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La gynécologie est une spécialité où les internes sont très autonomes.

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Interne en troisième année de gynécologie-obstétrique à Paris, Alice Ponzio, 28 ans, est une jeune femme médecin très engagée dans la cause des femmes. Elle explique à Remede son parcours et ses aspirations futures.


Pourquoi as tu choisi la spécialité gynéco-obstétrique ?

Je suis assez féministe. Je voulais travailler avec des femmes et pour les femmes. C’est aussi une spécialité médico-chirurgicale qui ouvre sur des métiers complètement différents : la prise en charge de la femme enceinte et l’accouchement, le diagnostic anténatal, l’échographie, la procréation médicale assistée, la gynécologie, la chirurgie de la femme, fonctionnelle ou cancérologique, l’orthogénie. Et puis, je n’aime pas la maladie. Cette spécialité me permet de travailler avec des femmes en bonne santé.


Comment se sont passées tes études de médecine ?

J’ai passé le concours de P1 en 2008 (donc avant le passage à la PACES) après avoir redoublé ma première année. J’ai fait mes études à Paris VII Bichat-Lariboisière et ai réussi le concours de fin d’études en 2014 en étant classée 1691 sur 8300.


Ta vie professionnelle correspond-elle à tes attentes d’étudiants ?

Elle est beaucoup plus riche que je ne le pensais. C’est très gratifiant d’accompagner des femmes dans les étapes cruciales de leur vie. En gynécologie, quand une femme vient en consultation, c’est toute la femme que l’on a en face de soi. La gynécologie permet un lien incroyable avec la femme. C’est pour cela que nous ne sommes pas des spécialistes d’organes mais des spécialistes de genre.
Je ne m’attendais pas non plus à avoir autant de responsabilités. On est autonome tout de suite aux urgences gynécologiques, dès le premier jour de la première garde. Nous sommes les premiers opérateurs. C’est une spécialité où les internes sont très autonomes.
En revanche, l’exercice est plus fatiguant que ce que je ne pensais. Quatre à cinq gardes par mois, ça va ; cinq à sept, c’est trop ! En fait, le nombre de gardes dépend du nombre d’internes.


Que penses-tu de la réforme du troisième cycle ?

Je pense qu’elle n’est pas adaptée à la réalité de notre exercice. Certaines spécialités comme la gynéco-obstétrique ont vu leur cursus augmenter d’une année (5 à 6 ans) ou, au contraire, réduire d’une année, comme la néphrologie. En fait, cette réforme se base sur un exercice à 48 heures/semaine conformément à la réglementation européenne. Sauf que personne n’est aux 48 heures : si on était aux 48 heures, il n’y aurait pas assez d’internes dans le service. Et si on était aux 48 heures, on n’apprendrait pas notre métier, en tout cas en ce qui concerne l’obstétrique. Un exemple simple : si on est 7 internes dans une maternité, on passe chacun 3 semaines, sur un semestre de stage (24 semaines), en salle de travail ; si sur ces 3 semaines, on est aux 48 heures, on va pratiquer trois forceps par semaine, donc neuf forceps sur un semestre : dans ces conditions, on n’apprend pas notre métier. J’ai toujours été à 70 ou 80 heures et j’ai mieux appris. C’est pendant les gardes et face à notre stress que l’on apprend. Mais, comme les hôpitaux sont obligés d’augmenter le nombre d’internes à cause des 48 heures, on a moins de gardes.

Comment te vois tu dans dix ans ?

Je me vois toujours travailler en obstétrique à l’hôpital. Mes quatre années post-internat sont déjà fixées - il n’y a pas de problème, dans notre spécialité, à trouver des postes après l’internat. Je sais d’ores et déjà que l’on ne peut pas faire ce métier toute sa vie, car l’exercice est trop fatiguant sur le long terme. J’envisage plus tard, comme bon nombre de mes collègues, de travailler en ville ou dans le privé pour vivre avec un autre rythme de travail et avoir ma patientèle. C’est passionnant de suivre la vie d’une femme de l’adolescence à la ménopause. Entre temps, je souhaite continuer à me former à la chirurgie réparatrice post-excision.

