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Les études de pharmacie offrent une grande liberté

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Elu fin 2016 à la présidence de la Conférence de doyens de pharmacie, Bernard Muller, doyen de la Faculté de pharmacie de Bordeaux fait le point pour Remede.org sur les vastes réformes en cours concernant les études de pharmacie. Au programme : un DES pour chaque filière, mais aussi des ajustements pour les 1er et 2ème cycles. Des réformes sur fond d’évolutions importantes de l’exercice pharmaceutique dans ses différentes filières (officine, industrie, biologie, hospitalière).

-Pourquoi avez-vous choisi la pharmacie ?

Au départ, je voulais faire de la biologie appliquée. Le choix de Pharmacie a été assez naturel, puis j’ai intégré la filière industrie dans laquelle des stages dans des laboratoires de recherche étaient proposés. Cela m’a décidé de poursuivre dans la recherche par un DEA puis une thèse d’université. Puis au cours de la préparation de ma thèse d’université, j’ai eu la chance de faire de l’enseignement. C’est à ce moment-là que je me suis décidé pour la carrière d’enseignant-chercheur. Je reste persuadé que les stages sont un élément décisif pour l’orientation des étudiants. Tant pour préciser ce que l’on voudrait faire, que pour repérer ce qui ne nous convient pas.

-Quelles ont été les grandes étapes de votre carrière jusqu’à la présidence de la conférence des Doyens ?

J’ai soutenu ma thèse de pharmacie à la Faculté de Strasbourg sur l’insuffisance cardiaque chronique et ses traitements puis j’ai occupé un poste d’enseignant ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche) en pharmacologie à Strasbourg. J’ai ensuite occupé le poste de Maître de conférences en pharmacologie toujours à Strasbourg. En 2002, j’ai été recruté sur un poste de Professeur de pharmacologie à Bordeaux. Progressivement, je me suis impliqué dans le fonctionnement de la Faculté. J’ai été élu Doyen en 2009 à Bordeaux et j’ai commencé à prendre part aux réflexions de la conférence des Doyens. Dominique Porquet et Macha Woronoff –les deux présidents précédents de la Conférence- m’ont progressivement impliqué dans leurs travaux. Je n’avais aucun plan de carrière, mais j’ai toujours eu le souhait de travailler pour le collectif et de faire bouger les lignes. C’est un peu l’esprit de chercheur qui veut ça !

Principal chantier en cours : la réforme du 3e cycle des études de pharmacie. Où en sommes-nous ?

Cette réforme a été engagée par Dominique Porquet, qui a été chargé de cette mission par le ministère chargé de l’enseignement supérieur et le ministère chargé de la Santé en 2016. L’idée centrale, c’est un métier=un DES. Les principaux changements concernent les filière Officine et Industrie, qui étaient basées jusque-là sur une 6ème année non-diplômante. Les ministères nous ont demandé de réformer cela. Le projet est de créer un DES de pharmacie officinale et un DES de pharmacie industrielle d’une durée d’un an. Nous attendons les derniers arbitrages ministériels pour une mise en place en 2020 ou 2021. Le nouveau DES de biologie médicale a déjà été mis en place en 2017, dans le cadre de la réforme des études de médecine. Le nouveau DES de pharmacie hospitalière devrait être mis en place pour la rentrée 2019. Le DES Industrie pharmaceutique et Recherche avait un certain nombre de points faibles, notamment le mode de sélection par le concours de l’internat qui n’était pas adapté pour sélectionner les étudiants intéressés par la recherche. Il était souvent choisi par des étudiants moins bien classés au concours de l’internat. L’idée est de sortir ce DES du concours de l’internat et de mettre en place un nouveau concours qui se fera sur des appels à projets. Cela devrait entrer en application à la rentrée 2021 ou 2022.
Dès le départ, nous ne souhaitions pas que l’accès au 3ème cycle se fasse par les ECN, comme en médecine. D’ailleurs, il est en cours de suppression en médecine ! Nous devions formaliser un autre mode de choix pour les étudiants, via notamment une réorganisation des stages, pour permettre une orientation active des étudiants, la formalisation par chaque étudiant d’un projet d’orientation professionnelle et sa validation par un jury.


