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Katleen – « Je voudrais faire médecine d’urgence »

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Katleen était infirmière sapeur-pompier. Elle a ça dans le sang. Dopée par l’adrénaline des situations d’urgences, et surpassant son stress, elle se lance dans des études de médecine avec le souhait de devenir médecin urgentiste. Aujourd’hui étudiante en médecine, elle nous explique son parcours et ses choix.

Remede.org - peux-tu nous raconter ton parcours (bac, études, services) ?

Katleen – J’ai 27 ans. Je suis devenue sapeur-pompier volontaire en janvier 2012. J’ai ensuite eu mon bac ST2S (Sciences et technologies de la santé et du social) cette même année, j’avais également passé le concours infirmier, mais je ne l’ai pas eu. Je me suis orientée en STAPS (fac de sport) pour des raisons pratiques et un programme en lien avec la santé (biologie, anatomie, etc.). Mais ce n’était pas ce que je voulais. J’ai repassé le concours infirmier l’année d’après et je l’ai eu. Diplômée en juillet 2016, j’ai tout de suite travaillé, en réanimation polyvalente de nuit pendant trois ans. Puis selon mon projet initial, j’ai muté vers un service d’urgences. Entre-temps, j’ai changé de statut au niveau pompier, passant de pompier volontaire à infirmière sapeur-pompier volontaire.

Pourquoi t’être lancée dans les études d’infirmière ?

C’était mon projet depuis toute petite. Dès l’âge de 6 ans, quand on me demandait ce que je voulais faire quand je serais grande je me rappelle avoir toujours répondu « infirmière et pompier ! »

Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans ton métier d’infirmière ?

J’aimais et j’aime toujours d’ailleurs, la polyvalence dans l’exercice de la profession, l’aspect technique des soins, bien que le côté relationnel soit très important. Mais j’aime surtout mon métier dans les services où j’ai exercé, je ne pense pas pouvoir travailler ailleurs qu’aux urgences ou en réanimation, même si ce sont des services différents je les trouve complémentaires. Et lorsque je suis partie aux urgences je ne me suis pas trouvée en difficultés grâce à mon expérience de réa. J’aime le rythme, les soins rencontrés, l’adrénaline des situations d’urgence, la diversité de connaissances à avoir ou à acquérir, le travail en équipe et bien d’autres choses.

Tu es aussi infirmière chez les pompiers, peux-tu nous raconter ton quotidien ?

Les missions sont variées : premièrement on est là pour les pompiers lors d’interventions importantes où il y a des risques pour eux (feux de forêt, gros incendie, inondations…), c’est ce que l’on appelle le soutien sanitaire opérationnel (SSO). Nous avons également une mission de surveillance de la condition physique des sapeurs-pompiers, notamment les visites médicales d’aptitude, ou encore des missions de formation.

Mais ce qui me plaît le plus, c’est la participation à l’aide médicale urgente. C’est-à-dire que l’on peut intervenir « seuls » en VLI (véhicule léger infirmier) sous protocoles sur des interventions nécessitant une paramédicalisation (antalgie simple, hypoglycémie…) ou en attente d’un SMUR sur un arrêt cardio-respiratoire par exemple. Ce sont des sorties qui peuvent aussi se faire en binôme avec un médecin sapeur-pompier donc semblables à un SMUR.

Quand as-tu pensé faire des études de médecine ?

À vrai dire, j’y ai pensé un peu avant mon bac, mais je ne m’en sentais pas capable, je n’étais plus dans la « bonne » filière. Selon moi, j’ai eu peur, sûrement par manque de confiance en moi. Et je me suis rappelée que depuis petite je voulais être infirmière. Donc j’ai continué dans cette voie.

Mais lors de mon exercice en tant qu’infirmière, et surtout aux urgences, je me suis sentie vraiment limitée dans mes fonctions : je voulais en savoir plus, je posais beaucoup de questions aux médecins, aux internes, j’ai commencé à aller voir les patients avec eux quand j’en avais le temps. On faisait parfois une sorte d’inversion des rôles : les internes me montraient l’interrogatoire et l’examen clinique, les sutures et je leur apprenais à perfuser par exemple. À partir de ce moment, j’ai su que je voulais être médecin. Le côté diagnostic, l’examen clinique, la prise de décision concernant la prise en charge me manquaient beaucoup en tant qu’IDE. Je ne voulais plus être « simple exécutante » même si aux urgences nous travaillons avec beaucoup d’autonomie et d’anticipation tout de même. Je trouve nos connaissances assez superficielles et il me manquait quelque chose.

Peux-tu nous raconter la procédure d’admission, comment l’as-tu vécue ?

