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Luc, interne en gériatrie : « Il n’y a pas de mauvaise spécialité, mais il y a beaucoup de mauvais jugements »

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Luc est troisième de la promotion issue des ECNi 2019 à avoir choisi la spécialité gériatrie, l’un des nouveaux DES de la réforme. Il nous explique son parcours et ses choix.

Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Comme la majorité des étudiants en médecine, j’ai eu bac S. Puis j’ai fait ma Paces à Toulouse que j’ai eu en primant. Le master 1 est facilement accessible et recommandé donc j’ai passé les options pendant la 2e et 3e année.

Pourquoi avoir choisi de faire médecine ?
C’est d’abord une forte attirance pour les sciences qui m’a poussé vers cette filière. Je cherchais aussi un domaine où je pouvais me sentir utile envers les autres. Plus qu’un métier de rêves, je voulais m’orienter vers des études qui cumulaient le maximum de mes critères, mais semblaient aussi offrir une grande diversité de choix d’orientation si je venais à changer d’avis ou échouer.

Comment se sont passées tes études en médecine ? Quels sont ton pire et ton meilleur souvenirs ?
Dans l’ensemble, plutôt bien. Il y a eu des moments compliqués qui je pense ont été les mêmes pour la plupart des étudiants. Même si j’ai toujours beaucoup aimé apprendre, la déconnexion entre la théorie et la mise en pratique, principalement durant le premier cycle, a parfois été compliquée, mais l’arrivée des stages m’a permis de m’épanouir pleinement dans mes études.
Mon pire souvenir concerne un patient SDF aux urgences. Sur le moment j’ai été choqué par notre prise en charge que j’avais trouvée insuffisante. Avec le temps, je me suis rendu compte que c’était le sentiment de résignation du personnel soignant. Le manque de temps et de moyens à consacrer à certains patients, malgré l’envie de le faire, c’est ce qui m’a le plus perturbé. Si j’ai détesté cette sensation d’abandon, j’ai surtout eu extrêmement peur que cela devienne la norme.
Mon meilleur souvenir est ma participation à l’hôpital des nounours. J’ai trouvé ce projet fantastique. Il réunit tout ce que nos études devraient contenir, de l’inter-filières, des qualités humaines, de la santé publique, une ouverture au public. Avoir la possibilité de faire de la prévention, de m’investir pleinement dans un projet concret de santé publique à un moment de mes études où je n’avais accès qu’à de la théorie pure m’a vraiment fait du bien et m’a conforté dans mes études.

Comment as-tu vécu les ECNi ?
Mal. À l’image de la D4, j’ai toujours eu la sensation de ne pas être assez bon, pas assez bien préparée, que j’aurais dû faire plus et mieux. Même quand on pense qu’on va s’en sortir, on retient toujours ses échecs. Même si je savais que ma spécialité était peu demandée, j’avais toujours la crainte de regretter un manque d’implication pour les ECNi face à un classement insuffisant que ça soit pour un changement d’orientation ou les choix de stages pendant l’internat.

Quand as-tu fait le choix de la spécialité gériatrie ? As-tu hésité avec d’autres spécialités ?
Je dirais que c’était au début de ma D4 durant un stage en gériatrie. Mais j’étais déjà hésitant depuis plusieurs mois. Ma première idée c’était l’oncologie après un stage que j’avais adorée. Mais la spécialité m’a semblé trop thérapeutique et trop spécialisée avec le temps. La médecine générale m’attirait aussi beaucoup, mais j’avais peur de me perdre dans sa diversité et de ne jamais être satisfait de ma façon de travailler. Mon choix s’est principalement fait en éliminant les spécialités qui ne m’attiraient pas du tout puis en pesant le pour et le contre pour celles restantes. Même après les résultats du classement, mon choix restait identique.

