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Rédiger une revue de littérature en 5 étapes et en vidéo !

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Que ce soit votre thèse ou un article, la rédaction scientifique répond à des codes très précis. Pourtant, la formation délivrée au cours des études médicales n’est qu’un survol de la méthode. Le Dr Guillaume Fond, l’un des You Tubers de la chaîne de l’université de médecine Aix-Marseille diffusant des vidéos pratiques à destination des internes, nous donne tous ses conseils.

L’angoisse de la page blanche. Comment y échapper alors que la formation à la rédaction scientifique au cours des études médicales est très sommaire ? « En deuxième année, la formation statistique est assez sommaire, très théorique et peu pragmatique. Elle n’apprend pas aux étudiants à construire une analyse statistique simple », estime le Dr Guillaume Fond, psychiatre et enseignant-chercheur à l’AP-HM, chercheur au laboratoire de santé publique CEReSS, (Centre d’études et de recherche sur les services de santé et la qualité de vie) université la Timone, l’un des You Tubers de la chaîne de l’université de médecine Aix-Marseille. Elle ne prévoit pas, par exemple, de formation au logiciel « R » (équivalent de LINUX pour les statistiques) ou autres logiciels de statistiques (SPSS, SAS…) pendant les études de médecine. Autre problème : il se passe du temps entre cette formation et le moment où les étudiants peuvent s’en servir pour leur thèse…
« Moi je me rappelle, ma formation statistique avait porté sur des cas d’infarctus du myocarde… aujourd’hui je suis psychiatre et cette formation ancienne m’a été très peu utile », témoigne le Dr Guillaume Fond. A tel point que l’idéal serait de réintégrer une formation aux statistiques au cours du troisième cycle.

1-Choisir son sujet
Qu’il s’agisse de votre thèse ou d’un article, la première étape consiste à trouver son sujet. Etape pas si simple qu’il y paraît ! La bonne recherche de sujet part en général de la pratique clinique quotidienne.
« On essaie de cibler des sujets qui intéressent l’interne et qui sont traités dans les services du CHU. La première étape est de vérifier que le travail n’existe pas déjà car très souvent il existe. Le bon outil pour ça c’est le site PROSPERO, site qui permet de savoir quelle équipe de recherche est déjà en train de travailler sur un sujet, partout dans le monde et ce, dès le début du travail.
Et définir sa problématique : l’interne ne peut, le plus souvent, pas y arriver seul, car il faut déjà une bonne connaissance de la littérature scientifique. A ce stade, rien ne vaut les discussions avec des seniors, qui connaissent déjà votre sujet et sont rodés à la publication.

2-Faire sa revue de littérature
Avant tout travail d’écriture, il faut passer par la recherche bibliographique, pour plusieurs raisons : connaître l’état des sciences sur le sujet envisagé, éviter les redondances avec des articles déjà publiés, comparer les résultats obtenus.
-  PUBMED est le portail de référence pour la qualité des études. Il contient la plupart des revues médicales à comité de lecture (alors que d’autres moteurs intègrent toutes les études sans distinction). Mais il ne contient « que » 60% des études publiées.

Autres sites utiles :
-  PASCAL, banque de données française produite par l’Institut national de l’Information scientifique et technique (INIST) ;
-  site du CNRSsur l"information technique et scientifique ;
-  EMBASE, banque de données médicales des Pays-Bas ;
-  le portail INSERM, qui contient notamment le « Journal of citation report (JCR), très utile pour connaître les « impact factors » les plus récents ;
-  pour une recherche biblio sur Google Scholar ;
-  CISMeF, site du CHU de Rouen ;

Quand on fait une méta-analyse, PUBMED ne suffit pas. Au moins trois bases sont recommandées pour une méta-analyse de bonne qualité. Selon les spécialités, certaines bases de données sont plus ou moins adaptées : par exemple, PsychINFO
pour les sujets à la frontière entre la psychiatrie et les sciences sociales.
Pour évaluer la qualité des études sélectionnées, il existe plusieurs grilles d’évaluation. La grille STROBE, en libre accès sur Internet permet d’évaluer en une vingtaine de questions la qualité des études (design de l’étude ? objectif clairement défini ? population retenue ? etc…).

