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« J’étais terrifiée de faire des erreurs de diagnostic » Marina Carrère d’Encausse

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Elève brillante, elle laisse tomber Maths Sup au bout de 15 jours pour des études de médecine qui la passionnent. Rapidement, elle découvre qu’elle n’est pas faite pour l’exercice médical. Avouant une confiance en elle « qui frôle le sol », elle embrasse la carrière journalistique, en commençant dans la presse écrite. Avant de connaître une notoriété remarquable au « Magazine de la Santé », qu’elle co-anime depuis près de 20 ans ! Le secret d’une telle longévité ? Ne jamais regarder ses émissions et réaliser tous les matins sa chance de faire de la FMC avec ses invités.
Bio express
-  1977 : elle décroche son Bac à l’âge de 16 ans
-  1989 : après quelques années à exercer l’échographie, Marina Carrère d’Encausse commence une nouvelle carrière dans la presse écrite (« Santé Magazine », « Le Quotidien du médecin », « Femme Actuelle »…)
-  1998 : elle devient co-présentatrice du « Journal de la Santé »
-  2004 : nommée directrice de la rédaction, elle continue à co-animer le « Magazine de la Santé », toujours avec Michel Cymes.
-  2008 : elle co-anime « Enquête de santé » sur France 5, une fois par mois en direct. La prochaine aura lieu le 29 novembre à 20h45 « Sel : alerte dans nos assiettes ».

-Qu’est ce qui vous a donné envie de faire médecine ?

Lorsque j’avais une dizaine d’années, je lisais beaucoup de livres de A.J. Cronin, un auteur écossais qui racontait beaucoup d’histoires médicales dans des contextes difficiles, chez les mineurs par exemple [il fut médecin des pauvres en milieu industriel au Pays de Galle, avant de s’installer à Londres, ndlr]. A ce moment là, j’ai su que je voulais être médecin. Mais pas médecin de campagne. Je voulais découvrir le vaccin contre le cancer, c’était vraiment mon but ! Puis, ça m’est passé… J’ai eu mon Bac tôt, et comme j’étais bonne en maths, je me suis inscrite un peu comme tout le monde en Maths Sup. Comme j’avais aussi beaucoup de copains qui s’inscrivaient en médecine, j’ai fait comme eux. Au bout de 15 jours, j’ai arrêté Maths Sup et j’ai atterri en médecine en me disant « je verrais bien si j’ai le concours ». Je l’ai eu du premier coup.

-Quels sont vos meilleurs souvenirs d’étudiante ?

-  J’ai vraiment adoré les études de médecine, sauf la première année, où il y a beaucoup de sciences et de bachotage, en vue de la sélection… Ensuite, toutes les matières m’ont intéressée et je continue à être passionnée depuis par les progrès médicaux. Néanmoins, j’ai eu beaucoup de mal avec l’hématologie et l’endocrinologie. Apprendre par exemple toutes les formes différentes de leucémie, j’ai trouvé cela très rébarbatif. Et cela ne s’est pas trop arrangé avec les années… Il y a peu, j’ai découvert grâce à notre chroniqueur du « Journal de la Santé » que j’avais besoin qu’on m’explique l’endocrinologie comme à un téléspectateur, pas comme un futur médecin…

-  Pourquoi le choix de l’échographie ? Où avez-vous exercé et combien de temps ?

-  J’ai fait ce choix pour des raisons assez privées, lorsque j’ai rencontré mon futur mari, qui faisait lui-même de l’imagerie. L’autre raison, c’est que j’ai eu un grave accident de voiture en 6ème année et qu’au moment du choix de stage, quelqu’un a choisi l’échographie pour moi, car j’étais à l’hôpital. Lorsque j’ai pu remarcher, j’ai rejoint ce stage, qui m’a beaucoup intéressée. En parallèle, j’ai passé deux autres diplômes (santé publique et réparation des dommages corporels) et j’ai été experte pendant quelques années. Ensuite, j’ai pratiqué l’échographie générale à l’hôpital (Corentin-Celton à Issy-les-Moulineaux) et en dispensaire. Mais rapidement, j’ai senti que je n’étais pas faite pour l’exercice médical. J’étais terrifiée de faire des erreurs de diagnostic, de passer à côté de quelque chose d’important. Ca devenait invivable car je ne me sentais jamais à la hauteur et faisais contrôler toutes mes échographies…Très rapidement, je me suis dit qu’il fallait que je trouve une autre façon d’exercer la médecine.

-Etiez-vous déjà attirée par le journalisme lorsque vous avez choisi médecine ?
Racontez-nous comment s’est passée votre entrée et votre évolution dans les médias ?

-  En fait, je n’ai pas choisi grand-chose. Après mon accident, le journal « Santé Magazine » est venu me demander d’écrire un article sur mon accident. Une thérapie un peu violente mais assez efficace… Après ça, la rédaction m’a proposé de travailler pour elle ; en parallèle, je suis allée demander du travail au « Quotidien du Médecin », car je voulais apprendre à écrire aussi pour les médecins. Cette idée d’écrire, je l’avais depuis l’un de mes stages d’internat au Comité Français d’éducation pour la santé (CEPS), dans leur journal « La santé de l’homme ». Je m’étais dit que c’était aussi une bonne façon de faire de la médecine.

