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Réflexions sur une expérience de coopération internationale

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L’été dernier, après une organisation minutieuse et une solide formation sur le Sénégal (géographie, histoire, politique, religion, wolof...) et la coopération internationale, j’ai pris l’avion avec mon sac à dos en direction de Dakar.

Plusieurs personnes me demandent, depuis, si ça en vaut la peine, si on sert à quelque chose, etc.

C’est pourquoi je voulais expliquer comment moi j’ai vécu cette expérience là-bas.

On part toujours naïvement dans ce genre de projet, parce que certaines injustices, certains manques, nous semblent vraiment trop intolérables. On veut aider, on veut lutter.

La première chose que j’en dirais, c’est qu’on apprend énormément d’une telle expérience. On apprend sur soi-même, sur ses valeurs, sa capacité d’adaptation. On apprend sur les autres, sur le choc des cultures (et on a beau y être préparé... on est toujours en état de choc). On apprend à être humbles, comme Occidentaux, devant les problèmes du monde pauvre/en développement. On apprend à devenir plus simples dans des conditions de vie rustiques. On devient souple devant la désorganisation ambiante. On s’adapte à un environnement parfois hostile, on prend un rythme adapté au climat. On comprend un peu mieux la complexité du problème et la longueur du chemin qui reste à parcourir. Honnêtement, on a tôt fait de se sentir découragé, voire désabusé.

On apprend, donc, à défaut d’être vraiment utile lors d’une si courte première expérience, évidemment. On est bien trop perdus pour être vraiment appropriés, quand on ne reste que quelques semaines/mois, comme ça. Il n’y a pas assez de continuité (même en s’intégrant dans un projet existant). On ne maîtrise pas assez la culture locale pour pouvoir adapter vraiment nos interventions et comprendre les réactions et attitudes.

Pour autant, ce n’est pas inutile non plus. Une goutte d’eau dans l’océan, mais l’océan est fait de gouttes d’eau. Et puis, il faut bien commencer quelque part ! On ne part pas un an avec Médecins sans frontières dans un pays en crise sans s’être un peu frotté à la réalité avant ! Et même les expériences qui s’avèrent être des échecs (et je pense qu’elles sont légion) sont constructives. On comprend mieux ce qu’il ne faut pas faire, ce qui se passe avec les projets que l’on laisse derrière soi, comment ils peuvent dériver, etc.

Je pense qu’il est impossible d’arriver à un tel niveau de compréhension en restant chez soi. Les difficultés rencontrées là-bas sont sans commune mesure avec ce que l’on peut trouver ici. Il faut le vivre pour savoir.

Personnellement, les aspects que j’ai trouvés les plus difficiles à vivre sont les relations humaines quand on est Blanc. Et surtout, la pauvreté, la misère partout, horrible, intolérable, même dans un pays aussi "avancé" que le Sénégal. L’absence de soins de santé même minimaux dès qu’on sort des grandes villes, l’absence de prévention, les mères qui meurent en couches, les enfants qui tombent comme des mouches, ceux qui mendient, tout ceux qui n’ont pas, ou si peu d’avenir.

Dans le cadre d’un stage médical, c’est sûr qu’on est toujours minimalement utile, dans les échanges avec les intervenants locaux (quand ils sont ouverts...), dans les quelques gestes que l’on pose. Un abcès soigné est toujours ça de gagné, jusqu’à la prochaine fois. Même si on a tout sauf l’impression de changer le monde, quand on fait si peu et qu’on ne fait que panser sans agir sur les causes profondes... L’important est de le faire en toute humilité, en douceur, dans le respect le plus total de la culture locale. Les gros sabots n’ont pas leur place ici. C’est comme ça qu’on peut arriver à construire quelque chose.

Je termine en expliquant pourquoi je parle toujours de "coopération internationale" et non "d’aide humanitaire". Coopération parce que les échanges et l’enrichissement se font et devraient toujours se faire dans les deux sens. Ce type de projet en est un de fond, ce n’est pas comme une intervention de la Croix-Rouge après une catastrophe naturelle, pour palier au plus urgent sans se soucier des conséquences ! Ce n’est pas du tout la même philosophie. J’ai beaucoup appris et gagné (humainement parlant) pendant mon séjour là-bas, et j’espère qu’eux aussi ont pu tirer quelque enseignement utile de moi.

Si ces quelques réflexions peuvent être utiles aux prochains à partir... Bon stage et bon courage !

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