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Justine Girault : « On peut aussi exercer l’activité d’anapath “en libéral” ou bien même faire de la recherche »

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Justine Girault est la présidente de l’AFIAP, l’Association française des internes et assistants de pathologie. A la tête de l’association depuis mars 2018, elle se bat pour défendre sa discipline. Peu prisée et peu connue parmi les spécialités, Justine nous explique pourquoi choisir l’anapath est un choix d’avenir.

Quel est le rôle de l’AFIAP ?

L’AFIAP, qui signifie « Association française des internes et assistants de pathologie » est structurée autour de référents locaux et régionaux. Elle rassemble plusieurs internes qui vont représenter les internes et assistants au sein des diverses commissions et réunions avec les institutions, telles que le CoPath, qui est notre collège d’enseignants, l’Inca ou bien même le ministère de l’Enseignement supérieur. Notre objectif est de promouvoir nos conditions de formation et d’exercice, et de développer des initiatives en suivant l’évolution de notre spécialité. Elle a ce rôle principal, mais elle s’est surtout donné pour missions d’organiser plusieurs sessions lors de nos différents congrès. Durant ces dernières, nous faisons participer des pathologistes qui viennent faire des mises à jour sur les dernières nouveautés et actualités. De plus, l’AFIAP organise tous les ans, un cours national de DES qui porte sur une discipline. Cette année, c’était sur la gynécopathologie, animé par le Dr Just. Ce fut une réussite puisque nous avons eu plus de 180 participants. Le prochain objectif serait de pouvoir en organiser un deuxième. Affaire à suivre donc.

Quel est le quotidien d’un anapath ?

C’est compliqué de répondre à cette question puisque le rythme diffère entre le public et le libéral, et plus encore lorsqu’on est interne ou chef. Je suis interne alors, je vais parler de mon quotidien. En général, la journée commence par l’activité de macroscopie qui occupe toute la matinée. Elle se décline selon deux façons, il y a la macroscopie fraîche, qui consiste à réceptionner les pièces opératoires qui sortent à peine du bloc et de les prendre en charge (peser, mesurer, décrire les lésions) puis il y a la macroscopie fixée. Les pièces, une fois fixées dans le formol (quelques heures à plusieurs jours selon leur taille), vont être détaillées et prélevées en fonction de ce qui nous intéresse pour faire le diagnostic précis de la pathologie du patient. Ces prélèvements vont subir tout un traitement qui va nous amener aux lames que nous allons « lire » au microscope. Pour finir sur la macroscopie, il y a, tout au long de la journée, une activité d’extemporanée. Le chirurgien adresse un prélèvement que nous devons traiter immédiatement. Selon notre résultat, il orientera son geste chirurgical. Puis, une fois le déjeuner terminé (parce que oui, l’anapath est réputé pour aller manger tôt, ce qui n’est pas toujours vrai), vient la lecture de lames. Nous passons une bonne partie de l’après-midi à analyser nos lames, que nous corrigeons avec nos chefs, autour du multitête. Nous assistons à certains staffs, au cours desquels nous discutons les différents diagnostics proposés par les cliniciens, par exemple les staffs de dermato ou de néphro. Voici donc en résumé le quotidien d’un interne d’anapath au CHU. En libéral, l’activité de macroscopie est réalisée surtout par des techniciens, ce qui nous laisse bien plus de temps pour l’histologie.

Comment vois-tu l’avenir de la spécialité, ses nouvelles technologies et pratiques ?

Mes mentors pourront en dire un peu plus, mais déjà en presque cinq ans, j’ai vu les techniques apparaître, évoluer, puis remplacer notre façon de poser le diagnostic. Au début, nous nous basions surtout sur la morphologie, qui compte encore beaucoup aujourd’hui, je parle de ce temps que je n’ai pas connu bien sûr, puis il y a eu les colorations, puis l’immuno-histochimie, qui est encore bien ancrée dans notre quotidien, et aujourd’hui, en plein essor, la biologie moléculaire, que l’on retrouve presque dans toutes les spécialités avec l’ère de la « mutation ». Tout cela bien sûr est dans le but de pouvoir proposer au patient un traitement bien plus adapté au profil moléculaire de sa tumeur. Je ne m’aventurerai pas sur les nouvelles technologies bien plus sophistiquées les unes que les autres. Mais il y a de l’avenir dans cette belle spécialité qu’est l’anapath et qui ne cesse d’évoluer, toujours dans le but du malade.
Bien sûr cela impacte notre pratique, avec l’acquisition de machines complexes, des informations complémentaires à apporter à notre diagnostic. Cela complexifie notre travail, mais le rend plus complet, plus abouti. C’est ça la médecine aussi, toujours plus, toujours plus loin.

