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« Objectif : un enseignant pour 30 étudiants de médecine générale »

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La bataille pour davantage de maîtres de stage est presque gagnée. Reste à leur octroyer des moyens supplémentaires. En revanche, celle pour la 4ème année de DES de médecine générale bat son plein. Le Dr Anas Taha président du Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) nous en explique les tenants et les aboutissants. Et réclame davantage de postes d’enseignants en médecine générale, pour combler un peu l’écart avec les autres spécialités.

-Comment êtes-vous arrivé à la tête du SNEMG ?
-  J’ai été diplômé en 2012 de la faculté de médecine de Créteil. Puis j’ai été deux ans chef de clinique et deux ans assistant universitaire. Depuis 2018, je suis maître de conférences associé de médecine générale à l’université de Créteil. Mon élection à la présidence du SNEMG a eu lieu en novembre 2015, date à laquelle j’ai succédé à Matthieu Calafiore. J’ai été très bien accueilli par toute l’équipe du SNEMG, ce qui nous a permis de faire avancer de nombreux dossiers.

-Aviez-vous depuis longtemps le souhait d’un investissement syndical ?
-  Cela ne faisait pas partie de mes préoccupations au début de mes études. Lorsqu’on devient interne, on se rend vite compte de ce qui manque. Les maîtres de stage des universités (MSU) racontent leurs difficultés pour se former et pour encadrer des étudiants très nombreux. Et l’on perçoit une indifférence, voire un mépris, pour leur exercice de la part des tutelles et de l’hôpital. Pourtant, ce sont bel et bien les MSU qui forment les internes à la médecine générale et leur donnent envie de s’installer sur un territoire. L’hôpital a plutôt tendance à vouloir recruter lui-même les futurs médecins. Je ne vous raconterai pas les messages de certains de mes confrères, à la limite de la correction, au moment où le SASPAS est devenu obligatoire. En prétextant que les internes seraient moins bien formés en dehors de l’hôpital, ils se cachaient à peine du motif réel de leur opposition : leur souhait de pouvoir continuer à disposer d’une main d’œuvre bon marché. La reconnaissance de la maîtrise de stage a été très tardive et sa rémunération bloquée pendant longtemps. C’est une victoire pour les MSU de voir leur activité reconnue dans la convention médicale en tant qu’objectif de santé publique.


-  Quel est le nombre actuel de maîtres de stage en médecine générale ?

-  Cela progresse énormément. On est aux alentours de 10 700 maîtres de stage, soit une augmentation de 17% en un an. Il faut saluer l’implication des départements de médecine générale et des collèges de maîtres de stage pour proposer des formations malgré un manque de moyens scandaleux ! On recrute aussi maintenant chez les jeunes, qui apprécient beaucoup de faire de l’encadrement. C’est une tendance de fond très positive dans un paysage caractérisé par de nombreux départs en retraite de médecins généralistes. Certaines facultés qui avaient toujours traité les maîtres de stage avec mépris se prennent maintenant d’intérêt pour leur formation. Ce sont surtout pour des raisons financières car la formation à la maîtrise de stage constitue un marché pour eux mais on va dire que c’est déjà un progrès. Plus personne ne doute que l’on atteindra l’objectif de 12 000 maîtres de stage.

-  Quels moyens supplémentaires demandez-vous pour former les maîtres de stage ?

-  La première mesure simple serait d’augmenter l’enveloppe hors quota dans l’enveloppe DPC pour la maîtrise de stage. Ces formations ont été divisées par deux il y a quelques années alors que les besoins en maîtres de stage augmentaient. Certains collèges continuent de nous signaler que des MSU qui souhaitent se former ne peuvent plus le faire car ils ont consommé leur enveloppe. Actuellement, on ne peut faire qu’une formation tous les 3 ans ce qui est tout à fait insuffisant. D’autant plus qu’on n’accueille pas de la même façon externes et internes qu’ils soient en stage de niveau 1 ou SASPAS. La deuxième mesure évidente serait de permettre aux maîtres de stage d’avoir accès aux ressources bibliographiques de la faculté de médecine. L’argument administratif qui nous est opposé cache mal le manque de volonté politique des universités. Maintenant que les maîtres de stage commencent à être salariés, nous demandons à ce que cela change ! A terme, une grande majorité de maîtres de stage seront salariés, car le régime est nettement plus avantageux que les indemnités pédagogiques versées actuellement.

-Quels est l’intérêt pour les jeunes médecins à devenir maître de stage ?
-  Cette pratique permet d’avoir quelqu’un avec soi, de transmettre ce qu’on a acquis et d’aider les jeunes à se construire en tant que médecin. Ce n’est pas anodin. Cela contraint les MSU à se tenir à jour en permanence. En cela, la maîtrise de stage devrait être reconnue comme une pratique de développement professionnel continu. J’ajoute que certaines études montrent que le vécu de sa pratique professionnelle est bien meilleur chez les médecins qui sont maîtres de stage que chez ceux qui ne le sont pas.

