Sur 30 000 internes en médecine, 10% ont participé à l’enquête menée par l’ISNI. Les femmes ont répondu massivement (75%) contrairement aux hommes. Ce chiffre à lui seul traduirait-il une réalité banale : les femmes sont les premières victimes du sexisme alors qu’elles deviennent majoritaires dans les amphis et dans les services.
De la vanne graveleuse de carabin à l’assaut marqué au bloc, le sexisme s’immisce insidieusement dans les rapports étudiants, enseignants, patients. Car tout le problème est bien de définir ce qui relève du sexisme ordinaire, de l’esprit carabin diront certains « pontes » et ce qui est caractéristique de violence mentale ou physique ou encore de harcèlement sexuel. Et si seul le harcèlement sexuel est défini pénalement, bon nombre de comportements dépassant la ligne rouge ne sont ni sanctionnés par la loi ni par la morale de certains. D’après le code pénal, « Le harcèlement sexuel se caractérise par le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». Mais là encore, l’interprétation des mots et des maux n’aura pas le même écho entre les protagonistes. Comme en témoignent les diatribes qui ont fusé lors de la récente polémique sur les salles de garde. Si la jeune génération de nouveaux arrivés en Paces ne semble pas concernée par le sujet et qualifie même le débat sur le sexisme comme un hors sujet, il n’en demeure pas moins que les externes et internes subissent encore des « comportements déplacés » comme l’ont bien montré les témoignages effarants recueillis par Valérie Auslender (Omerta à l’hôpital. Editions Michalon – 2017) ou encore « Paye ta blouse » le blog de deux étudiantes en médecine qui a provoqué un raz de marée sur les réseaux sociaux.
Le mérite de l’enquête ISNI est de pointer les conséquences néfastes (stress, anxiété) du sexisme sur la santé mentale des étudiants et de souligner qu’il contribue à rendre l’accès aux postes à haute responsabilité plus difficile pour les femmes. En effet, certaines d’entre elles auraient tendance à s’autocensurer à force d’entendre que « la chir, les urgences, ce n’est pas pour les femmes, les mères de famille etc..).
Que révèlent les chiffres de l’enquête ?
8,6 % affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel et une fois sur deux l’auteur est un médecin ou supérieur hiérarchique. Il n’y quasiment jamais de plainte déposée.
Les propositions de l’ISNI
La lutte contre le harcèlement sexuel implique une politique de sensibilisation à ces agissements dans le milieu hospitalier. Un outil informatique anonyme de signalement et un numéro d’appel national de signalement devraient permettre de mettre en place des mesures coercitives. Il faut également que les victimes puissent être accompagnées gratuitement dans leurs démarches juridiques.
L’ISNI propose également pour lutter contre le sexisme de « permettre un accompagnement pour la maternité et la paternité sans influence sur la carrière professionnelle », de permettre l’accès aux carrières hospitalo-universitaires sans aucune discrimination.