Qu’est ce qui t’intéresse dans la chirurgie post-excision ?

En fait, il s’agit d’une prise en charge globale des femmes victimes de violence et de mutilations sexuelles dont fait partie l’opération technique de transposition clitoridienne, une opération simple et rapide qui change la vie des femmes. Il ne s’agit pas uniquement de restaurer une sexualité en leur restituant ce qui leur a été enlevé, mais de retrouver aussi une identité.

Qu’est-ce que tu aimes dans ton métier ?

L’accouchement, la partie adrénaline de notre métier, et le travail en équipe. Dans la salle de naissance, le lieu où vit un interne d’obstétrique, c’est toute une équipe qui s’occupe d’une patiente (anesthésistes, sages-femmes, pédiatres, gynéco obstétriciens, infirmières et aides-soignantes). Dans les situations d’urgence extrême, on se rend compte de la cohésion d’équipe et que chacun est essentiel à sa place.


Quelle est la maquette du DES de gynécologie obstétrique et quels stages as-tu faits ?

Elle se compose de dix stages, dont cinq en obstétrique, deux en chirurgie, et trois en libre choix (ex : PMA, échographie). En chirurgie, il est vivement conseillé de choisir l’urologie et la viscérale. Mais, cela va changer avec la réforme du troisième cycle. J’ai fait quatre stages en obstétrique (hôpitaux de Neuilly, Saint-Joseph, Montreuil, Trousseau), un en diagnostic anténatal à Debré, tous très intéressants et actuellement je suis en chirurgie à Saint-Joseph.

Comment se passe la répartition du travail dans la journée entre tous les internes ?

Nous sommes répartis sur tous les postes : bloc opératoire, salle de naissance, urgences, services d’hospitalisation. On tourne toutes les deux ou trois semaines.

Comment se passe une garde ?

Je démarre à 18 heures après ma journée de travail (8 heures-18 heures). Je reçois tous les appels de l’ensemble du service maternité. Je vais d’abord en salle de naissance pour évaluer à l’avance les problèmes éventuels qui pourraient survenir chez certaines patientes. Puis, je rends visite aux patientes qui présentent des grossesses à hauts risques ( grossesses extra-utérines, pré-éclampsie, diabète gestationnel, menace d’accouchement prématuré…). Ensuite je vais dans le service d’hospitalisation gynécologique. Puis, je gère les urgences du service des urgences. Mais entre plusieurs urgences, la priorité est toujours donnée à la salle de naissance et à l’accouchement. A tout moment, je peux être appelée pour un accouchement difficile (césarienne, forceps). Il peut aussi y avoir des blocs à faire en urgence (grossesse extra-utérines, fausses couches hémorragiques). Il faut aimer l’adrénaline et savoir être disponible en quelques secondes et bien sûr savoir prioriser l’urgence.


Selon une enquête menée par l’Isni, 47 % des internes ont déclaré être victimes de sexisme au quotidien. Qu’en penses-tu ?

Cela existe, mais on est un peu protégé car l’obstétrique est un monde très féminin.


Comment as tu réagi à la médiatisation de plaintes de patientes victimes de « violences obstétricales » ?

Cela m’a fait beaucoup de mal car cela va à l’encontre de ma pratique et de mon attitude au quotidien. J’ai choisi ce métier pour faire du bien aux femmes. Il faut savoir qu’il y a encore des morts de nouveaux-nés et de femmes à l’hôpital. Les césariennes et les forceps, que l’on pratique parfois dans l’urgence, on les fait toujours pour sauver l’enfant. Je comprends que cela puisse être traumatique pour la mère et pour le père aussi, d’autant que parfois, dans l’urgence, on n’a malheureusement pas toujours le temps d’expliquer pourquoi on le fait. Cela devrait être abordé dans la préparation à l’accouchement.

Quels conseils donnes-tu pour réussir ses études de médecine ?

Travailler assez durant l’externat pour ne pas avoir de regrets quand vient le choix de la spécialité. Faire ce que l’on aime et aller au boulot avec la pêche, c’est très important, surtout quand on y passe tant de temps !

A lire également : L’homme qui répare les femmes

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  • Marie-Laure Wallon
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