-  En quoi consiste le 3ème cycle court ?

Nous souhaitons sortir du schéma classique des DES. Une année de DES, c’est actuellement deux périodes de six mois de stage, avec des demi-journées de formation. Nous souhaitons mettre en place un système avec davantage d’alternance entre les périodes de stage et les périodes de formation. Cela pourrait être par exemple 3 mois de stage en officine puis un retour à la Fac et terminer par un stage de 6 mois. Ce format permettrait une mise en autonomie progressive des étudiants, avec des retours à la fac pour des compléments de formation, des partages d’expériences, des séminaires interprofessionnels.

-Quelles sont les modifications prévues sur les 1er et 2ème cycle ?

Dès le départ, nous souhaitions ne pas nous contenter d’une réforme du 3ème cycle mais d’avoir une réflexion globale sur les points forts et les points à améliorer dans les 1er et 2ème cycles. En 4ème année, l’étudiant choisit entre officine, industrie, préparation à l’internat ou recherche. En amont, en 2ème et surtout en 3ème année, il doit construire son parcours professionnel. Cette construction du parcours est déjà accompagnée dans certaines facultés, comme à Bordeaux et ce principe va se généraliser dans toutes les facultés. A la fin de sa 3ème année, l’étudiant devra savoir quel parcours il va suivre. Un jury se prononcera sur le choix de son parcours. L’idée n’est pas de barrer la route à l’étudiant, c’est de l’accompagner dans son choix et de lui donner des recommandations si besoin. Si le jury n’est pas convaincu par le souhait de l’étudiant, il lui sera proposé de redoubler sa 4ème année, afin de conforter son projet d’orientation. Ces modifications portant sur la 4ème année devraient se mettre en place à la rentrée 2019. Et dès la rentrée 2018, toutes les facultés proposeront ce dispositif d’orientation en 3ème année. Cette réforme s’accompagnera du déploiement d’un porte-folio numérique, que nous concevons actuellement avec l’UNESS (Université numérique en santé et sport). Il réunira toutes les initiatives de l’étudiant au cours de son 1er cycle pour construire son projet d’orientation professionnelle, comme par exemple des comptes-rendus de stages ou d’entretiens professionnels. Nous avons également fait des aménagements dans la durée des stages en officine et à l’hôpital en 1er et 2è cycles.


-  Le nombre de places en pharmacie (3124 pour l’année qui se termine) est-il suffisant selon vous ?

Pour analyser ce chiffre, il faut prendre en compte deux dimensions : l’employabilité et les capacités de formation de nos Facultés. En biologie, je suis convaincu qu’il y a des besoins, il suffit de regarder la pyramide des âges des biologistes. Plus d’un tiers vont partir en retraite dans les prochaines années et il faut en tenir compte ! Par ailleurs, il y a actuellement un appel d’air sur la filière Industrie et sur le concours de l’internat. Nos étudiants de la filière Industrie sont excellemment formés et leur employabilité est très bonne. En revanche, les étudiants désaffectent un peu la filière officine et nous estimons que le statut d’interne -en plus d’autres modifications- peut contribuer à revaloriser cette filière. Sur la pharmacie hospitalière, on entend des choses un peu divergentes. D’un côté, on aurait formé trop de pharmaciens hospitaliers à une époque mais de l’autre, certaines PUI dans des CHR recherchent des pharmaciens sans en trouver. Je conseille à nos internes de se montrer mobiles et de ne pas limiter leurs recherches d’emploi aux villes hospitalo-universitaires ! Tout ceci fait qu’à l’heure actuelle, nous sommes plutôt en phase de stabilisation du numerus clausus. Pour l’officine, il y a une génération d’étudiants qui a peut-être été un peu frustrée par l’exercice officinal. Mais cette année, les données du conseil national de l’Ordre des pharmaciens nous montrent qu’il y a de plus en plus de jeunes qui s’installent. L’âge des titulaires d’officines rajeunit. Les nouvelles missions du pharmacien, qui vont bien au-delà de la dispensation des médicaments, tardent un peu à se mettre en place, mais ce sont des perspectives d’avenir très intéressantes et la formation prépare les étudiants à ces nouvelles missions. La réforme du 3ème cycle permettra aussi de redonner de l’attractivité à l’exercice en officine.

