu’un métier d’ingénieur par exemple. C’est pour cela que je me suis orienté vers une Paces, que j’ai réussi primant, classé 156e. J’ai commencé assez tôt un parcours de recherche, dans l’idée de le poursuivre pendant l’internat. Ce qui ne m’a pas empêché de profiter de la 2e et 3e année, et des rattrapages qui vont avec. Il faut savoir que j’ai toujours été assez bon dans mes études, mais jamais excellent. Ce n’est que pendant l’externat que mes résultats se sont nettement améliorés, probablement parce qu’il s’agit de la partie de nos études la plus intéressante, bien que ce soit aussi la plus intense et difficile.
Comment as-tu vécu les ECNi ?
Il est assez difficile d’exprimer ce que l’on ressent lorsqu’on passe les ECNi. Lors du dossier de la première épreuve, j’avais tellement peur de cocher un QCM que je passais énormément de temps sur chaque question, même pour les questions sans difficulté.
Les épreuves suivantes étaient peut-être un peu moins stressantes, les ECN étant sur 3 jours, on s’habitue un peu après la première journée. Le plus dur était quand je repensais à mes erreurs « bêtes » en rentrant chez moi. J’essayais alors de me convaincre que ce n’était pas grave et que j’en faisais à chaque concours blanc, qui s’était à chaque fois bien passé.
À la fin de la dernière épreuve, j’étais partagé entre deux sentiments. Le soulagement de la fin de l’externat et la « déception » à ce moment-là de me dire que j’aurai pu mieux faire.
Bien que nous ayons fait plusieurs concours blancs chez nous cette année, je trouve que les ECN se déroulent de manière assez similaire, tant sur le stress que sur la façon de répondre aux questions.
Comment s’est passée l’annonce des résultats ?
J’ai choisi de m’isoler cet après-midi-là, j’avais mis mon portable en mode avion et je jouais aux jeux vidéo avec des amis pour ne pas y penser. Ma copine a fini par me joindre pour me féliciter sans me dire le résultat exact. C’est la peur en moins que j’ai pu regarder les résultats, cela a été un grand soulagement et beaucoup de joie, que j’ai immédiatement partagée avec ma famille.
Pendant ton cursus c’était plutôt bachotage ou stage ?
Pour ma part, c’est grâce à mon travail personnel sur les référentiels que j’ai acquis de solides bases. J’ai fait plusieurs stages exigeants en D2 et D3 qui m’ont permis de renforcer mes connaissances dans certaines matières, et sur lesquelles j’ai pu passer beaucoup moins de temps D4. En D4, j’ai pu choisir des stages assez souples, qui me permettaient d’approfondir le reste des matières et d’aller un peu plus loin que les connaissances de base.
Quels sont ton meilleur et ton pire souvenir en médecine ?
J’ai un peu de mal à choisir un seul meilleur souvenir de médecine. Je dirais que tout mon stage d’hématologie pendant ma D3 était un très bon souvenir. L’ambiance y était excellente et ce qu’on y apprenait me passionnait. C’est là que j’ai commencé à avoir une vue d’ensemble de la médecine, c’est sûrement la période où je me suis le plus épanoui pendant l’externat.
Pour le pire souvenir, je sais exactement duquel il s’agit. Une des premières gardes de réa en D2 lorsque j’ai dû réorganiser seul le sac d’urgence en ignorant la majeure partie de ce qu’il contenait. Malgré l’aide d’une infirmière, ce fut laborieux, ce qui me valut remarques et moqueries. Je suis sorti de cette garde un peu amer et déstabilisé.
Quelle spécialité souhaites-tu faire ? Pourquoi ?
J’ai donc choisi les maladies infectieuses. Depuis la D1, je trouve l’infectiologie passionnante. C’est comme un autre monde, en permanente évolution, avec beaucoup de subtilités, tant dans la thérapeutique que la physiopathologie. De plus, il s’agit d’une spécialité assez orientée vers les parcours hospitalo-universitaires, ce qui m’intéressera beaucoup, je pense.
As-tu hésité avec d’autres spécialités ?
Bien sûr, j’ai longuement hésité avec l’hématologie. Déjà, j’ai préféré mon stage d’hématologie à mon stage d’infectiologie, en partie grâce à la pédagogie d’un CCA qui a su susciter ma curiosité pour cette discipline. Et tout comme l’infectiologie, j’adorais réviser cette matière et m’entraîner dessus, je trouve les pathologies hématologiques passionnantes et diverses avec, là encore, de nombreuses possibilités en recherche.
Dans quelle ville ? Pourquoi ?
J’ai choisi la ville de Paris. Je viens de la région parisienne, ma famille et ma copine y habitent aussi. De plus, il s’agit d’une ville avec une très bonne formation pour les maladies infectieuses.
Comment abordes-tu la rentrée ?
Pour l’instant, je profite surtout de mes vacances ! Je n’appréhende pas spécialement le début de l’internat, et je suis plutôt curieux de voir comment ça se passera.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux néo-D4 ?
Je pense déjà qu’il est indispensable, tant bien que mal d’apprécier cette année. Je veux dire qu’il s’agit d’une année très dure, où la vie sociale est mise de côté. Il est important de se convaincre d’aimer ce que l’on fait. La D4 est suffisamment éprouvante, ce serait se rajouter des difficultés que de se lamenter pendant des mois.
De plus, je pense que travailler en petit groupe ou binôme permet de garder le moral tout en s’améliorant mutuellement sur les notions complexes comprises par l’un et par l’autre.
Mon dernier conseil serait de participer sérieusement aux concours blancs inter-facultaires. Cela permet de s’entraîner à gérer son temps, son stress et ses révisions de dernière minute. Pour ma part, ils ont contribué à diminuer l’angoisse du jour J et à augmenter ma confiance en moi.