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Océane Pécheux, 31 ans : « Choisir la gynéco, ce n’est pas tout sacrifier ! »

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Océane Pécheux, 31 ans, est interne en gynécologie-obstétrique en cinquième année, à Lille. Après avoir lutté contre l’appréhension de choisir une spécialité dont tout le monde dit qu’elle est très stressante et épuisante, Océane n’a aucun regret. Passionnée par le bloc obstétrical, Océane nous raconte son métier, ses espoirs et ses difficultés. Un témoignage qui ne donne qu’une envie : foncer !

-Pourquoi avoir choisi la gynéco ?
-  Avant médecine, j’étais partie plusieurs fois en mission de solidarité internationale au Burkina Faso avec une association qui faisait de la construction de bâtiments scolaires et sanitaires, « Amitiés France Burkina Faso ». J’ai assisté là-bas à des accouchements qui se sont passés de façon dramatique… Je me suis rendu compte sur place de l’importance de l’obstétrique. En effet, cela reste la principale cause de mortalité de la femme jeune dans le monde et beaucoup d’ONG sont en recherche permanente de gynécologues. Au début de l’externat, je n’étais malgré tout pas encore sûre de mon choix. J’ai eu un déclic lors de mes premières gardes en gynéco, où j’ai vu une grossesse extra-utérine opérée le jour même. J’avais trouvé ça très impressionnant que ce soit le même médecin qui fasse l’examen clinique, l’échographie et l’intervention chirurgicale dans la foulée.

-Comment s’est déroulée votre première année ?
-  Horrible ! La pire année de ma vie, bien pire que l’internat. Je travaillais tout le temps, sauf le samedi de 19h à 23h et je ne m’autorisais que des pauses très courtes. La première fois, il me manquait seulement 70 places… du coup, j’ai redoublé assez sereinement. J’ai beaucoup mieux vécu la deuxième première année.

-Et les ECN ?
-  J’ai été moins bien classée que ce à quoi je m’attendais à l’issue des concours blancs. Il faut dire que je suis quelqu’un qui perd un peu ses moyens… J’ai pris un bêta-bloquant le jour d’une épreuve et ce n’était pas malin du tout ! Mon père est cardiologue et j’avais essayé de bien anticiper les choses, de faire des tests. Le jour des épreuves, j’ai pris un demi-comprimé le matin et un autre le midi. Mais j’ai une petite tension de base et l’après-midi, j’ai fait un malaise vagal. Je suis restée au moins 20 minutes dans le noir. J’ai perdu du temps sur mon épreuve. Heureusement, je n’ai pas été trop mal classée quand même, 1350. J’avais le choix entre toutes les villes et j’ai choisi Lille. Forcément, je me suis posé de nouveau des questions entre les résultats et le choix définitif… Pendant l’externat, on nous dit beaucoup que les gynécos sont tout le temps de garde et qu’ils n’en peuvent plus. Je n’étais pas sûre de vouloir tout sacrifier… Franchement, ce n’est pas la vérité, on ne sacrifie pas tout ! Je trouve que quand on est externe, on a beaucoup de mal à récupérer les informations sur comment ça se passera lorsqu’on sera interne et encore plus PH. C’est vraiment dommage de choisir sans avoir toutes les cartes en main.

-Quels stages avez-vous particulièrement appréciés ?
-  J’ai beaucoup aimé mon stage au CH de Calais car dans les stages en périphérie, on peut faire à la fois de l’obstétrique et de la chirurgie, selon les jours, on est vite autonomes. J’ai fait aussi des stages en CHRU, où l’on rencontre des situations plus rares, des cas extrêmement intéressants, avec par exemple des transfusions in utero. Maintenant, avec la réforme du DES, les internes vont avoir moins accès aux stages dans les hôpitaux périphériques car ils doivent passer obligatoirement 5 fois au CHU.

