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Pauline : « Je souhaitais faire de la chirurgie orthopédique »

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Pauline a toujours été brillante, mention très bien au bac avec une note de 19/20, elle termine 232ème des ECNis 2022. Séduite par la polyvalence de la médecine générale, elle abandonne son idée initiale de faire la chirurgie orthopédique, et malgré son grand intérêt pour la réanimation, elle persiste dans son choix. Elle nous explique son parcours et sa vision de la médecine générale moderne.

Comment s’est passée ta scolarité ?
J’ai toujours bien réussi à l’école, initialement sans beaucoup forcer pour avoir de bonnes notes, puis j’ai commencé à travailler régulièrement et sérieusement au milieu du lycée, quand j’ai vu que la première année de médecine se rapprochait à grands pas. J’ai fini major de mon lycée au bac avec plus de 19 de moyenne, malgré une petite faute d’étourderie lors de l’épreuve de SVT, j’avais oublié de retourner le sujet, et donc l’analyse de document.
Ma première année de médecine fut compliquée. J’avais choisi d’aller à Clermont-Ferrand, car j’avais été prise à une prépa assez réputée là-bas, et je souhaitais également partir dans une ville où je connaîtrais le moins de monde possible afin de ne pas être détournée des révisions. Je suis passée de première de la classe à queue de promo en prépa. Je terminais chaque colle classée dans le dernier quart et j’ai passé le premier semestre à me dire que je n’allais pas avoir mon année. Le concours blanc m’a rassurée, j’ai vu que les révisions payaient, et lors des épreuves de janvier 2017, j’ai eu la bonne surprise de finir classée dans le top 10. Le second semestre s’est beaucoup mieux déroulé, avec des matières qui m’intéressaient plus. Je suis passée en deuxième année du premier coup.

La suite du premier cycle s’est bien passée, j’ai été très assidue. Il en va de même pour l’externat, j’essayais de me maintenir le plus possible à jour et ne pas prendre de retard. Je pense que ça m’a servi lors de la D4 et des révisions pour l’ECN, j’avais déjà l’habitude d’avoir un rythme de travail assez régulier, qui a bien sûr pris en puissance l’an dernier. J’ai fini l’ECN avec beaucoup de soulagement et avec la hâte de passer à autre chose.

Pourquoi avoir voulu faire médecine ?
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu soigner. Déjà enfant, je soignais mes ours en peluche avec ma mallette de docteur en plastique. Initialement, j’étais attirée par des études de vétérinaire et j’ai progressivement migré vers la médecine en grandissant, ma mère m’ayant fait remarquer que ça risquait de m’agacer assez vite de soigner les petits chiens et les hamsters.
Je ne me voyais pas faire autre chose que médecin ; pour moi c’est une véritable vocation et le plus beau métier du monde. Tout me plaisait dans cette voie, que ce soit le contact avec les gens, le défi intellectuel que représente chaque plainte, le besoin constant de remise en question et de remise à jour de nos connaissances, la possibilité de travailler en équipe… je n’ai jamais regretté mon choix.

Quels sont ton meilleur moment et ta pire épreuve vécus en stage ?
Mon meilleur moment en stage est arrivé assez récemment, pendant mon premier stage d’interne. J’étais en visite seule dans un Ehpad, et dès mon arrivée, le personnel soignant s’est précipité vers moi en me demandant d’aller voir en plus une patiente qui avait chuté. C’est la première fois que je me suis sentie réellement médecin. J’avais conscience du statut associé à l’interne, mais ne me sentais pas encore médecin, dans ma tête je restais une externe juste un peu ancienne. Au fur et à mesure que j’ai déroulé la prise en charge de ma patiente, je me suis sentie en confiance, les choses venaient naturellement pour moi. C’est en sortant de l’Ehpad et en reprenant la route que je me suis rendu compte : ça y est, je suis médecin, c’est vers moi qu’on se tourne en cas de problème. Le sentiment d’euphorie n’a pas duré très longtemps, la semaine d’après, en retournant à l’Ehpad, j’ai eu à nouveau l’impression de subir plus qu’agir, mais ça reste une sensation dont je me souviendrai longtemps.
Mon pire moment en stage remonte à l’été 2020, quand j’étais en stage de gynécologie. Je passais une semaine aux urgences gynécologiques du CHU, où j’étais avec un interne des urgences. Le jeudi soir, une patiente de mon âge s’est présentée pour douleurs abdominales et métrorragies du premier trimestre. Nous avons rapidement diagnostiqué une fausse couche. La patiente était très anxieuse, faisait des malaises vagaux à répétition, vomissait, et je l’ai accompagnée pendant 1 heure, le temps qu’elle se calme et puisse rentrer chez elle avec les consignes de surveillance. Je suis sortie de stage ce soir-là tremblante et terrifiée, m’identifiant énormément à cette patiente, et sans avoir réellement eu la possibilité d’en parler par la suite.