J’ai été admise via la passerelle en 2020, en pleine pandémie, l’admission a été un peu perturbée. J’ai été admise sur dossier uniquement, les oraux ayant été annulés par la commission d’admission dont je dépendais. Ça a été long et stressant, car beaucoup de temps s’est écoulé entre la date de fin de réception des dossiers et les premiers résultats. D’autant que nous n’avons pas eu de résultats d’admissibilité mais directement ceux d’admission en juin.

Assez stressant aussi, car il y avait un intervalle d’une semaine pour la publication des résultats, donc tous les jours voire toutes les heures ou toutes les 5 min, j’allais voir sur le site. Lorsque j’ai enfin vu les résultats, je n’y croyais pas. J’avais tenté la passerelle en pensant ne pas l’avoir. Je n’ai pas hésité quant au fait d’accepter, en revanche je me suis retrouvée face à des problèmes pas vraiment anticipés. Eh oui, j’avais fait construire ma maison, seule, avant de penser à reprendre des études…

Comment se passe cette année, ta relation avec tes collègues de promo ?

C’est une année assez particulière avec le Covid. Nous n’avons eu que très peu de cours en présentiel donc peu d’occasions de faire connaissance. Au début, nous restions beaucoup entre passerelles, je me sentais « vieille », pas légitime. Mais je ne me suis pas sentie exclue, bien que j’avais l’impression de devoir prouver que j’avais ma place parmi les ex-Paces. Mes résultats du premier semestre m’ont rassurée sur ce point. Je n’étais pas plus nulle qu’eux et j’avais ma place.

Aujourd’hui, je suis toujours très exigeante avec moi-même pour me prouver que j’ai ma place, mais je pense être intégrée à la promo comme les autres étudiants. Il y a beaucoup de partages entre nous (cours, fiches, infos) et on m’a même demandé si j’avais fait des fiches ce semestre, car celles faites au S1 avaient plu.

Quel est l’élément le plus difficile pour toi ?

Clairement je pense que le manque de bases scientifiques me complique bien les choses. Je ne pensais pas être prise. Je n’ai pas fait de remise à niveau par rapport au programme de terminale S et de Paces, et je ressens bien les manques, particulièrement en biophysique et en anatomie. Je perds donc beaucoup de temps lors de mon apprentissage pour faire « sans » et tenter de comprendre quand même. La pratique IDE m’aide beaucoup dans certains cas, notamment la sémiologie, les liens sont plus évidents, plus concrets.

Quelle spécialité souhaiterais-tu faire si tu en as une en tête ?

Je voudrais faire médecine d’urgence. J’ai toujours voulu travailler aux urgences et au SMUR. J’ai commencé le préhospitalier en tant que pompier et j’ai été « piquée par le virus de l’urgence », ensuite IDE aux urgences, c’est clairement dans ce service que s’est révélée mon envie d’être médecin urgentiste.

Tu es en plein dans une réforme des études de santé, quel est votre niveau d’information et comment abordes-tu les années à venir ?

À mon niveau (DFGSM 2), nous n’avons que très peu d’informations concernant la réforme. Il faut se renseigner par soi-même, mais ça reste encore un peu flou quant aux modalités d’évaluations, le classement par spécialité, etc.
J’ai hâte d’avancer dans les études, j’ai besoin que ça devienne plus concret, la théorie est indispensable évidemment. Mais pour moi qui suis du terrain, c’est difficile de ne faire que de la théorie. Et je pense que vivre l’externat avec l’expérience d’IDE sera un plus, bien que ce soit complètement différent.

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent se lancer dans la passerelle ? Quels seraient les éléments limitants dans cette démarche ? (Finance, études longues, etc.)

Si on en a envie, il faut se lancer. Il vaut mieux tenter pour ne rien regretter et puis on peut être surpris des résultats. Mais il faut oser, même si ça fait peur. C’est une fille particulièrement stressée qui vous dit ça. Ensuite il faut bien préparer son projet, bien se renseigner, en amont, même si l’on n’est vraiment pas sûr d’être pris, ça fait parti des éléments évalués par le jury et ça peut aussi éviter le coup de stress à l’annonce des résultats « euh super, mais comment je fais maintenant ? ».

Difficile d’obtenir des infos sur le mode de financement. Pour ma part c’est grâce à une connaissance qui en a eu l’expérience que j’ai su ce qu’il existait. Enfin, je parle surtout pour les IDE : je pense qu’il faut un minimum d’expérience professionnelle, ça aide vraiment pour comprendre les cours. De plus, il y a un fossé entre les études à l’IFSI et le terrain. Le niveau n’est pas du tout le même il faut l’avouer. Je ne comprends pas cette suppression des deux ans d’exercice obligatoire d’ailleurs, mais bon… en tous cas mon conseil serait d’exercer avant de demander une passerelle, ce sera, dans tous les cas, très bénéfique.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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