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Maïeutique : Jean Bernard Guillou, un sage parmi les sages-femmes

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Jean Bernard Guillou est une « sage-femme » heureuse. Après des années d’études et d’exercice éprouvantes dont des gardes particulièrement difficiles émotionnellement, il a pris une disposition de six mois. Avec son amie interne en gynécologie obstétrique, ils ont mis le cap vers l’ Asie du sud-est pour des vacances bien méritées... Pour remede.org entre deux escapades, il revient sur ses souvenirs et les perspectives de son métier.
21 000 de sages-femmes exercent en France dont seulement 1% d’hommes.

Comment se sont passées tes études ?

J’ai suivi mes études à l’école de sages-femmes de Brest entre 2007 et 2011 après une première année de médecine avant qu’elle ne devienne la Paces. La formation, qui alterne des cours et des stages dans différents services, nous confronte tout de suite à la réalité du terrain et à nos futures responsabilités.

As tu choisi le métier de sage-femme par vocation ?

Non, c’était un choix raisonnable par défaut. Je n’étais tout simplement pas admissible ni en odontologie ni en médecine. Je me suis renseigné sur le métier de sage-femme et surtout j’ai assisté à un accouchement. Et il s’est avéré que l’idée « rose bonbon » que je me faisais du métier était totalement fausse. Aujourd’hui, si le choix m’était donné, je choisirai ce métier.

Quel a été ton parcours depuis ton diplôme ?

J’ai commencé par exercer comme vacataire dans une clinique privée dans la région de Brest. Mais au bout de six mois, je suis parti car les méthodes de travail du privé ne me convenaient pas. J’ai intégré l’équipe du CHI André Grégoire à Montreuil en 2012 et j’y suis toujours. C’est un établissement public de niveau 3 (avec une réanimation pédiatrique pouvant prendre en charge la prématurité) en Seine-Saint-Denis. Il réalise un peu plus de 4000 accouchements par an. L’ambiance y est très bonne malgré le rythme soutenu.

Comment vis tu ton métier ?

Je le vis très bien, je vais au travail avec le sourire. J’aime mon métier et la façon de travailler avec les équipes médicales et paramédicales. La bonne entente et l’écoute sont au centre de nos méthodes de travail. J’aime aussi l’autonomie, souvent méconnue, dont nous disposons. Nous n’avons pas besoin d’être accompagnées par un médecin lors de la réalisation d’un accouchement eutocique, nous sommes aptes à réaliser la réanimation d’un nouveau né et nous pouvons prescrire une contraception. Une sage-femme peut aussi prendre en charge la gynécologie de ville et l’échographie et exercer dans un service de diagnostic prénatal. Bref, les possibilités d’exercice sont très nombreuses.

Qu’aimes tu dans ton métier à l’hôpital ?

C’est le mélange de technique, de rapports humains dans un moment particulier, et souvent dans l’urgence.
Je travaille essentiellement en salle de naissance. Nous sommes en quelque sorte des soldats de première ligne : nous accueillons les patientes, effectuons un diagnostic et prenons des décisions. Si nous dépistons une situation pathologique, nous travaillons en synergie avec les médecins et les internes de l’hôpital.
J’apprécie beaucoup le rapport humain dans un département comme la Seine-Saint-Denis où il existe une une mixité importante de population au niveau des origines et du milieu social. C’est très enrichissant de partager cet événement de l’accouchement avec des personnes qui ont des expériences de vie différentes.
Enfin, j’aime l’adrénaline ! L’urgence fait partie intégrante du travail en milieu hospitalier : nous accueillons des patientes qui sont en bonne santé à leur arrivée mais certaines situations peuvent se dégrader très rapidement. C’est dans ces moments là que l’on se rend compte de l’importance du travail en équipe.

Qu’est-ce qui est difficile dans l’exercice de ce métier ?

La prise en charge de patientes avec des pathologies graves ou des nouveaux nés naissant très prématurés n’est pas toujours facile à gérer que ce soit au plan organisationnel ou au plan émotionnel.
Mais heureusement, nous recevons parfois des petits mots de patientes ou certaines reviennent nous voir pour nous remercier. Cela fait toujours plaisir et rend compte de l’importance de notre métier.
Parfois, je me heurte au refus d’une femme ou d’un couple d’une prise en charge par un homme pour des raisons religieuses, culturelles, … Je suis assez ferme sur la question, premièrement car nous sommes dans un hôpital public et pour ne pas surcharger mes collègues femmes.

