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Élisa : « certains collègues de promo ne connaissaient même pas la spé »

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Elle fait partie des 3 premiers à avoir choisi une spé encore trop méconnue, la biologie médicale. Après s’est intéressée plusieurs spécialités et avec le désir de s’éloigner de la clinique, elle a choisi la biologie médicale. Une spécialité d’avenir qui ne compte plus les innovations. Elisa nous explique son choix.

Comment s’est passée ta scolarité ?
J’ai toujours été bonne élève, mais pas parmi les meilleurs. J’ai fait un bac scientifique qui s’est bien passé, bien que j’avais tendance à laisser toutes mes révisions à la dernière minute.
La première Paces cependant a été compliquée. Je n’étais pas assez organisée et malgré un temps de travail très important je n’étais pas très efficace. J’ai doublé la Paces et la deuxième fut la bonne. Après avoir trouvé mon « système de travail », je me sentais beaucoup plus à l’aise et j’ai donc fait un très bon classement. Pendant tout le reste de la fac, je travaillais régulièrement. Mais comme pour beaucoup d’étudiants, avec la quantité d’informations à apprendre, j’avançais très lentement et je me sentais souvent dépassée.
La D4 a été assez difficile pour moi avec beaucoup de stress, je n’avais jamais l’impression d’être au niveau de tous les autres. Finalement j’ai fini 3499 aux ECN et j’étais assez satisfaite. Malgré une pointe de déception, nous sommes tout de même formatés à la compétition.

Pourquoi avoir voulu faire médecine ?
Honnêtement je ne dirais pas que c’était une « vocation » pour moi, c’était un choix parmi plusieurs : prépas scientifiques, écoles d’ingénieurs, même fac d’anglais à un moment donné… J’ai fini par choisir la médecine en me disant que la SVT au lycée était la matière où j’étais le plus à l’aise, et également pour aider les gens et faire un métier où je me sentirais utile. L’idée d’avoir des débouchés sûrs après les études était aussi un point important pour moi.

Quel a été ton meilleur et ton pire moment en stage ?
Question difficile, mais je dirais que mon meilleur moment était en stage de neurologie, dans le service des neuropathies périphériques. C’était un item compliqué dans les livres et le début de stage était rude. Mais un jour, en fin de stage j’ai fait l’entrée d’un patient qui présentait un syndrome de Guillain-Barré sur morsure de poisson exotique et j’ai fait l’entrée, le diagnostic et les examens complémentaires toute seule : c’était très satisfaisant. J’ai également appelé le centre de toxicovigilance pour récupérer des informations sur le poisson et sur la conduite à tenir dans ces cas-là. J’ai aimé me retrouver devant un cas assez rare et réussir à démêler tout ça, et également la coopération entre les différents acteurs : neurologues, radiologues, toxicologue…
Quant au pire moment, sûrement toutes les fois où on m’a envoyée au bloc opératoire… Notamment une garde de gynéco-obstétrique, je n’y étais jamais passée en stage et je me suis retrouvée à assister un médecin et une interne pendant plusieurs césariennes au cours de la nuit. Je ne connaissais pas du tout les instruments de bloc, je ralentissais tout le monde et le stress de l’urgence ne facilitait pas les choses. Je me sentais vraiment inutile et je n’ai pas appris grand-chose de cette garde, personne n’était très pédagogue.

Pourquoi avoir choisi la spécialité biologie médicale ? Avais-tu hésité avec d’autres spés ?
Pour moi ce fut un choix très tardif. Je n’ai jamais vraiment su quelle spécialité je voulais faire. J’ai pensé à la cancérologie, l’infectiologie, la médecine générale, l’anapath, la génétique… des spécialités très variées.
Le problème étant que j’aimais souvent les spécialités dans les livres, mais que quand je faisais un stage dans les services concernés, je déchantais souvent. Je me suis rendu compte en D4 que la clinique n’était pas ma partie préférée de la médecine, je préférais le côté plus « théorique » et malheureusement je n’ai jamais été vraiment à l’aise avec les patients malades, le fait de ne jamais vraiment pouvoir répondre à toutes leurs questions et surtout la partie annonce de diagnostic grave qui me faisait très peur. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas faire cancérologie, bien que c’était le module que j’avais préféré pendant l’externat : la physiopathologie m’avait vraiment plu.
Ensuite j’ai beaucoup hésité entre génétique, anapath et biologie médicale. J’ai assisté à des consultations de génétique l’été après le concours et j’ai beaucoup aimé. Mais c’est une spécialité clinico-biologique et toujours, la clinique me faisait peur, même si je me rends bien compte que c’est aussi un aspect très gratifiant de la médecine.
En me renseignant sur la biologie médicale, je me suis rendu compte que c’était la plus transversale de toutes avec des débouchés possibles en génétique, en hématologie, en bactério/parasito/viro, en biologie de la reproduction. Il y a aussi la recherche qui me plaisait, très accessible dans cette spé. Finalement j’ai donc porté mon choix sur la biologie, sans avoir fait aucun stage dans ce domaine, un choix assez risqué, je l’admets.
Je dois dire aussi que la D4 n’a pas été de tout repos pour moi. J’ai décidé que je ne voulais pas faire une spécialité qui me prendrait chaque seconde de mon temps. J’aime la médecine, mais je ne veux pas que ce soit toute ma vie. J’ai donc aussi regardé les temps de travail des internes de chaque spé et je les ai pris en compte dans mes choix. Je pense que c’est important, on nous formate à penser médecine, vivre en médecine, mais il en va souvent de la santé mentale des étudiants, internes et même médecins. Il est aussi important de prendre soin de soi.

