Le témoignage
Lucile Hausser (à droite sur la photo), 21 ans, actuellement en DFASM3, au sein du double cursus médecine-sciences de la faculté de Strasbourg (promo 2014)

« De super conditions de travail ! »
« Lorsqu’on nous a présenté le double cursus à l’issue de la Paces, j’ai rapidement décidé de postuler, car j’y voyais l’opportunité d’en apprendre davantage sur la recherche fondamentale, en parallèle de la médecine. De plus, tout semblait bien organisé pour concilier les deux. Bien sûr, je me suis posée la question de la double charge de travail. Pendant les vacances, nous avons des stages à faire dans des laboratoires, donc cela empiète un peu sur le temps libre…mais je ne regrette absolument pas. En DFGSM2, différents domaines de recherche nous sont présentés par des enseignants-chercheurs, à raison de 4 heures par semaine en petit groupe. En fait, nous sommes de toutes petites promotions de 12 à 14 étudiants, ce qui offre d’excellentes conditions de travail ! Nous effectuons ensuite un stage en laboratoire de 6 à 8 semaines pendant les vacances universitaires d’été. Mon stage à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) m’a ainsi donné un aperçu concret de la réalité de la recherche fondamentale. Durant le DFGSM3, on sélectionne une ou plusieurs UE parmi un large choix de masters et on fait un deuxième stage recherche pendant l’été. Puis, l’année de master 2 à plein temps, permet de se concentrer vraiment sur un travail de recherche, en se libérant de la pression des partiels de médecine. Personnellement, j’ai choisi de suivre le master imagerie, robotique, ingénierie pour le vivant (IRIV), où j’ai côtoyé des étudiants ingénieurs. Les cours sur l’IRM et le traitement des images m’ont particulièrement intéressée. J’ai effectué mon stage de master 2 dans l’équipe Imagerie multimodale intégrative en santé (IMIS) du laboratoire ICube à Strasbourg, où j’ai pu m’exercer au traitement d’images cérébrales dans le cadre d’un projet de recherche. J’ai apprécié de pouvoir faire mon M2 sereinement car, avec l’externat en parallèle, cela aurait été difficile. De plus, il est très intéressant de s’éloigner un peu du milieu médical pour aborder les choses sous un autre angle. J’ai aujourd’hui repris mon cursus médical, très satisfaite de cette introduction pratique à la recherche. Bien sûr, tout cela représente un investissement supplémentaire, mais qui se révèle au final très enrichissant »

La maquette du double cursus strasbourgeois
La formation comporte deux étapes clés :
1-La préparation d’un master 2 scientifique précoce en parallèle du premier cycle des études médicales
-  Pendant la deuxième année de médecine : une centaine d’heures de cours scientifiques et deux semaines de TP, ainsi que des conférences scientifiques locales, nationales ou européennes.
L’été suivant, est prévu un stage de 6 à 8 semaines dans un laboratoire de recherche.
Cette formation permet de renforcer les bases en biologie, chimie, bio-physique et bio-informatique pour sensibiliser très tôt les futurs médecins à la démarche scientifique.
-  Pendant la troisième année, les étudiants valident au moins 6 crédits ECTS dans le Master 1 de leur choix*
L’été, un stage de 6-8 semaines est prévu dans un laboratoire de recherche
Puis les études de médecine sont interrompues pendant un an, pour que les étudiants puissent préparer le master 2 de leur choix*

2-La préparation de la thèse en sciences
À l’issue du Master 2, deux options se présentent :
-  Préparation d’un doctorat en sciences
Les étudiants qui choisissent cette option poursuivent leur formation par la préparation d’une thèse en sciences dans un laboratoire de recherche.
À l’issue du doctorat, les étudiants reprennent leurs études médicales en DFASM1 (début du deuxième cycle des études médicales). Cette voie est fortement encouragée puisque c’est l’essence même de ces filières de type MD-PhD.
*-Reprise du cursus médical classique : les étudiants reprennent leurs études en DFASM1 et pourront alors préparer une thèse en sciences pendant l’internat

Modalités d’inscription
Sur dossier et entretien pour les étudiants reçus à la Paces

L’avis de l’expert
Valérie Lamour (à gauche sur la photo), responsable de la filière à l’université de Strasbourg
« L’équivalent des PhD anglo-saxons »
« Nous formons de toutes petites promotions, entre 12 et 14 étudiants. Les promotions sont volontairement très réduites car cela permet un suivi personnalisé. Nous sélectionnons les étudiants sur critères académiques mais aussi sur la motivation. A Strasbourg, nous avons beaucoup d’étudiants issus des classes européennes ou internationales des lycées, ce qui leur confère une grande ouverture d’esprit et une grande capacité à faire plusieurs choses en parallèle.
Le double cursus est un parcours exigeant et de longue haleine. Les huit années de médecine, plus une année de master 2 ; ensuite, pour ceux qui choisissent de faire leur thèse avant l’externat, cela fait trois ans de plus. Pour ceux qui font leur thèse pendant l’internat de spécialité, il y a des dispositifs pour aider les étudiants à interrompre leur internat pour un temps de recherche (années-recherche, accueils en unité de recherche Inserm, financements de Fondations). Le Master est un sésame, mais l’on ne devient véritablement chercheur que lorsque l’on a fait sa thèse de sciences. Pour le Master, beaucoup d’étudiants s’orientent vers les neurosciences, la biologie du vivant, l’imagerie-robotique du vivant (cf liste des masters* ci-dessous). Un Master ne spécialise pas vraiment, c’est une démarche d’initiation à la recherche. Il est probable que les étudiants qui ont fait un Master de neurosciences auront envie d’aller vers une spécialité avec une composante de neurosciences, comme gériatrie, pédiatrie, psychiatrie ou cancérologie. Cette année, nos premiers étudiants passent le concours de l’internat. Ils seront donc diplômés de médecine dans quatre ans, sans compter les interruptions pour leur thèse. Un réseau national des filières médecine-sciences a été créé avec l’école de l’Inserm, Paris-Descartes, l’ENS Lyon et l’ENS Paris. Nous souhaitons que nos étudiants puissent s’initier aux sciences fondamentales, qu’ils aient la possibilité de choisir leur Master et nous les encourageons à suivre une thèse précoce. C’est notre philosophie commune, basée sur l’expérience des PhD anglo-saxons, qui a montré son efficacité et ses retombées sur la recherche biomédicale. Nous voulons vraiment que ces jeunes plein de talent puissent monter des programmes aux interfaces des hôpitaux et des unités de recherche »

*Liste non-exhaustive des masters de l’université de Strasbourg partenaires du programme :
Master Biologie-santé :
• Parcours Recherche en biomédecine
• Parcours International Master of Biomedicine
• Parcours Biomatériaux pour la santé
Master Sciences du vivant :
• Parcours neurosciences cellulaires et intégrées
• Parcours biologie du développement et cellules souches
• Parcours biologie et génétique moléculaire
• Parcours Immunologie et Inflammation
• Parcours biologie structurale intégrative et bio-informatique
Master Chimie :
• Parcours Chimie, Biologie et Médicament
• BioPhysicoChimie binational Franco-Allemand
Master Optique, image, vision, multimédia :
• Parcours imagerie, robotique médicale et chirurgicale
Master Physique :
• Parcours physique cellulaire

Pour en savoir plus :
-  le site de l’AMPS, l’association qui regroupe les doubles cursus au niveau national, qui organise des évènements et un congrès annuel.

-  le sitedu double cursus strasbourgeois.

-  le réseau national des 5 filières.