-Quelles évolutions pour l’exercice de la pharmacie hospitalière et la biologie médicale ?

L’idée centrale est de faire sortir le pharmacien hospitalier de sa pharmacie à usage intérieur (PUI). De plus en plus, la pharmacie clinique se déploie et fera le lien Ville-Hôpital, via la conciliation médicamenteuse et le suivi des pathologies chroniques, en relation avec les pharmaciens officinaux. Cet exercice nécessitera beaucoup plus de compétences en pharmacie clinique, au service des patients. Qualité et pertinence des soins sont des axes amenés à se renforcer. Concernant la biologie médicale, le regroupement des laboratoires ne doit pas masquer la médicalisation des missions des pharmaciens biologistes, et non pas seulement la technicisation qui s’observe actuellement en raison de la centralisation des plateaux techniques.


-  Comment se répartissent les étudiants entre les différentes filières ?

Parmi les premiers reçus à l’internat, ce sont très souvent la biologie médicale et la pharmacie hospitalière qui sont choisies, avec un regain d’intérêt pour la pharmacie hospitalière. Quand on interroge les étudiants en 3ème année, ils sont environ un tiers à souhaiter choisir l’officine, un autre tiers l’industrie et le tiers restant l’internat. Il y a une dizaine d’années, deux-tiers des étudiants choisissaient l’officine. De plus en plus d’étudiants se présentent au concours de l’internat mais le nombre de reçus est stable, autour de 500 par an. Il y a donc un certain nombre de non-reçus, qui se redirigent majoritairement vers la filière officine. Ce sont des étudiants qui connaissent très bien les médicaments et la biologie et donc, cela fait des officinaux motivés et compétents. En 6ème année, pour finir, environ 50% des choix se portent sur l’officine, 16% sur l’internat et un tiers sur la filière industrie.


-  Quels seraient vos conseils aux étudiants, compte-tenu de votre expérience et du contexte ?

Soyez pro-actif ! Recherchez l’information sur les différents métiers de la pharmacie, rencontrez le plus de professionnels possible, pour dépasser des clichés sur certaines formes d’exercice. Soyez conscient que les études de pharmacie offrent une grande liberté : vous pouvez choisir votre orientation professionnelle ! Il n’y a pas d’examen final pour déterminer si vous serez biologiste médical ou pharmacien officinal. C’est l’un des gros atouts de nos études de pharmacie. La diversité des carrières est grande et l’exercice du métier de pharmacien n’est plus solitaire, il faut savoir travailler en équipe. Selon la personnalité de l’étudiant, il a vraiment la possibilité de s’épanouir en choisissant l’une ou l’autre de nos filières.

Bio express

- 1988 : Docteur en Pharmacie (diplômé de la Faculté de Pharmacie de l’Université de Strasbourg)
-   1991 : Docteur de l’Université de Strasbourg (spécialité : pharmacologie cellulaire et moléculaire)
-   2002 : Professeur des Universités en Pharmacologie, à la Faculté de Pharmacie de l’Université de Bordeaux - membre du Centre de recherche cardiothoracique de Bordeaux (INSERM U1045)
-   2009 : Doyen de la Faculté de Pharmacie de l’Université de Bordeaux
-   2016 : Président de la Conférence des doyens des Facultés de Pharmacie depuis 2016.

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