Pourquoi la spécialité est encore trop peu choisie par les internes ?

Tout d’abord, je pense que cette spécialité est trop peu abordée pendant l’externat. Seuls les étudiants qui auront été passionnés lors de leurs cours d’histologie sur les bancs de la fac montreront un intérêt pour l’anapath. Et puis, puisqu’on parle de l’externat, dans la plupart des facultés, les étudiants ne passent pas en stage dans les services d’anapath, c’est donc difficile de se faire une idée de l’activité quand on n’y est pas confronté ou très peu sensibilisé.
Concernant la discipline en elle-même, elle est bien différente de tout ce qu’on vit lors de nos stages en tant qu’externe. La prise en charge des patients d’un point de vue clinique, avec sa prise en charge thérapeutique, et leur suivi au quotidien. C’est tout simplement la mise en application de ce qu’on apprend entre la quatrième et la sixième année de médecine.
Lorsqu’il faut choisir sa spécialité après le passage des ECN, j’imagine que le choix est plus difficile lorsqu’il s’agit de se lancer dans une spécialité où on doit tout recommencer de zéro, tout en mettant de côté une partie de ce qu’on a appris pendant l’externat. Adieu le contact avec le patient, adieu la thérapeutique. Et puis, soyons honnêtes, il s’agit d’une spécialité où il n’y a absolument pas de reconnaissance, ni des patients (ils ne savent même pas qu’on existe) ni des professionnels de santé qui ne comprennent pas toujours très bien notre activité. Et puis,il y a une vraie méconnaissance des opportunités avec cette spécialité. On ne connaît que le côté « public », mais on peut aussi exercer cette activité « en libéral » ou bien même faire de la recherche.

Comment faire pour faire mieux ?
Pour tenter d’attirer de nouveaux internes, il faudrait sensibiliser un peu plus les étudiants entre la deuxième et la sixième année de médecine. A Clermont-Ferrand par exemple, certaines troisièmes années passent une semaine entière (juste le matin) dans le service. Ce qui leur permet de comprendre un peu mieux notre rôle dans la chaîne du « soin » du patient. Je mets les guillemets, car, nous ne faisons plus de soin en anapath, mais du diagnostic, indispensable aux soins malgré tout.
De plus, il faudrait proposer aux externes en fin de cursus de pouvoir venir faire un stage plus long, à la journée, dans nos services pour vivre l’activité au quotidien, découvrir à la fois notre activité de macroscopie, mais aussi participer à nos séances de lecture de lames, et à nos staffs. Car non, l’anapath ne vit pas seul, enfermé dans son bureau, derrière son microscope, à ne parler à personne, ça lui arrive d’échanger avec d’autres spécialistes, et c’est ça aussi qui fait la richesse de notre métier. Je pense qu’il faut changer l’image qu’on a encore de l’anapath d’antan, un peu autiste ! La génération 3.0 est en marche.

Un avis sur la mise en place de la R3C ?

Je ne suis pas la mieux placée pour en parler puisque je fais partie de l’ancien régime et je suis sur la fin du cursus, mais j’ai l’impression que c’est une bonne chose. Elle oblige nos chefs à se pencher un peu plus sur l’avenir professionnel de leurs internes dès le début de leur internat, mais aussi, à les encadrer dans la formation, aussi bien pratique que théorique. Et puis, cette nouvelle ressource de cours nationaux sur la plateforme SIDES NG, c’est une mine d’or pour les internes, anciens comme nouveaux. Il y a encore quelques petites choses à améliorer, mais c’est en cours.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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