Seules 4 facultés obtiennent un score supérieure à 10 points, sur un maximum de 36 points : Tours (la seule à décrocher 20 points) , Lyon-Est (15 points), Nice (14) et Toulouse-Rangueil (14). Suivent Lille (10), Nantes (10), Paris 11 et Paris Sud (10), Rennes (10).
Quels sont les indicateurs évalués ? L’adoption de la charte Ethique et déontologie (confère notre précédent article), sa diffusion, la présence d’une commission de déontologie et d’un référent à l’intégrité scientifique, la déclaration du cumul d’activités des enseignants et membres de la direction, la transparence des financements, la mention des DCI en lieu et place des noms de médicaments, etc…
Et la méthodologie ? un questionnaire complet sur ces indicateurs envoyé aux organisations étudiantes et aux doyens. Le Formindep indique avoir reçu une cinquantaine de retours de la part des représentants des étudiants et une quinzaine des enseignants.
L’année précédente, pour la première édition, la faculté de Lyon Est arrivait en tête, avec un score de 5 points, sur un maximum possible de 26, puis Angers (4 points), et 7 établissements ex aequo, avec chacun 1 point : Aix-Marseille, Lyon Sud, Paris Descartes, Paris Diderot, Rennes 1, Strasbourg et Toulouse Purpan.
A l’époque, 28 facultés n’avaient pris aucune mesure pour se prémunir contre les conflits d’intérêts éventuels avec l’industrie du médicament et n’obtenaient aucun point.
Des progrès
« Le changement notable depuis la mise en place de ce classement est la signature de la Charte Ethique et déontologie* en novembre 2017 dans une grande majorité de facultés de médecine : une trentaine sur 37 l’ont signée », explique Paul Scheffer, coordinateur de l’étude, le flou sur ces chiffres s’expliquant par l’absence de retour du questionnaire de la part de 5 facultés sur 37, dont on ne sait pas si elles sont effectivement signataires ou non.
Des initiatives très intéressantes ont vu le jour ici et là, ce qui ne pourra que créer une « saine émulation », espère le coordinateur de l’étude. « Les enseignements sur les conflits d’intérêt et les postes de référents à l’intégrité scientifique » progressent un peu partout, en premier, second et troisième cycle de médecine générale.
La DCI est assez bien utilisée : une fac sur 3 obtient la note maximale et une fac sur 3 la note intermédiaire. A Bordeaux, une formation intitulée FACRIPP* (Formation à l’analyse critique de la promotion pharmaceutique) est citée en modèle par Paul Scheffer. Par ailleurs, les facultés de Lyon-Est et Toulouse Rangueil sont citées comme références en tant que seules facultés de médecine ne recevant aucun financement de l’industrie pharmaceutique, pas même pour la taxe d’apprentissage. Tours est citée en exemple pour sa plate-forme sur laquelle sont publiés les éventuels liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique de tous les enseignants. « Tours est très active. Là-bas, le doyen a rappelé aux internes qu’ils n’étaient pas obligés de participer aux staffs hospitaliers organisés par l’industrie pharmaceutique, comme prévu dans la charte », souligne Paul Scheffer.
Mais beaucoup reste à faire
Une seule fac obtient plus que la moyenne (Tours), 7 facs ont entre 10 et 15 et les autres moins. La commission de déontologie censée faire appliquer la charte a été créée dans seulement une fac sur trois et le poste de référent à l’intégrité scientifique dans seulement une fac sur 4. Au moins 2 facs ont refusé la charte : Montpellier, Poitiers et peut-être Marseille, mais un doute subsiste. Par ailleurs, les organisations étudiantes ont fait remonter l’information selon laquelle dans différents conseils de faculté, le vote de la charte était réalisé dans un but de gain d’image et non de changement de pratiques et de mentalités en profondeur.
L’exemple américain
A l’origine, ce classement du Formindep s’inspire d’un palmarès établi chaque année par l’Association américaine des étudiants en médecine, en accès libre dans la revue PLOS ONE, sous le titre Conflict-of-Interest Policies at French Medical Schools : Starting from the Bottom.
« Ces résultats montrent, sans surprise, que la situation française n’est pas brillante. Mais celle des États-Unis, lors du premier classement réalisé en 2007, ne l’était pas beaucoup plus. Or, des changements significatifs se sont produits outre-Atlantique en moins d’une décennie. La majorité des universités américaines se sont hissées en haut du tableau. Et selon plusieurs études, les étudiants qui en sortent prescrivent différemment, d’une façon moins orientée par le marketing des firmes et plus favorable aux patients », souligne Paul Scheffer.