3-Définir son objectif précisément
Cet objectif sera formulé à la fin de l’introduction en une question claire. Toute la méthodologie sera développée ensuite pour répondre à cette question. Pour ce faire, il faut passer par une recherche des revues systématiques et/ou des méta-analyses qui ont déjà répondu à cette question. Les revues de la littérature trouvées sont parfois anciennes et il faut alors les réactualiser. Définir son objet de recherche/hypothèse passe notamment par le choix des bons mots-clés, ceci passe notamment par le moteur MESH de la base PUBMED.

4-Les grandes étapes de rédaction
-  Rédiger l’objectif (dernier paragraphe de l’introduction) ;
-  Définir sa méthode, en se basant sur des articles de bonne qualité déjà publiés ;
-  Valider cette méthode avec l’encadrant ;
-  Appliquer la méthode pour obtenir les premiers résultats. Finaliser l’analyse à telle date avec x analyses. Important de préciser dans son article/thèse : « mes recherches se sont arrêtées à telle date ». Remplir le PRISMA flowchart à ce moment-là ;
-  Conserver les études qui ne sont pas utilisées en cas de questions ultérieures ;
-  Sur les études conservées, extraire les données quantitatives à l’aide de tables réunissant les différents « outcoms » (paramètres à évaluer) ;
-  Présentation des études en tables : nom de l’auteur, date, année de publication, âge moyen, résultat principal, commentaire, etc… de façon à avoir une vision synthétique de chaque étude ;
-  Analyse statistique après ce travail d’extraction (en cas de méta-analyse) ;
-  Rédaction des résultats avec un certain nombre de règles à suivre : tables indépendantes des résultats, titre pour chaque table, définir les abréviations ;
-  Rédaction de la discussion : premier paragraphe résumant les résultats, un paragraphe par idée, forces, limites et perspectives de l’étude.
En dernier : rédaction de l’introduction, de la conclusion et du résumé.
L’introduction peut aussi être rédigée avant, mais à condition d’avoir une bonne connaissance du sujet, puisqu’elle démarre par un état des lieux des connaissances sur le sujet.

5-Eviter certains pièges…
-  Le premier : perdre du temps et de l’énergie par ignorance de la méthodologie. Tout doit être cadré dès le début !
-  Perdre du temps sur un sujet qui a déjà été traité. Pour éviter cela, utiliser les outils comme PROSPERO ;
-  Viser un premier sujet trop ambitieux. Le risque est alors de se noyer dans la bibliographie et la récupération des PDF des études. Au contraire, viser un sujet restreint impliquant un petit nombre d’études permet d’éprouver sa méthodologie.
-  Vous éloigner de votre discipline. Par exemple, il est difficile pour un psychiatre de publier en psychologie ou neurosciences. Chaque discipline a ses codes.
-  Eviter les revues de grades C, dans lesquelles peuvent se trouver des articles de mauvaise qualité.
-  Eviter le plagiat et même l’auto-plagiat.

Zoom sur la chaîne You tube de l’université Aix-Marseille
« Objectif : publier sa thèse ! »
« A Marseille, nous essayons de créer un nouveau modèle, avec la mise en ligne de courtes vidéos pédagogiques pour aider tous les étudiants en médecine à se former à l’écriture scientifique », indique le Dr Guillaume Fond, psychiatre et enseignant-chercheur à l’AP-HM, l’un des porteurs de ce projet. Le but à long terme est que tous les internes publient leur thèse dans un journal avec comité de relecture ! « C’est ambitieux mais cela donnerait une autre dimension aux thèses, qui sont peu diffusées pour le moment. Cela stresse un peu les internes, notamment car cela implique une bonne maîtrise de l’anglais et un bon encadrement par un senior. Mais tout est une question d’organisation », indique le Dr Fond. Le système est basé sur l’anticipation. « Chaque étudiant choisit son sujet de thèse dès le début de l’internat, on n’attend pas la fin. Nous partons du principe que la recherche fait partie de la formation, alors que jusque-là, la clinique et la recherche s’opposaient ».
La chaîne You Tube de l’université Aix-Marseille est ouverte depuis septembre 2017. Le projet a été lancé par le Pr Christophe Lançon, avec l’assistance technique du Dr Anthony Armando-Polacci. Toutes les vidéos sont en libre accès.

Intéressé ? Toutes les vidéos explicatives pour se lancer ci-dessous :
-  Faire une revue systématique de littérature ;
-  Ecrire un article scientifique ;
-  Choisir un journal ;
-  Faire une analyse qualité ;
-  Les rangs d’auteur ;
-  Revue systématique, flow chart.

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  • Sophie Cousin
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