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Les femmes toujours freinées dans leurs carrières à l’hôpital

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Le parcours de la combattante est toujours d’actualité pour les femmes qui veulent accéder à des postes hospitalo-universitaires à responsabilités. Seuls 28 % des postes de PU-PH et 38 % des postes de MCU-PH ont été attribués à des femmes en 2017 et 2018. En cause notamment, selon l’ISNI : la misogynie et le harcèlement qui persistent dans de nombreux services, et contre laquelle l’Intersyndicale se mobilise.

Dans une tribune publiée le 28 décembre dernier par le journal Le Monde, un collectif de médecins appelait le gouvernement à « prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser une accession satisfaisante des femmes aux postes hospitalo-universitaires, au sein desquels elles ne sont que peu représentées depuis la création des CHU en 1958 ». Les chiffres donnés sont éloquents. Alors que les femmes représentent 54 % des médecins de 35-50 ans (chiffres Cnom), seuls 28 % des PU-PH et 3 8% des MCU-PH nommés en 2017 et 2018 étaient des femmes. Dans de nombreuses spécialités - chirurgicales notamment - cet écart est très marqué : chirurgie thoracique, plastique, orthopédique et vasculaire anesthésie, réanimation, psychiatrie, rhumatologie, médecine interne, gastro-entérologie, et gynécologie-obstétrique.
Pour ce qui concerne les postes de gouvernance hospitalière, ce n’est guère mieux. Au sein de l’AP-HP, les 12 présidents des commissions médicales d’établissement sont tous des hommes.

Quelle situation sur le terrain ?
« Nous observons toujours des différences de traitement importantes entre internes hommes et femmes, notamment dans les spécialités chirurgicales », souligne Antoine Reydellet, président de l’ISNI. Pour lui, l’un des principaux freins est l’ambiance misogyne et le harcèlement dont sont régulièrement l’objet les internes femmes, ce qui en décourage plus d’une. « Pas plus tard que la semaine dernière, on m’a encore rapporté le cas d’une interne qui laissait tomber ses choix de stage pour ne pas se retrouver dans le service du chef qui l’avait harcelée. Et ce sont des situations que l’on m’a rapportées à plusieurs reprises… », déplore le président de l’ISNI. « Les propos sexistes au bloc sont encore très fréquents. De même que les discours selon lesquels les internes femmes ne pourront pas enchaîner autant d’interventions chirurgicales, ou réaliser des greffes, parce que c’est trop long et trop fatigant pour elles… ». Sans compter les chefs de service qui préfèrent parfois clairement miser sur un interne homme pour lui transmettre leurs compétences, parce que lui ne fera pas de pauses dans sa carrière en raison de futures grossesses.
Ces remontées du terrain sont confirmées par les résultats d’un sondage en ligne anonyme, publié dans le BMJ ce 8 janvier, montrant que plus de la moitié des femmes chirurgiens britanniques ont vécu des discriminations sur leur lieu de travail.

Pourquoi ces disparités ?
Selon un article paru en 2014 aux presses de Sciences Po, le parcours pour arriver à ces postes hospitalo-universitaires prisés est particulièrement complexe pour les femmes, à l’âge des maternités tardives. « Si on veut devenir professeur, c’est entre trente et quarante ans que cela se joue. Il s’agit d’un long parcours de publications, recherche avec thèse de sciences, éventuellement départ à l’étranger… »
Les conditions sine qua non pour réussir ce parcours de la combattante sont nombreuses : un mentor qui accepte les grossesses et quelques retards pour enfants malades ; une communauté médicale « non machiste » du doyen au directeur de l’hôpital, qui confie à des femmes des présidences de commission ou des postes de responsabilités dans la gestion hospitalière ; un soutien familial sans faille, capable de supporter les gardes, les horaires à rallonge et les congrès.

Quelles pistes de solution ?
« Je pense que la féminisation actuelle de la profession fait évoluer les mentalités. Les derniers mandarins vont bientôt partir en retraite », souligne le président de l’ISNI. Et avec eux devrait s’estomper, petit à petit, un puissant et inégalitaire rapport de force hommes/femmes, établi depuis des générations, qui n’est plus tenable aujourd’hui compte-tenu du profil des médecins actuellement en formation. 60 % des étudiants qui parviennent aujourd’hui à accéder en deuxième année de médecine sont en effet des étudiantes… un chiffre qui ne cesse d’augmenter.
Pour accélérer la révolution en marche, l’ISNI travaille actuellement sur l’éducation et la sensibilisation des jeunes médecins. Où se situe la frontière entre lourdeur et harcèlement ? Elle est parfois floue à l’hôpital… Une étude réalisée il y a quelques mois par le collège d’endocrinologie montrait que pour la plupart des étudiants en médecine, mettre une main aux fesses n’était pas du harcèlement mais juste « être lourd ». Un exemple qui dit bien l’ampleur du problème.
L’ISNI prépare une campagne d’affichage qui sera déployée dans les hôpitaux et facultés de santé, autour des questions : qu’est ce qui relève du harcèlement ? quels sont vos droits si vous en êtes victime ? « A Lyon, la commission de l’internat est composée à 80% de femmes. Une mesure prévoyant une suspension temporaire d’activité pour les PU-PH à l’origine de harcèlement y est en cours de discussion », indique Antoine Reydellet. Inexorablement, les lignes vont bouger.

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  • Sophie Cousin
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