-  Cela ne prend-t-il pas beaucoup de temps au début ?

-  Oui, c’est une pratique qui prend du temps, c’est pourquoi elle doit être indemnisée. Malgré tout, les MSU y trouvent un épanouissement certain. Si certains jeunes médecins hésitent à se lancer, je leur conseillerais tout simplement d’aller discuter avec des MSU déjà en activité.

-  En 2018, il y avait un enseignant de médecine générale pour 86 étudiants. Cet écart s’est-il réduit ?
-  Il se réduit trop lentement. La filière n’a clairement pas les moyens des objectifs qu’on lui fixe. Dans les autres disciplines, le ratio est d’un enseignant pour 10 étudiants en moyenne ! C’est très révélateur du manque d’arbitrage en faveur de la médecine générale. Le souhait de la filière est d’arriver à un enseignant pour 30 étudiants, puisque un sur 10, ce n’est pas réalisable.

-Où en sont les discussions sur la mise en place d’une 4ème année de DES de médecine générale ?
-  Le SNEMG a été l’une des premières organisations à défendre cette idée. Très vite, de nombreuses personnes ont dit que cela ne fonctionnerait pas car il n’y aurait pas assez de maîtres de stage. Maintenant que ce sujet n’est plus une préoccupation, le débat autour de la 4ème année se déplace sur d’autres questions.

-  Quels seraient les objectifs de cette 4ème année ? En quoi est-elle importante pour les futurs médecins généralistes ?

-  L’objectif est évidemment pédagogique. Actuellement, à la fin de leur formation, les diplômés en médecine générale ne se sentent pas suffisamment prêts pour s’installer. L’objectif est d’aller plus loin dans la professionnalisation : leur apprendre à gérer leur comptabilité et leur fiscalité, à monter un projet de santé sur un territoire (CPTS…), à identifier les ressources sur un territoire (ARS, Ordre départemental…), tout en construisant le reste de leurs compétences.

-  Quels sont les arguments des opposants ?
-  Je ne trouve pas qu’il y ait d’opposants affirmés parmi les représentants avec qui nous discutons mais il y a des craintes chez certains. La première d’entre elles est de transformer cette 4eme année en remplacement déguisé, à l’instar de ce qui peut se passer à l’hôpital. Ce n’est bien entendu pas le souhait des MSU. Si l’on admet que les internes doivent se former à gérer leur comptabilité, il faut bien entendu qu’ils puissent encaisser tout ou partie des actes qu’ils réalisent. On est loin du remplacement déguisé. D’autres craignent un manque d’enseignants statutaires (professeurs, maîtres de conférences, chefs de clinique). Si ceux-ci restent peu nombreux, on peut raisonnablement espérer qu’une 4eme année s’accompagne d’un effort des tutelles sur le nombre de nominations car les candidats sont nombreux. Une autre crainte que j’entends depuis peu est la diminution du nombre de médecins dans les territoires, en particulier de remplaçants, qu’entrainerait la 4eme année. Ce n’est pas très convaincant car la 4eme année se veut ambulatoire. Elle entrainera donc une arrivée importante de médecins qui seront désormais dans les territoires plutôt que dans les hôpitaux. Il y a aussi le conservatisme. Certains ne comprennent pas l’intérêt d’une 4eme année à un cursus qui n’en mérite même pas 3 ! Dire cela, c’est ignorer toutes les missions nouvelles de la médecine générale dans le système de santé. Peut-on affirmer que le médecin généraliste est à la fois le pivot du système de santé tout en étant le moins formé ? Il y a beaucoup d’émotionnel dans ce débat.

-Où en sont les discussions ?
-  Elles se poursuivent mais les tutelles ne sont pas très volontaires… Pourtant, à l’heure où les attaques contre la liberté d’installation se multiplient, cette 4ème année dans les territoires empêcherait toute coercition et inciterait naturellement les médecins à s’installer. On a toujours tendance, dans les facultés de médecine, à véhiculer l’idée selon laquelle finir médecin généraliste en campagne, c’est pour les plus mauvais… Au contraire, c’est pour les meilleurs !


-  Quels conseils donnez-vous aux étudiants qui veulent devenir médecin généraliste, compte-tenu de toutes les réformes en cours actuellement ?

-  Je leur dirais de rester concentrés sur l’essentiel, à savoir que la médecine générale reste la discipline qui prend en charge le patient dans sa globalité : ses problèmes de santé dans son contexte social, économique, psychologique et relationnel. C’est ce qui confère à la discipline toute sa richesse. Cet abord de la médecine permet de se sentir plus humain.

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  • Sophie Cousin
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