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Ingénieur et trader, il arrête tout pour faire médecine

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Ingénieur diplômé de Centrale Paris, trader dans des plus prestigieuses banques américaines pendant quinze ans, Arnaud Droitcourt a tout arrêté pour faire médecine. Après un échec à l’oral de la passerelle, il réussit le concours d’entrée en médecine à la faculté de Turin. Il explique à Remede pourquoi le cursus médical italien en anglais, méconnu en France, peut être une très bonne solution pour les déçus de la Paces.

A 41 ans, Arnaud Droitcourt n’a pas froid aux yeux ni peur de l’avenir. Installé dans le confort des expats en Asie, ce responsable du trading action pour Merrill Lynch change de cap radicalement ! Celui qui a fait ses armes dans la fameuse prépa Ginette (le lycée privé Sainte Geneviève de Versailles qui forme les meilleurs étudiants scientifiques de France) et intégré Centrale Paris a en effet réalisé un brillant parcours professionnel dans la finance. Il devient trader pendant quatre ans à Paris pour le Crédit agricole puis douze ans à Hong-Kong, principalement pour Morgan Stanley et Merrill Lynch. Son mariage et la naissance de ses filles le poussent à voir la vie autrement et à réviser ses valeurs. Sa carrière dès lors n’est plus une fin en soi, mais une source de financement pour une seconde vie. La médecine le tente. Il a le désir d’apprendre et de se mettre au service de l ‘autre. « La décision n’a pas été aisée, trader et étudiant ce n’est ni la même vie ni la même rémunération … Mais j’ai eu la chance d’avoir une épouse prête à de nombreux sacrifices, comme celui de quitter son pays, Hong-Kong, pour me permettre de tenter l’aventure. Il m’aura fallu néanmoins un an pour réfléchir aux différentes alternatives avant de me décider complètement. » Un choix mûrement décidé et dont il se réjouit chaque jour.

Un échec à la passerelle
Pourtant, la déception a été vive lorsqu’il a été recalé à l’oral de la passerelle. « Ma seule réelle crainte était mon âge. Lorsque j’ai appris mon admissibilité à la commission de Lyon, j’étais encore à Hong-Kong. Mon second appel téléphonique (après celui à mes parents) a été pour la société de déménagement. Au regard de mon profil, je pensais que si j’étais admissible, l’admission ne serait qu’une formalité … En fait cela ne s’est pas vraiment passé comme cela ! » La passerelle, un sujet qui le fait sortir de ses gongs tout comme celui de la réforme de la Paces et qui le pousse à témoigner dans les colonnes de Remede. « Les modalités de candidatures à la passerelle sont extrêmement simples et les forums de www.remede.org sont LA source de réponses à toutes les questions sur ce sujet. Cependant, il faut effectuer certaines démarches avant de candidater. Trop sûr de moi, ce n’est qu’après mon échec que j’ai rencontré de nombreux doyens afin de mieux comprendre le « but de la passerelle. » Avant de se lancer, il faut comprendre ce processus d’admission qui frustre de nombreuses personnes. « La passerelle n’est pas un moyen d’augmenter le nombre de médecins [il suffirait d’augmenter le numerus clausus]. Mais c’est une possibilité pour l’univers médical (faculté, hôpital…) de « recruter » des éléments complémentaires qui peuvent avoir un impact positif. » Reste à définir la notion d’impact positif. « Pour Paris 5 ou 6, positif ce sera un candidat qui va « déchirer » à l’ECN (donc si vous sortez juste de l’X ou d’ULM et que vous avez envie de faire médecine, pas d’hésitation c’est P5 ou P6). À Grenoble, on va rechercher de jeunes ingénieurs des écoles d’informatique de la région qui faciliteront par la suite le lien entre l’hôpital et tous les centres de recherches… Tout cela reste de la théorie. Vous avez également des doyens qui sont contre la passerelle, des doyens de pharma qui bloquent systématiquement les pharmaciens fraîchement diplômés qui veulent repasser en médecine, les commissions qui excluent les candidats avec 2 Paces au compteur… Certaines commissions jouent plus le jeu que d’autres (il suffit d’ailleurs de regarder les ratios d’admissibles/admis par rapport aux nombres de places allouées). L’élément le plus important dans le processus passerelle est donc d’essayer de choisir la commission qui saura apprécier votre profil. Mais dans tous les cas, ce que redoutent le plus les jurys, c’est de sélectionner un candidat qui abandonnera au bout de quelques mois, d’où les nombreuses questions sur le financement, la motivation, les expériences dans le monde médical … », regrette-t-il.

Etudes de médecine en anglais en Italie
Néanmoins, il reconnaît être tombé sur un jury qui jouait vraiment le jeu avec quasiment toutes les places allouées pourvues. Avec recul, il estime ne pas avoir réussi à convaincre le jury de sa réelle motivation. « Comment en huit minutes expliquer un changement radical de carrière ? Ce n’est pas encore entré dans l’esprit français, c’en est presque suspect alors que c’est beaucoup plus courant dans les pays anglo-saxons. » Peu prévoyant, il rate l’inscription en Paces et s’apprête à retourner en Asie quand il apprend par hasard l’existence des études de médecine en Anglais en Italie. L’admission est basée uniquement sur le résultat d’un test d’entrée (IMAT) qui se déroule partout dans le monde en même temps.
Aujourd’hui, il en sourit : « 60 questions en 100 minutes (20 de logique et compréhension, 20 de biologie, 10 de chimie et 10 de maths + physique). En assumant 0 en biologie (car je n’avais pas fait de biologie depuis mon BAC C en 1994). Est-ce que j’ai une chance ? C’est possible mais cela sera difficile. Résultat : 293/7000 avec 0 en biologie comme prévu. Donc, premier tour et premier choix : Turin. » Depuis septembre 2017, il est en première année à Turin-San Luigi. « Nous sommes 100 dans la promotion (70 Européens, majoritairement Italiens, et 30 non-Européens). Des professeurs renommés qui répondent à vos emails à toute heure et dont le seul but est le succès des étudiants et le succès du programme en anglais. Ici, pas de bachotage inutile car le concours était à l’entrée. Donc les étudiants s’entraident en permanence… On ne voit pas de prépas privées en face de la fac… » De quoi donner envie aux recalés de la Paces de se tourner vers cette alternative dont on ne parle quasiment jamais.
Toutes les grandes universités italiennes ont désormais un cursus en anglais pour la médecine (Rome, Milan, Bologne, Turin, Pavia…). Les étudiants sont traités exactement comme les étudiants italiens des autres disciplines de l’université concernant l’accès aux bourses d’étude, les frais de scolarité.

Des horizons dégagés
Pour autant, Arnaud ne dénigre pas les études médicales en France et la formation dont il reconnaît l’excellence. « La seule raison valable d’étudier à l’étranger n’est donc pas tant la formation en elle-même mais plutôt les débouchés offerts une fois les études terminées. C’est dans cette mesure que l’anglais est un réel avantage. Les salaires des médecins dans les pays anglo-saxons sont des multiples de ceux de leurs homologues français et que dire de la recherche ? » Il ne sait d’ailleurs pas s’il reviendra en France, ni quelle spécialité envisager. Tout ce qu’il sait, c’est que sa formation en anglais lui ouvre toutes les portes. Il pourra passer les ECN en France tout comme choisir encore une nouvelle voie.

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  • Anne Marie DE RUBIANA
  • Rédactrice en chef de Remede.org
  • amderubiana@remede.org
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