Pourquoi souhaites-tu devenir gériatre ?
Cette spécialité a pour moi les qualités propres à la médecine générale concernant la prise en charge globale du patient, ce que je n’ai jamais retrouvé dans une spécialité d’organe. Mais on a aussi l’avantage d’être plus spécialisé dans un domaine, on est capable de s’occuper d’une, deux voire trois lignes de prise en charge avant de s’avouer dépasser et de passer la main à un confrère. C’est aussi une des rares spécialités où la première question est la qualité de vie, c’est le patient qui est véritablement au centre des soins et non sa pathologie. C’est aussi une spécialité qui est très flexible autant professionnellement (libéral, hôpital, recherche...) que dans sa formation, on peut toujours se spécialiser dans un ou plusieurs domaines sans quitter la pratique générale. Enfin les personnes âgées sont, de loin, les patients les plus passionnants. Cliniquement d’abord parce que les problématiques sont diverses et atypiques, assez semblables à la médecine interne, mais aussi à titre personnel parce que les patients ont une vie souvent bien remplie et beaucoup de choses à nous apprendre.

Quelles ont été les réactions de ton entourage devant ton classement et ton choix de spécialité ?
Certains ont été un peu surpris parce qu’ils savaient que je visais un bon classement et ils ne comprenaient pas pourquoi je travaillais autant pour une spécialité aussi peu demandée. Mais ceux qui me connaissaient le mieux ont toujours trouvé mon choix en adéquation avec ma recherche d’une prise en charge globale et centrée sur le patient. Je pense que les gens sont plus surpris du choix de la spécialité en elle-même, « pourquoi vouloir s’occuper des vieux ? », que par le classement.

Est-ce une bonne chose d’après toi d’avoir fait un DES de gériatrie ?
Oui, même si les personnes âgées seront toujours prises en charge majoritairement par d’autres médecins, c’est une expertise qui doit être développée. Cette population a des spécificités trop souvent ignorées, au même titre que la pédiatrie, qui méritent un regard plus spécialisé. Je pense que beaucoup de médecins peuvent être dépassés face à la complexité que peut représenter une personne polypathologique surtout si on ajoute les potentielles difficultés pour communiquer ou la question de l’environnement de vie. Je crois que ce DES permettra de créer un intermédiaire entre la vision parfois trop réductrice du spécialiste et celle potentiellement trop floue du médecin généraliste. Pour moi, il ne s’agit pas d’un transfert de compétences, mais d’ancrer un domaine en pleine expansion.

Peux-tu nous rappeler la maquette de gériatrie ?
À Toulouse la maquette est très flexible. Sur les 4 années d’internat, on commence par une phase socle fixe comprenant obligatoirement un stage aux urgences et un stage en court séjour gériatrique. Ensuite, on a accès à la plupart des terrains de stage hospitalier pour réaliser 2 stages libres (cardiologie, réanimation, endocrinologie...) ainsi que 2 stages dans un service de gériatrie sur Toulouse. On doit aussi effectuer 2 stages en périphérie, généralement sur des postes partagés avec des internes en médecine générale.

Comment se sont passés tes premiers pas en tant qu’interne ?
Pour le moment tout se passe bien. Je commence par les urgences et je pense avoir beaucoup à apprendre à travers ce stage. J’ai aussi la chance de bénéficier d’un bon encadrement ce qui aide énormément quand on débute son internat. Il y a toujours le stress de la responsabilité et le sentiment de ne pas être assez compétent, mais arriver à s’occuper d’un patient du début à la fin est extrêmement gratifiant.

Un conseil pour les futurs internes pour choisir leur spé ?
C’est important d’envisager toutes les spécialités et surtout de les considérer dans leur ensemble, de manière objective et non pas sur ce qu’on entend ou sur nos préjugés. Nous sommes tous médecins et chaque spécialité a ses avantages, ses particularités et ses inconvénients. Passer à côté de sa voie après autant d’investissements parce qu’on ne veut pas reconnaître la valeur d’une spécialité me semble absurde. Il n’y a pas de mauvaise spécialité, mais il y a beaucoup de mauvais jugements.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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