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Maxime : un kiné bientôt médecin

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Maxime est kiné avec un CV déjà bien fourni. Déterminé, il est aussi organisé que brillant. Il explique à remede.org son parcours, ses choix et son avenir.

Remede.org — Peux-tu te présenter ?

Maxime — J’ai 34 ans, j’habite à Paris, mais j’ai repris mes études de médecine à Rennes. J’ai obtenu un bac scientifique en 2005 avec une mention bien à Paris.

Peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Tout de suite après le bac, je me suis inscrit en PCEM1, désormais Paces à l’UPMC (Université Pierre-et-Marie-Curie, nouvellement Sorbonne Université) et lors du classement à ma deuxième tentative, j’ai eu le choix de continuer soit en masso-kinésithérapie, soit en maïeutique. J’ai alors commencé mon cursus masso-kinésithérapie qui a duré 3 ans à Paris et j’ai obtenu mon diplôme d’État en 2010. Par la suite j’ai continué de me former en thérapie manuelle, j’ai obtenu un diplôme d’université d’ergonomie ainsi qu’un diplôme d’ostéopathie.
Très rapidement après mon diplôme, j’ai eu l’opportunité d’enseigner et de participer à des missions d’ergonomie ce qui m’a permis de diversifier ma pratique et de développer de nouvelles compétences. Entre 2017 et 2018, j’ai étudié les sciences de l’éducation en parallèle de mon activité professionnelle et j’ai obtenu un master 2. Ceci m’a permis à la fois de maîtriser les concepts de la pédagogie, du management d’apprenants, de la communication pédagogique, mais aussi de crédibiliser et d’enrichir mes activités d’enseignements au sein des écoles de masso-kinésithérapie dans lesquelles j’interviens.

Pourquoi avoir fait kiné ?

J’ai toujours eu envie de devenir médecin : le prestige même si on nous répète que cela ne devrait pas être une motivation, mais aussi l’étendue du champ d’action, la responsabilité et le fait d’intervenir en première ligne dans la prise en charge du patient.

Avant l’obtention de mon classement, la raison avait parlé : je choisirai quelque chose qui se rapproche le plus de la pratique médicale. Je n ’ai pas eu médecine, je n’ai pas eu odontologie, j’ai eu le choix entre kiné et sage-femme. Ma fierté mal placée à probablement fait le reste, je ne voulais pas travailler dans un environnement qui m’exposerait à des médecins qui, même malgré eux, me rappelleraient que je n’ai pas réussi. Surtout quand on sait que le système passe à côté de plein de potentiels bons médecins à cause d’une méthode de sélection inadaptée. J’ai choisi le cursus rééducatif plutôt que la filière maïeutique.

De plus, à cette période j’étais en couple avec une personne qui suivait le cursus de masso-kinésithérapie et ce que je voyais du métier me plaisait.

Qu’est-ce que tu as le plus apprécié dans ton métier de kiné ?

En premier lieu, je dirais le contact avec les patients : jusqu’à preuve du contraire, le kiné est le professionnel de santé qui a non seulement la chance de passer énormément de temps avec ses patients, mais en plus, dans la majorité des cas, de pouvoir discuter avec eux alors même qu’il leur dispense le traitement ou les fait travailler.

Ensuite vient la diversité de la pratique, à la fois d’un point de vue thérapeutique, mais aussi d’un point de vue général. J’ai énormément apprécié le fait de pouvoir prendre en charge au cours de la même journée, 3 épaules, 2 genoux, 4 rachis lombaires, 2 adducteurs, 2 paires de poumons, un système nerveux central, vous aurez évidemment compris que je parle de « patients qui souffrent de… ». Ce métier demande des connaissances dans à peu près tous les systèmes et couvre à peu près toutes les spécialités médicales et chirurgicales. C’est extrêmement gratifiant de développer ses connaissances professionnelles quand on se confronte à la prise en charge rééducative de patients.

J’ai rapidement aspiré à diversifier mes activités, donc sur la fin, je me suis retrouvé avec plein de casquettes différentes : praticien en cabinet, praticien en foyer d’accueil médicalisé pour personnes polyhandicapées, enseignant en formation initiale, formateur en formation continue, ergonome, conseiller départemental de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes ; toutes ces activités se nourrissaient les unes des autres et je pense que cela tirait ma pratique vers le haut. Au cours de la même journée, je voyais des patients au cabinet, puis je faisais une vacation au foyer, je donnais un cours à mes étudiants, quelques domiciles puis une conciliation au conseil de l’ordre entre un patient et kiné qui avaient un différend ; Dieu que c’était riche !

Pourquoi avoir voulu faire médecine ?

Pendant et après ma formation en kinésithérapie, l’idée de reprendre médecine ne m’a jamais vraiment abandonné. J’ai enterré plusieurs fois le projet et ce fut aussi sûrement le moteur de tous les autres que j’ai réalisé par la suite.

Après mon diplôme d’État, je m’étais fixé des objectifs de carrière et plus le temps passait, plus je « cochais les cases » de ces objectifs. Après 5-6 ans de pratique je me suis posé la question de mon avenir.