-Comment gérez-vous la pression, le stress, au quotidien ? Et quelles ont été les situations les plus stressantes à gérer lors de vos stages ?
-  En début d’internat de gynécologie, on est nombreux à se poser la question du droit au remord après avoir été confrontés à des situations difficiles. La pression n’est pas toujours facile à gérer mais plus on est formé, plus on a les bons outils pour répondre à ces situations. Alors que j’étais interne de deuxième semestre, j’ai vu une femme en tout début de grossesse avec des métrorragies. A l’échographie, je pensais avoir un sac endo-utérin qui prouvait la grossesse intra-utérine. Cette femme voulait un bébé depuis très longtemps et j’ai été très rassurante avec elle… En fait c’était un piège échographique : un épanchement de sang, dit « hématométrie », et non pas un sac de grossesse. La patiente a été reconvoquée le lendemain et opérée dans la foulée de sa GEU. Je ne me suis plus jamais fait avoir par la suite. Sinon, j’ai comme tout le monde eu des déchirures du périnée assez importantes et je me suis trituré le cerveau pendant des jours ensuite en me demandant comment j’aurais pu faire autrement. C’est une spécialité dans laquelle on se retrouve face à des situations personnelles difficiles, avec des naissances de bébés malformés, de longs parcours d’infertilité… c’est parfois dur émotionnellement. Sur ma promo de 14 internes, trois ont eu recours au droit au remord pour changer de spécialité.

-Dans quel type d’exercice vous projetez-vous ?
-  Plutôt hospitalier, mais pas universitaire. J’aimerais bien garder une activité un peu mixte, faire un peu de tout sauf de la PMA. Moi ce que j’aime c’est le bloc obstétrical et aussi le diagnostic anténatal (mais il y a très peu de postes, 2 par région environ). Je sais que je ne pourrais pas avoir un poste à Lille, mais je vais sans doute aller à Douai. Je me projette assez bien dans cet exercice. C’est vrai qu’on travaille beaucoup, les 48 heures par semaine sont très souvent dépassées. Pendant ma grossesse, je suis passée de 80 heures par semaine au début, à 48 heures depuis peu… En tant que PH ou assistant, on a droit à 9 semaines de congé par an. On n’arrive pas toujours à tout prendre, mais si on n’y arrive pas, on a du temps additionnel. Mais je connais aussi beaucoup de gynécos qui, après leur post-internat, ont arrêté complètement l’obstétrique et se sont installées en cabinet de ville pour avoir un emploi du temps plus compatible avec leurs enfants. Mais je trouve ça un peu dommage de s’être autant formé en obstétrique pour finalement ne faire que de la consultation…

-Trouvez-vous compliqué de concilier votre internat et votre vie personnelle ?
-  Je suis enceinte de 7 mois, ce sera mon premier enfant. En gynécologie, nous sommes nombreuses à avoir des enfants pendant l’internat car c’est beaucoup plus facile que pendant le post-internat, pendant lequel nous sommes un nombre limité d’assistants ou de chefs de clinique pour remplir le tableau de gardes. Pendant l’internat, les internes enceintes ont accès au surnombre, c’est une vraie chance ! L’ARS crée un poste pour nous où on veut, on ne perd pas notre salaire d’interne et on peut prendre notre congé maternité. On valide notre stage si on est présent 4 mois sur les 6 mois du semestre. On peut être dispensée de gardes à partir de 3 mois de grossesse. Mais moi j’ai continué à en faire, c’était mon choix.

-Quels conseils donnez-vous aux étudiants intéressés par votre spécialité ?
-  En conférence, je leur dis toujours que je n’ai aucun regret et que j’adore mon métier. Les champs d’action peuvent être très variés au cours de la vie : imagerie, chirurgie, médecine fœtale, diagnostic anténatal, etc. La courbe de progression est assez rapide car on nous laisse en autonomie très tôt. Du point de vue de la recherche, la santé des femmes commence à beaucoup se développer alors qu’elle n’intéressait que très peu de monde pendant des années. Les publications s’accélèrent. C’est aussi une spécialité très humaine où on vit des moments privilégiés avec les patientes. Je pense qu’il faut faire gynéco si on en a envie et ne pas avoir trop peur des on-dit.

La maquette du DES de gynécologie-obstétrique
Phase socle :
-  1 stage en gynécologie-obstétrique
-  1 stage libre
Approfondissement
-  3 stages en gynécologie obstétrique
-  2 stages dans l’une des autres spécialités de la discipline chirurgicale
-  1 stage libre
Consolidation
2 stages d’une durée d’un an

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  • Sophie Cousin
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