Pourquoi avoir choisi la spécialité médecine générale ?
Pour moi, la médecine générale regroupe tout ce qui me plait dans la médecine et m’a attirée dans cette voie initialement. Tout d’abord, c’est la proximité avec les gens, le suivi tout au long de la vie. Les patients se tournent vers leur médecin pour solliciter des conseils, demander son avis concernant des prises en charge de spécialistes. Je n’avais pas conscience du degré de confiance dont le médecin généraliste est investi par ses patients. J’aime énormément la proximité avec les gens, discuter avec eux… c’est un aspect de la médecine très important pour moi.
Ensuite, il y a le fait que j’aime tout dans la médecine, de la gynécologie à l’ORL, de la pédiatrie à la gériatrie… tout m’intéresse, et je trouvais trop dommage de m’enfermer dans une spécialité d’organe où je perdrais énormément de connaissances. Par ailleurs, j’aime me challenger, réfléchir, et l’organisation de la médecine générale est telle que chaque jour est différent et imprévisible. Je ne voulais surtout pas de vie de service « plan plan » et répétitive avec des visites tous les matins, des contre visites les soirs avec des patients qui restent 3 semaines dans le service.
Enfin, l’attrait du libéral a énormément joué dans la balance. J’ai découvert la pratique en libéral pendant l’été 2021, et ça m’a énormément plu. J’étais en stage avec deux jeunes médecins généralistes, l’un prenait de longues pauses les midis pour aller s’entraîner en vue de compétitions de concours de saut d’obstacle qu’il faisait les weekends, et l’autre organisait son planning en fonction de ses obligations familiales. J’ai apprécié le fait que l’on puisse s’organiser comme on l’entend, en ne rendant de compte à personne d’autre que soi-même, contrairement à l’hôpital où on doit demander ses congés, s’arranger avec les collègues, avec des horaires fixes.

Avais-tu hésité avec d’autres spés ?
J’ai été convertie sur le tard à la médecine générale, pendant ma sixième année d’étude. Initialement, je suis entrée en médecine en souhaitant faire de la chirurgie orthopédique. Bien qu’appréciant énormément l’ambiance du bloc, son mode de fonctionnement, je me suis rendu compte que ça serait trop peu varié pour moi, trop répétitif.
En troisième année, je suis passée en réanimation, et ça a été le coup de foudre. La spécialité regroupait à la fois de l’urgence, des gestes techniques, une grande variété de pathologies, un exercice en équipe… Cependant, la nécessité de rester en établissement de santé et finalement une prise en charge initiale en réanimation toujours un peu répétitive me retenaient un peu. Globalement, à chaque stage que je faisais, je me posais la question de la spécialité. Je suis très bon public, j’arrivais toujours à trouver des points positifs à chaque spécialité.

Comment ton entourage a reçu le choix de ta spécialité ?
Très bien. Une de mes très bonnes amies m’a dit qu’elle pensait que c’était fait pour moi, que j’avais fait le bon choix. Dans ma famille, que des réactions positives à l’exception d’une de mes grands-mères qui s’est montrée surprise, me disant au téléphone que j’aurais pu faire n’importe quelle spécialité, alors pourquoi me contenter de la médecine générale ? Mais une fois que je lui ai expliqué les raisons de mon choix, rappelé que la médecine générale était une spécialité à part entière, qu’il était beaucoup plus difficile d’être pas trop mauvais en tout qu’excellent dans un tout domaine restreint, elle a mieux compris et profite bien de mes avis en cas de besoin.
Concernant les seniors, que des réactions positives et des propositions de conseils si jamais j’avais des questions sur leurs spécialités respectives ou d’avis pour des futurs patients. Un chef de réanimation avec lequel j’ai fait plusieurs gardes pendant l’externat, m’a dit sur le ton de la rigolade et en prenant quelques collègues à parti que j’étais son plus grand échec, car malgré tout le temps passé en réanimation avec eux, je n’avais pas été convertie à la spécialité. Il m’a également dit que si jamais je changeais d’avis, il serait ravi de travailler à nouveau avec moi et que je serais la bienvenue en réanimation.