Je suis parti en Islande l’été 2015, et ce voyage m’a bouleversé. Je suis revenu en me disant qu’il ne fallait pas que j’abandonne mes rêves. J’ai tout d’abord rouvert le dossier pilote de ligne et je me suis reconfronté, pour la première fois depuis mon adolescence, à la visite médicale ophtalmologique des personnels navigants. Je suis même allé jusqu’à Londres pour rencontrer le consultant ophtalmologiste de l’aviation civile anglaise, car leur vision de la réglementation est plus pragmatique qu’en France et ce fut un nouveau refus.

En janvier 2016, la grande conférence de la santé a été lancée, et Manuel Valls annonçait que les professionnels de santé paramédicaux devraient pouvoir reprendre le cursus médical via une passerelle. La concomitance des événements était trop belle et cela réveilla de nouveau en moi l’envie de reprendre le cursus médical.

Je m’inscris une première fois en septembre 2016 pour le master 2 en sciences de l’éducation qui fut annulé et reporté d’un an. Entre septembre 2017 et juin 2018, je reprends ce cursus et j’obtiens mon master 2. Les professionnels de santé ont pu se présenter à la passerelle santé à partir de 2018. À partir du moment où j’avais décidé de me présenter à la passerelle, les vannes étaient ouvertes et je serais dédié à la réussite de ce nouvel objectif.

Comment s’est passée la passerelle ?

J’ai fait deux tentatives : la première à Paris, la deuxième à Rennes. Pour les deux, la procédure est assez simple : première étape un dossier avec une lettre de motivation et des justificatifs, deuxième étape si on est retenu : le « grand oral ». La constitution du dossier était assez aisée à chaque fois, le plus dur étant la lettre de motivation, il faut dire beaucoup avec le minimum de mots afin de ne pas submerger le jury d’une énième lettre de 12 km de long.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?

L’ascenseur émotionnel n’était pas le plus agréable non plus, on doute, on réfléchit, on se fait peur, on rêve, on y croit, on espère… Je dirais que l’oral n’est pas non plus une grande partie de plaisir, même si pour moi cela n’aurait pas dû être un problème compte tenu des enjeux, les deux ont été douloureux ; ce furent de vraies expériences de vie desquelles j’ai su tirer certains enseignements.

Comment gères-tu tes études et ta vie perso/pro ?

Je fais les allers-retours, ce qui me permet d’être chez moi en fin de semaine pour repartir à Rennes le lundi en général. La chose que j’avais le moins anticipée est la lourdeur logistique et émotionnelle de vivre à deux endroits différents et loin de son conjoint. Ce n’est pas tellement la nouvelle routine qui est pénible, mais vraiment cette charge mentale en plus de ne jamais vraiment être posé, calme. Mon conjoint est complètement partie prenante et motrice de mon projet, il est à fond derrière moi et me voit prendre du plaisir à faire ce que je fais. D’un point de vue professionnel, j’ai presque tout cessé, je garde encore quelques créneaux d’enseignement pour mon plus grand plaisir. J’avais beaucoup économisé pour ce projet.

Quels peuvent être les freins pour entamer une passerelle pour des études longues ?

Je ne sais pas comment font ceux qui ne l’ont pas anticipé, mais dans ma tête, j’avais besoin d’avoir une réponse logistique et matérielle à toutes les questions que je pouvais avoir lors de la préparation de ce projet. Donc j’ai préparé un « plan de financement » avec des tableurs Excel, un rétroplanning pour savoir quand je devais déclencher telle ou telle résiliation/action/démarche. Cela a beaucoup participé à la sérénité de ma reprise d’étude.
Clairement, je pense que quand tu as une vie déjà bien lancée avec un crédit immobilier, une voiture, des impôts, etc., les finances doivent être prévues.

La deuxième chose à laquelle je pense est l’humilité et la disponibilité nécessaires pour apprendre plein de choses dont on sait qu’elles n’ont aucun intérêt en pratique quotidienne. Mais puisqu’on est dans une faculté, il faut savoir revenir à l’apprentissage des savoirs fondamentaux parce que c’est là que le savoir se garde, se crée et s’entretient.

Il ne faut absolument pas sous-estimer le travail et l’énergie que cela demande de changer de façon d’apprendre des choses. Quand on est un professionnel, on apprend des nouvelles choses à l’usage, voire à l’usure ; en faculté et surtout en faculté de médecine, on apprend des nouvelles choses parce que c’est comme ça.

As-tu des regrets aujourd’hui ?

Aucun à part comme disent tous ceux qui ont entamé une reconversion, celui ne pas l’avoir fait plus tôt.

Quelle spécialité souhaiterais-tu faire ?

Passionné d’enseignement, initialement masseur-kinésithérapeute, titulaire d’un master 2 en sciences de l’éducation, j’aimerais continuer vers une thèse de doctorat et envisager une carrière hospitalo-universitaire dans le champ des pathologies du mouvement et de son apprentissage. Je souhaiterais garder une continuité dans mon cursus.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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