-Comment évoluez-vous ensuite dans les médias ?

-  J’ai travaillé une bonne dizaine d’années en presse magazine. Ca me plaisait beaucoup et en parallèle, j’ai continué à me former en lisant la presse médicale. Surtout, je n’étais plus en contact direct avec les malades, ce qui me rassurait beaucoup pour eux (rires)…. TF1 m’a contactée pour savoir si je voulais expliquer la santé aux enfants dans l’émission « Disney Club ». J’ai fait des chroniques là-bas pendant un an ou deux et cela a été extrêmement formateur car, pour expliquer clairement aux enfants des concepts médicaux, il faut très bien les maîtriser. Ensuite, j’ai été chroniqueuse santé dans l’émission « Parole d’experts » sur France 3 en 1996. J’ai rencontré Michel Cymes lors d’un voyage de presse et il m’a demandé si je voulais travailler avec lui. C’était en 1998, il y a 25 ans !

-Aujourd’hui, au « Magazine de la Santé », comment faites-vous pour vous renouveler chaque jour et garder intact votre enthousiasme pour les sujets abordés ?

-  Cette émission est un cadeau ! Tous les médecins rêveraient de pouvoir continuer leur formation médicale continue comme nous. Tous les jours, nous recevons au moins un médecin, un chercheur, un patient, un auteur et tous nous racontent des choses très instructives. Se renouveler chaque jour, ce n’est pas compliqué, car la médecine évolue énormément : en 30 ans, on a vécu le sida, les progrès de l’imagerie, etc… De plus, lorsqu’on fait de l’information grand public, il y a 40 façons de traiter la même maladie. Nous avons souvent plus d’idées que de temps pour les traiter !

-  La carrière de médecin-journaliste fait rêver. Comment avez-vous concilié ces deux professions ? Et quels conseils donneriez-vous aux jeunes médecins qui souhaiteraient s’engager dans cette voie ?

-  Aujourd’hui, j’ai ma carte de presse et ma carte de médecin. J’ai toujours trouvé que c’était une façon très importante d’exercer la médecine, parce que nous sommes le lien, le traducteur, entre le médecin et le patient. Les téléspectateurs sont des patients ou des familles de patients, donc on retrouve ce colloque singulier de la consultation. Je pense que lorsqu’on veut faire de l’information médicale, il faut être ouvert aussi bien à la presse grand public que médicale, à la radio qu’à la télévision. Il ne faut pas avoir d’idée arrêtée sur un type de support. Par ailleurs, il ne faut pas se dire qu’on dure forcément dans ce métier, surtout dans la télévision. Une carrière de 20 ans, c’est un coup de chance de la vie, donc il ne faut pas trop compter là-dessus. On peut très bien faire de l’information un temps et redevenir médecin après. Pourquoi pas faire du reportage, aussi ? C’est très enrichissant de recueillir des témoignages de patients sur le terrain. Enfin, il ne faut pas hésiter à faire des stages en presse, radio ou télé pour voir si le métier nous plaît vraiment.

-  Plus généralement, au vu de tous les médecins que vous recevez sur votre plateau, quel regard portez-vous sur l’évolution de notre système de soins français ?

-  L’évolution n’est pas très bonne, avec la baisse du nombre de médecins et les déserts médicaux. Par ailleurs, la profession n’est plus tellement valorisée : aujourd’hui, les patients oublient d’annuler leurs rendez-vous. Les médecins ne sont vraiment plus des notables… Je continue néanmoins à penser que c’est le plus beau métier qui existe, surtout quand on voit à quel point les Français continuent à plébisciter leur médecin à eux. Mais il faut avoir conscience que ce n’est pas un métier de tout repos : aucun médecin ne travaille 35 heures, sauf dans de rares maisons de santé.

-Quels conseils donneriez-vous aux jeunes étudiants qui se lancent aujourd’hui dans le cursus médical et paramédical ?

-  Les jeunes médecins ne sont plus fous des gardes, des astreintes, et de tout ce qui faisait la médecine avant. Si je comprends que l’on veuille préserver sa vie de famille, je pense que cette nouvelle donne n’est pas toujours compatible avec toutes les spécialités. Le risque est de se confiner à une médecine un peu fonctionnarisée, qui me paraît moins intéressante. En revanche, s’orienter vers la recherche ou un exercice hospitalier, ce sont des pistes formidables. De plus, il y a de nombreuses nouvelles voies, qui n’existaient pas il y a 30 ans. Si je recommençais mes études aujourd’hui, je ferais de la médecine légale ou de la police scientifique. Surtout, il faut viser haut, même s’il y a peu d’élus. Le principal - et c’est ce que je me dis depuis 30 ans - c’est d’être heureux le matin d’aller travailler.

Propos recueillis par Sophie Cousin

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