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Fanny Tousssaint (Anesf). Réforme de la Paces, un premier bilan catastrophique

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Alors qu’un rapport sur la santé mentale des étudiants en santé vient de sortir. Fanny Toussaint, présidente de l’Association nationale des étudiants sages-femmes, décrit les conditions difficiles dans lesquelles étudient les étudiants et étudiantes sages-femmes. La réforme de la Paces qui n’est pour l’instant pas une réussite vient renforcer le mal-être des jeunes étudiants en santé. En témoigne un autre rapport. Entretien.

Comme les internes en médecine, les étudiantes et étudiants sages-femmes se plaignent-ils de maltraitance à l’hôpital ?
Nous avons réalisé une enquête bien-être en 2018. Les résultats ont été assez inquiétants. Par exemple, 7 étudiants et étudiantes SF sur 10 ont des symptômes dépressifs. Deux tiers ont un sentiment de maltraitance pendant leur cursus. Depuis 2018, très peu de mesures ont été prises par le gouvernement malgré les alertes des représentants étudiants. Certes, quelques groupes de travail ont été constitués, mais de manière générale les ambiances de travail restent très mal vécues. Le Centre national d’appui a aussi été créé, mais ne dispose pas encore d’identité juridique, ce qui ne permet pas d’utiliser les fonds qui lui sont attribués. Au final, la santé mentale des étudiants en santé n’a pas pu évoluer via ce dispositif.

Qu’est-ce que le Centre national d’appui ?
Cette mission avait été donnée au Dr Donata Marra qui avait réalisé une thèse sur la santé mentale des étudiants en santé. Suite à un travail d’interview approfondi réalisé alors avec toutes les fédérations des étudiants, des projets de santé mentale devaient être mis en place. Une enquête sur la mobilisation des étudiants en santé pendant la crise épidémique a été aussi réalisée (confère rapport). Or les étudiants en santé ont réellement besoin d’avoir accès à une aide psychologique sur le territoire. Mais nous ne disposons pas de suffisamment d’ETP de psychologues dans les universités. Les dispositifs existants sont très mal connus en raison d’un manque de communication. Sur le terrain, malgré les annonces, rien n’est mis en place localement : résultats, des étudiants arrêtent leurs études, font des dépressions, se suicident. Or nous sommes confrontés à côtoyer la mort et à vivre des expériences très difficiles. Ce qui rend indispensable l’accès aux psychologues pour notre profession.

La profession souffre-t-elle d’un manque de reconnaissance ?
Le manque de reconnaissance peut rendre les conditions d’exercice très difficile. Sur ce sujet, une enquête chez les sages-femmes lancée par notre société savante, le Collège national des sages-femmes, a mis en évidence un nombre important de burn-out chez les sages-femmes dues à leurs conditions d’exercice.

Quelles sont vos revendications pour améliorer vos conditions de travail ?
Nous revendiquons un statut de maître de stage des universités pour nous accueillir : une personne formée à la pédagogie serait à même d’encadrer les étudiants pendant leur stage, avec du temps dédié. Car les professionnels qui nous encadrent n’ont pas forcément le temps de s’occuper de nous. Du coup, nous sommes considérées comme des petites mains, plus que comme des étudiants à former.

Quid de vos relations avec les médecins ?
Nous côtoyons bien sûr des gynécologues ou des pédiatres, mais nous ne sommes pas encadrés par des médecins. En effet, nous sommes souvent en stage dans les blocs obstétriques, parfois en suites de couches ou en consultation, donc dans des services gérés par des sages-femmes.

Combien d’étudiants SF rentrent sur le marché chaque année ?
Environ 1 000 étudiants SF sortent diplômés chaque année (1 000 par année d’étude de SF sur 5 années de formation). Cela ne couvre pas les besoins des hôpitaux qui ont beaucoup de difficultés à recruter. Car la qualité de vie à l’hôpital est très mauvaise. Pis, de plus en plus d’étudiants SF s’installent en libéral. En Guadeloupe, il manquait tellement de SF qu’une mission humanitaire a dû être envoyée sur place.

Quelle possibilité avez-vous de vous surspécialiser ?
Suite à un diplôme d’État de sage-femme, nous sommes en mesure de faire des DIU de médecine fœtale, échographie, gynécologie, rééducation périnéale. Mais aussi dans la recherche, nous avons accès à un master de santé publique, puis à un doctorat de santé publique, ce qui nous donne de la possibilité de faire de la recherche en maïeutique au Conseil national de maïeutique. C’est une vraie perspective dans notre profession car on y trouve peu de recherche en physiologie. Ces connaissances, nous en pourtant aurions besoin en tant que praticiennes notamment dans la plus-value d’un geste au quotidien.

Quid à moyen terme de la formation des futur(e)s sages-femmes ?
Nous sommes plutôt optimistes. Car notre formation évolue dans le bon sens. Nous avons beaucoup plus accès à la recherche et nous acquérons de nouvelles compétences. Toutefois, nous sommes encore en manque de reconnaissance, avec des rémunérations insuffisantes et une maltraitance quotidienne à l’hôpital. En témoigne au Ségur de la santé, nous avons été revalorisées à hauteur des professionnels non médicaux alors que nous sommes une profession médicale. Bref, notre champ de compétences s’ouvre de plus en plus et les patientes viennent en nombre réaliser leur suivi gynécologique chez une sage-femme et pas chez une gynécologue.

Quelles sont les rémunérations respectives d’une sage-femme qui commence sa carrière et celle qui la termine ?
À l’hôpital, une sage-femme perçoit en début de carrière 2000 euros et de 2 500 à 3 000 euros en fin de carrière. L’ONSSF, le syndicat majoritaire des sages-femmes, a d’ores et déjà retravaillé les grilles salariales et sur la révision des décrets de périnatalité demandant un nombre plus important de sages-femmes en service afin d’assurer un suivi de meilleure qualité.

Quelles préconisations suggèrent les deux rapports qui viennent d’être publiés ?
Nous avons sorti un rapport sur la réforme des études de santé et un autre sur la santé mentale des étudiants en santé. Ce deuxième rapport est issu de positions communes avec les autres filières de santé (médecine, pharmacie, odontologie, kinésithérapie).

Quel est le bilan du rapport sur la réforme des études de santé ?
Elle devait déboucher sur une sélection à la fois moins forte et plus pertinente, avec moins de bachotage, de QCM et moins de par cœur. Or le premier bilan est assez catastrophique car la plupart des universités ont mis en place une Paces avec un nom différent et un programme presque identique et toujours aussi surchargé. Cela a eu un impact sur la santé mentale des étudiants qui ont eu peu d’informations sur les modalités du concours. Ces derniers ne savent toujours pas comment vont se passer les oraux et sur quels critères ils vont être établis.

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  • Arnaud Janin
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