Pourquoi est-ce une spécialité d’avenir ?
Je vois la médecine générale comme la spécialité de tous les possibles, les seules limites étant nos compétences et notre imagination. Les jeunes générations de médecins généralistes ont contribué à faire bouger l’image du vieux médecin de famille qui dort presque sur sa table d’examen et travaille de 7 heures du matin à 22 heures. Aujourd’hui, la spécialité redevient attractive par les possibilités qu’elle offre et sa flexibilité.
A ce jour, j’ai travaillé avec 4 médecins, les 4 ayant développé des compétences différentes. L’un fait du dépistage et de l’appareillage de SAOS et des infiltrations, une autre est médecin expert dans une association venant en aide aux femmes victimes de violences conjugales, un autre est médecin expert de l’assurance maladie.
Par notre proximité avec les gens, nous constituons une sorte de relais, permettant à la fois un premier contact avec le monde médical afin d’orienter les patients vers les spécialistes, mais également de gérer par nous-mêmes déjà nombre de leurs plaintes. Du fait de l’appauvrissement de la démographie médicale et de l’hyperspécialisation en vigueur chez les spécialistes d’organes, il me semble important que les généralistes s’impliquent le plus possible pour développer des compétences particulières, afin de désengorger des files d’attente déjà longues chez les spécialistes et faciliter la vie des patients dans les campagnes.
J’ai aussi remarqué que certains médecins généralistes s’adressaient mutuellement des patients en fonction de leurs compétences respectives, ce que je trouve assez cocasse, mais finalement logique.

Comment te vois-tu travailler plus tard ?
Je souhaite travailler en milieu rural, et apprendre la langue des signes afin de pouvoir mieux prendre en charge les patients sourds et malentendants, passer le DU d’échographie, me former pour la pratique des IVG en cabinet, passer en stage d’endocrinologie pour mon stage libre de troisième année afin d’apprendre à gérer au mieux les diabètes.

Comment vois-tu la réforme mettant en place une quatrième année d’internat ?
Je pense que c’est une erreur. La spécialité commence tout juste à remplir ses rangs, c’est devenu une des 5 spécialités les plus choisies au sein du top 1000 de l’ECN, et là tombe ce couperet. Des amis externes, auparavant convaincus de leur envie d’être médecins généralistes, ont commencé à se poser des questions.
Cette mesure me semble avant tout démagogique pour la population de zones sinistrées. Elle a été vendue comme une manière de leur apporter des médecins généralistes. Avant tout vote, se posait déjà la question de la pertinence de l’argument. Je doute que les gens veuillent réellement d’un médecin qui les suivra pendant six mois avant de partir une fois le stage terminé et laisser la place au suivant. De plus, depuis que la loi a été votée, il apparait que les internes de quatrième année n’iront que dans des structures pré-existantes, donc pas d’intérêt en termes de renforcement du maillage territorial en médecins.
Par ailleurs, l’argument de faire découvrir les territoires aux futurs médecins n’est à mon sens pas valable non plus. Je doute que des gens contraints d’aller passer six mois dans un endroit décident de s’y installer par la suite, ne serait-ce que par esprit de contradiction.
L’internat permet sans aucun doute de mieux nous former et aider à aborder les patients de la meilleure des manières, mais je ne vois pas l’intérêt de le rallonger avec des stages qui sont finalement déjà proposés dans les années précédentes. Je conçois que cela puisse rassurer certains étudiants, mais je pense qu’il faut se lancer, si on ne se sent pas prêt à l’issue des trois ans, je doute qu’on se sente prêt après seulement un an de plus. Se pose également la question du nombre des maîtres de stage, déjà limite pour accueillir externes, phases socles et SASPAS.

Comment convaincre les futurs internes à choisir cette spécialité ?
Je pense déjà qu’il faudrait laisser la possibilité de faire plus d’un stage en médecine générale pour ceux qui le souhaitent durant leur externat. En effet, pour certains, le stage de médecine générale ne s’est pas très bien passé, les menant à remettre en question leur projet de devenir généraliste. Pour ceux-là, pourquoi ne pas proposer un second stage ambulatoire ? Les stages d’externe sont un déterminant majeur dans le choix de notre spécialité, et se faire connaitre est essentiel.
Je pense également que la communication a un rôle à jouer important dans le processus décisionnel, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les journaux/sites médicaux. Typiquement, ce genre d’article est intéressant, car peut permettre à des jeunes gens hésitants de se retrouver dans les portraits d’internes présentés.

Comment se passent tes premiers pas d’interne ?
Les débuts de l’internat se passent très bien. Je suis actuellement en stage ambulatoire, j’ai commencé à réaliser des consultations seule. Cela me plaît énormément. J’apprends à la fois au contact des praticiens lors de leurs consultations propres, mais également des consultations que je fais seule et de mes débriefings avec eux. J’apprécie d’avoir commencé encore un peu « protégée » chez le praticien avant le grand saut dans les urgences cet été. J’ai fait le bon choix, c’est confirmé.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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