Comment ton entourage a-t-il reçu le choix de ta spécialité ?
Mes collègues de promo étaient très étonnés pour la plupart, certains ne connaissaient même pas la spé. Beaucoup m’ont demandé pourquoi je choisissais cela, si j’avais fait des stages là-dedans. Mais ce n’étaient pas de mauvaises réactions, sauf une fois où un PU-PH a été un peu condescendant avec mon choix et m’a sorti : « la médecine c’est avant tout les patients, sinon c’est de l’administratif ». Il est bien connu qu’il existe « un seul type de médecine et une seule façon de l’exercer », sinon ça ne serait pas drôle.
Mes amis et ma famille eux m’ont dit que ça me correspondait bien et que ça leur paraissait être un bon choix, aucune réaction négative.

A-t-on essayé de t’en dissuader ?
Non, quand même pas !

Pourquoi est-ce une spécialité d’avenir ?
Une grande partie des diagnostics se fait grâce à la biologie médicale, c’est donc une spécialité clé dans la prise en charge. De plus maintenant on peut suivre une maladie de très près, suivre son évolution, suivre l’efficacité d’un traitement.
Les techniques progressent sans cesse, de nouveaux automates sont installés régulièrement. Conséquence, le biologiste doit se former sans cesse, mais c’est stimulant. Par exemple, il y a trois ans, pour faire une formule sanguine (décrire les différentes proportions de globules blancs dans le sang), il fallait lire une lame au microscope et compter chaque cellule une par une. Maintenant, il existe des automates qui le font rapidement par variation d’impédance, et d’autres automates qui peuvent nous sortir l’aspect de chaque cellule sur un logiciel pour qu’on les classe sur l’ordinateur, ce qui est plus rapide. Bien sûr, quand un échantillon nous paraît anormal, on a toujours la possibilité d’aller chercher la lame et de la relire au microscope, on peut ainsi lire toutes les cellules de la lame et avoir une meilleure qualité d’image.
Il y a aussi dans cette spé la génétique et la biologie moléculaire qui sont fascinantes. >Il reste beaucoup de choses à découvrir et ces spécialités permettront de faire de la médecine prédictive, avant même que n’apparaissent les maladies. Il faudra quand même faire attention aux dérives qui peuvent survenir de ces pratiques sur le plan éthique.

Comment convaincre les futurs internes à choisir cette spécialité ?
D’abord je dirais augmenter le nombre de stages d’externe dans cette spécialité. Dans mon CHU il y avait un seul stage de biologie médicale, et ouvert depuis très peu de temps aux externes. Donc, très peu d’entre nous ont pu y passer. Peut-être aussi expliquer dans nos cours le rôle du biologiste, les différents domaines d’exercice, très peu les connaissent ; alors que les différents examens qui sont faits au labo sont pour beaucoup présents dans nos livres, mais on ne sait pas vraiment qui les fait et comment.
Pour les intéressés, c’est toujours bien de demander de passer au labo pour avoir une vision de la spé, par exemple l’été avant les choix. Bien sûr je comprends totalement que beaucoup d’étudiants préfèrent faire des spécialités au contact du patient, et c’est sûr qu’il ne vaut mieux pas choisir cette spécialité dans ce cas. Mais pour ceux pour qui ce n’est pas primordial, la biologie médicale est une spécialité très enrichissante sur le plan intellectuel et extrêmement variée.

Comment se passent tes premiers pas d’interne ?
Je commence par un stage au labo d’hématologie et ce n’est pas vraiment facile. J’ai énormément de choses à apprendre, si ce n’est rien que sur l’organisation du labo et les rôles des techniciens. L’hémato est très riche : ça va du diagnostic des tumeurs sanguines au diagnostic de paludisme, en passant par l’hémostase et toutes les maladies constitutionnelles ou acquises de la coagulation, comme l’hémophilie par exemple. Mais chaque jour j’apprends des choses et pour l’instant je ne regrette pas mon choix de spécialité. L’ambiance est également très bonne en général dans les laboratoires et ça change de beaucoup de services cliniques.
On ne fait pas nos premières gardes tout de suite, car on a une période de formation, ce qui nous permet de rentrer doucement dans le bain. Ma première garde est donc en janvier et j’avoue que je suis assez anxieuse. Mais j’ai également hâte de me confronter seule aux situations, avec bien sûr un biologiste d’astreinte à appeler si besoin.
Pour conclure, je pense qu’il faut bien réfléchir et se renseigner avant de choisir cette spécialité, et s’attendre à être un à être perdu au début, étant donné qu’on nous apprend très peu tout ça pendant l’externat, mais pour moi c’est une super spé.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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