Un homme apporte t-il quelque chose de différent ?

Cela peut faire sourire qu’un homme soit sage-femme. Mais
l’accouchement n’est pas une affaire de femmes. D’ailleurs en salle de naissance, l’équipe de médecins est plus masculine que féminine. Le fait d’être un homme permet d’avoir un certain recul notamment par rapport aux douleurs et aux demandes des patientes. De ce fait, ils peuvent apporter un équilibre assez sain dans la relation patient-soignant. Par ailleurs, il nous est plus facile de communiquer avec les futurs pères en faisant en sorte qu’ils soient acteurs de l’accouchement. J’ai d’ailleurs souvent une relation privilégiée avec eux.
Les patientes, souvent étonnées de ma qualité de sage-femme, se montrent le plus souvent ravies et amusées. Une partie d’entre elles peut être gênée mais je fais toujours en sorte de diminuer cette gêne en respectant leur intimité.
En général, je détends bien l’atmosphère avec quelques blagues et les relations deviennent exceptionnelles.

Comment se passent les relations avec les médecins et les sages femmes ?

Nous faisons partie du personnel médical et non para-médical comme le supposent souvent les gens. En salle de naissance, il existe quatre équipes médicales à part entière : les anesthésistes, les pédiatres, les obstétriciens et les sages-femmes. Chaque spécialité à son rôle à jouer de façon indépendante et collective. Le rôle des équipes para médicales est très important aussi. Ce sont ces liens avec tous qui rendent l’exercice du métier très intéressant. Travailler avec une équipe de sages femmes très majoritairement féminine apporte une diversité de points de vue sur une situation. Il existe une vraie entraide entre nous. Personne n’est jamais seul sur une situation délicate.
Avec les médecins, l’entente se passe très bien. Nos métiers sont complémentaires. Ils sont présent dès que nous avons besoin d’eux et sont à l’écoute de nos problèmes. Il est possible d’avoir une réelle discussion avec eux même si nous ne sommes pas d’accord avec une prise en charge. Les décisions sont prises conjointement entre les deux équipes.

Quel est ton salaire ?

Au début à l’hôpital, il était environ de 1700 euros par mois ; aujourd’hui je gagne, avec quatre ans d’ancienneté et avec les primes (nuit, dimanche, ...) autour de 2200 euros par mois.

A quel rythme travailles tu ?

Je travaille sur une base de 36 heures par semaines. Ces heures étant annualisées, je peux travailler jusqu’à 60 heures certaines semaines et 24 heures d’autres semaines. J’alterne des « gardes » de 12h de jour ou de nuit. Le planning de base est le suivant : jour puis nuit, puis 3 jours de repos.

Quelles sont tes perspectives ?

J’ai accès à différents diplômes universitaires. Aujourd’hui, j’aime beaucoup trop la salle de naissance pour m’en séparer.
A l’avenir, pourquoi pas réaliser un diplôme universitaire de sexologie et de prise en charge adaptée pour les femmes victimes de violences ou le DU de suivi gynécologique et de contraception ?

Quels conseils donnes- tu pour réussir ses études ?

S’investir surtout pendant les stages en milieu professionnel même si on a l’impression de ne pas être à sa place, de ne rien comprendre. Il est important de se donner à fond et d’y croire. Le compagnonnage est la base de notre apprentissage pratique. Pour la partie théorique des études, il faut être curieux, travailler régulièrement et prendre en compte les avis et conseils des enseignants. Pour s’épanouir, je conseille de s’investir dans une activité extra-scolaire comme dans les associations étudiantes (pour ma part, j’ai fait partie du bureau national des étudiants sages-femmes tout en étant élu étudiant à l’université de Bretagne Occidentale (UBO) pour le compte de la fédération des associations étudiantes de Brest. Une expérience quelque peu chronophage, mais très enrichissante.

Propos recueillis par Marie-Laure Wallon

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